[Bundesliga] Stuttgart : silence ça pousse

En mai 2019, au terme d’un match de barrage, Stuttgart retrouve la Bundesliga 2. Son adversaire, l’Union Berlin, monte alors en Bundesliga et y restera jusqu’à se hisser à l’actuelle 8e place. Tout en redescendant d’un niveau, Stuttgart va se reconstruire et faire progresser une équipe qui, aujourd’hui, ravie les fans du beau jeu. Ce soir, le club du sud-ouest de l’Allemagne affronte le Borussia Mönchengladbach en Coupe d’Allemagne, dans un duel séduisant.

La reconstruction

Stuttgart est un (éternel) habitué des montées-descentes entre Bundesliga et Bundesliga 2. En 2017-18, le club pointe à la 7e place de l’élite allemande. Promu un an plus tôt, Michael Reschke, ancien directeur sportif du Bayer Leverkusen et du Bayern Munich, fait de grands changements à l’intersaison. Durant un mercato estival 2018 catastrophique, il signe des joueurs comme Pablo Maffeo, Nicólas González, Borna Sosa et Daniel Didavi. Et à l’époque, aucun n’apporte de plus-value à l’équipe. L’équipe est dirigée par trois coachs différents en une saison, avant de prendre tous ensemble le chemin vers la Bundesliga 2.

Entre deux défaites, Thomas Hitzelsberger est nommé directeur général des sports en février 2019. Le club enchaîne alors 3 matches à domicile sans défaite et un nul honorable contre Hoffenheim. Le nouveau DG déclare alors : «Ces dernières semaines, nous avons trouvé une structure et un style qui nous ont donnés une certaine stabilité.» Mais la suite est encore plus belle. Le 11 avril 2019, alors que Stuttgart court vers la 2e division allemande, Sven Mislintat devient directeur sportif. Il est l’homme qui a construit l’effectif de Jürgen Klopp entre 2010 et 2012, en ramenant à Dortmund Lewandowski, Hummels, Kagawa, Pulisic, Dembélé, Aubameyang et Guerreiro. Résultat : 2 titres de champions de Bundesliga et une Coupe d’Allemagne pour le BVB.

On ne sait pas ce qu’il se passera pour Stuttgart, mais à ce moment-là, dans son malheur de la descente, l’équipe peut compter sur un directeur sportif de renom. Elle peut compter sur lui et 60 millions d’euros. Descente oblige, le club brade ses meilleurs éléments. Ozan Kabak part à Schalke pour 15M€ (et vient depuis de signer à Liverpool), Timo Baumgartl au PSV pour 10M€ et… Benjamin Pavard au Bayern, pour 35 M€. Une somme énorme pour un club qui avait investi des sommes conséquentes l’été passé. Avec ces 60 millions d’euros, Sven Mislintat va se faire des amis. Une défense frêle, un milieu de terrain vieillissant et une attaque qui ne plante pas. Autant vous dire qu’il a du boulot. À l’été 2019, c’est pas moins de 15 nouveaux joueurs qui débarquent au club, dont 10 ont moins de 23 ans. Objectif rajeunissement accompli. 

La toute jeune équipe fait des premiers pas compliqués en D2, avant que Pellegrino Matarazzo ne devienne l’entraineur en décembre 2019. Toujours en poste aujourd’hui, le disciple de Nagelsmann a permis au club de retrouver directement la Bundesliga, un an après l’avoir quittée.

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L’équipe est actuellement 10e de Bundesliga, avec une équipe très jeune, d’une moyenne d’âge de 24,2 ans. Des jeunes malgré tout bien encadrés par des références à leur poste. À l’image de Gonzalo Castro qui fêtait son 400e match de Bundesliga vendredi dernier. Un grand ménage efficace, donc, puisqu’il ne reste que 10 joueurs de la saison 2018-19 et que l’équipe 2020-21 est remplie de cracks. Mislintat espérait transférer certains de ses joueurs mais avec la crise économique qu’engendre le Covid, certains clubs pourraient se raviser. Un mal pour un bien pour une équipe qui gagnerait donc en expérience tous ensemble et pouvant sans doute rêver plus grand.

Un jeu attrayant

«Stuttgart a beaucoup de puissance dans son jeu, et ils peuvent avoir aussi beaucoup de punch !» Ce sont les mots de Lucien Favre, juste avant de jouer le club de Bade le 10 décembre 2020. À la fin du match, Die Roten s’impose 5-1 au Signal Iduna Park et auront la tête du coach suisse. 

Le jeu que propose Matarazzo est sans conteste l’un des plus beaux de Bundesliga (et peut-être même d’Europe). En 3-4-2-1 ou en 3-5-2 selon l’adversaire du jour, Stuttgart joue avec deux pistons hyper-actifs, qui montent très très haut quand il faut, mais savent aussi défendre. Avec chacun un rôle bien précis : Wamangituka est LE buteur de Stuttgart malgré son poste et Borna Sosa, formé au poste de latéral gauche, joue davantage le rôle défensif. Une équipe déséquilibrée sur le papier donc, mais avec un jeu de transition tellement impeccable qu’il est rare qu’elle se retrouve dépassée sur repli défensif.

Au milieu on retrouve un duo belgo-japonais : Mangala et Endo. Ils ont une faculté à jouer face au jeu assez déconcertante. Le premier cité est d’ailleurs l’une des révélations de cette saison en Allemagne.

Le Japonais joue plus bas devant la défense, tandis que le numéro 23 remonte facilement balle au pied, avec une facilité à distribuer des caviars entre les lignes. Et à dribbler : il est le 4e meilleur dribbleur de Bundesliga derrière Sancho, Cunha et Bailey. Selon le système, Gonzalo Castro se joint à eux dans un milieu à 5 ou derrière l’attaquant, en compagnie de Nicolas Gonzalez ou l’autre Argentin du groupe : Mateo Klimowicz.

Devant, le numéro 9 attitré est Sasa Kalajdzic, qui ne joue pourtant pas tous les matches titulaires et alterne avec les deux Argentins. Mais Matarazzo, adepte du jeu en triangle, se procure énormément d’occasions, grâce à ses transitions offensives rapides. Ce qui ne laisse pas forcément au numéro 9 toutes les taches du buteur. Sasa Kalajdzic se retrouve donc autant passeur (4 passes décisives) que buteurs (6 buts). 

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Le jeu de Matarazzo est ambitieux, mais il a les moyens de ses ambitions. Avec de jeunes joueurs pour certains encore en post-formation, qui apprennent la rigueur allemande et le jeu extrêmement offensif. L’entraineur américain se permet d’ailleurs de varier fréquemment de système, pour s’adapter à l’équipe adverse ou à l’état de forme de ses troupes. Ils ont récemment affronté les plus gros cadors de la Bundesliga en 4-3-3, sans grand succès. L’explosivité des joueurs de couloirs ont manqué dans les attaques de Stuttgart. Mais la rigueur défensive primait sans doute pour le jeune tacticien de 43 ans. 

Même si Stuttgart ne jouera pas les places européennes cette saison, le maintien en Bundesliga est déjà quasiment assuré. Se placer 10e avec de telles prétentions dans le jeu n’est pas sans rappeler une équipe de la pointe du Finistère Nord. Mais les Allemands doivent eux encore progresser pour enchainer à domicile. Vendredi dernier, le club empochait contre Mayence sa première victoire à domicile (2-0). Enfin.

La French Touch

Parmi les hommes forts de ce nouveau Stuttgart, on retrouve deux noms peu connus dans l’hexagone, mais qui pourtant sont des cracks made in France : Silas Wamangituka et Tanguy Coulibaly. Le premier est arrivé à Stuttgart contre 8 millions d’euros à 19 ans, en provenance du Paris FC. Le second est arrivé des U19 du PSG gratuitement à 18 ans. 

Tanguy Coulibaly, «the dribbling king» selon la presse allemande, est un ailier gauche très technique et l’un des meilleurs dribbleurs de Bundesliga (64 % de dribbles réussis). Encore jeune, il n’est titulaire qu’une fois sur deux mais fait partie des jeunes qui ont la confiance de Mislintat. Il rentre souvent en fin de match, afin de dynamiter une défense adverse éreintée et exposer sa palette technique. Le titi parisien qui aime jouer le long de la ligne de touche était également de la partie pour le carton à Dortmund, où il inscrit un but dembélesque. Il est aussi le seul buteur de Stuttgart contre le Bayern de Munich.

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Wamangituka, arrivé lui aussi en juillet 2019, est l’actuel meilleur buteur de Stuttgart. 12 buts et 3 passes décisives cette saison, il est l’homme fort de cette équipe. Puissant ailier droit, il fait lui aussi partie de cette bande de dribbleurs, Stuttgart étant la 3e équipe européenne avec le plus de dribbles par match. Vendredi contre Mayence, le Congolais a mis un but splendide après avoir remonté tout le terrain, avec un petit crochet dans la surface avant de marquer.

D’autres Français sont aussi dans l’équipe : Ahamada Naouirou, prêté par Juve mais qui enchaîne les matchs avec l’équipe réserve. Et Momo Cisse, formé au Havre, qui s’est blessé à la 2e journée de championnat et n’est pas revenu dans l’équipe première depuis. Mais les deux joueurs sont nés en 2002 et ont donc tout leur temps pour s’imposer en Bundesliga.

Crédit photo : Icon Sport

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