La 3ème dimension de Raheem Sterling

Passé d’espoir à gros crack, Sterling entre dans la troisième étape de sa carrière : celle d’un joueur de très haut niveau. A seulement 24 ans, l’Anglais suit la route qu’il était censé mener, malgré quelques arrêts au stand.

Une question a été posée à Xavi, concernant le successeur de Messi et Cristiano Ronaldo au sommet de la hiérarchie du football mondial. Sa réponse est sans équivoque : « Vous pensez toujours à Neymar, Mbappé, Salah et bien sûr, Sterling. De ce que je vois en ce moment, Sterling prend de l’avance sur tout le monde ». Si l’œil avisé de l’Espagnol s’est penché à ce point sur Sterling, c’est que l’Anglais est entré dans une nouvelle dimension. Celle des stars du ballon rond.

Un talent qui grimpe, encore et toujours

Dès ses débuts, le joueur de 24 ans était une bombe à retardement. Elle a explosé. Désigné joueur de l’année de la Premier League 2018/2019 par les journalistes, Raheem Sterling n’en finit plus de porter Manchester City vers les sommets nationaux. Malgré des débuts compliqués avec les skyblues, l’ailier a cravaché, a travaillé pour étoffer son jeu et devenir un attaquant redoutable et redouté. Sa panoplie de joueur s’est complétée au fur et à mesure. A la vitesse et à sa capacité d’élimination en un contre un, Raheem Sterling a ajouté un sens du but et des déplacements intelligents à sa collection. Sur le côté gauche de l’attaque de Manchester City ou de l’Angleterre, il est devenu un danger permanent pour les défenses. La preuve en est par les chiffres, Sterling s’est mué en buteur depuis deux saisons.

Sa transformation est le fruit d’une évolution naturelle, certes. Mais Sterling la doit également à l’exigence de Guardiola. Arrivé en 2016, un an après le prodige anglais, l’ancien coach de Barcelone aime s’appuyer sur ses ailiers pour être décisif. Il a donc tout de suite offert au natif de Kingston, en Jamaïque, un rôle prépondérant dans son attaque. « Un manager comme lui tire le meilleur de vous car il s’assure de vous donner des explications quand vous faites une erreur », a déclaré Sterling à propos de son coach. Ce dernier ne tarit pas d’éloges non plus quand il s’agit d’évoquer son poulain : « Il a des qualités spéciales de régularité, physiques et de finition. Quand il est dans une bonne position, je suis maintenant surpris s’il ne marque pas ». Pour arriver à ce niveau, Sterling peut donc compter sur le perfectionnisme indéfectible de son coach, même après une victoire en FA Cup.

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Des débuts en forme de montagnes russes

Et celle-ci est bienvenue. Car dès ses premiers pas sur un terrain de football avec l’équipe première de Liverpool, Raheem Sterling a crevé l’écran. Rapide et dribbleur, il fait ses débuts à 17 ans, maillot des Reds sur le dos. La même année, il est convoqué avec l’équipe d’Angleterre. Le début de carrière de l’Anglais est semblable à un conte de fées. Il va pourtant connaître quelques turbulences. Après s’être imposé dans le 11 de Liverpool, ce qui lui vaut le titre de Golden Boy 2014, il perd l’amour de ses supporters en refusant de prolonger son contrat avec le club qui l’a lancé. A l’été 2015, il part chez un rival, Manchester City, contre plus de 62 millions d’euros. Sous la pression d’un énorme transfert polémique, il a du mal à s’imposer à ses débuts et ne se fait pas que des amis outre-Manche.

Le « Hated One », son surnom donné par la presse anglaise, a vécu son lot de polémiques. Sifflé sur tous les terrains de Premier League suite à son transfert, le plus cher de l’histoire pour un Anglais à l’époque, Raheem Sterling a sans cesse défié ses détracteurs. Dernièrement, il s’est attiré les foudres de journaux et d’associations à la suite de son tatouage sur le mollet, représentant une arme à feu. Pourtant, celui-ci à une connotation symbolique lié à son père, assassiné lorsque Sterling n’avait que deux ans.

Avant d’être un homme de base du système Southgate et d’être le fer de lance du renouveau de la sélection d’Angleterre, l’attaquant citizen a pris son temps avant de passer la seconde avec les « Three Lions ». Après la désillusion de la Coupe du Monde 2014, il n’arrive pas à porter sa sélection à l’Euro 2016 (sortie en 8ème de finale par l’Islande). Mais Sterling évolue. Plus de trois après son dernier but avec l’Angleterre, il marque un doublé contre l’Espagne, le 15 octobre 2018. Sur sa lancée, il inscrira son premier triplé en sélection, en mars dernier, contre la République Tchèque. Un symbole du changement de dimension du jeune international (53 sélections, 10 buts).

Impliqué dans des sujets sociétaux

A l’issue de ce triplé, Sterling a souhaité rendre hommage à Damary Dawkins, un jeune fan anglais décédé des suites d’une leucémie. En plus de devenir l’un des footballeurs les plus respectés, Raheem Sterling est devenu une voix qui compte sur la planète football. Il est l’un des porte-parole anti-racisme de ce sport. Tout a commencé lorsqu’il a critiqué le traitement de la presse lors de l’achat d’une maison de Tosin Adarabioyo, un jeune joueur de City. Ce dernier a été chargé par les tabloids anglais, tandis que dans le même temps, Phil Foden a été salué pour exactement la même action. Sterling a donc pris la défense du premier cité : « Vous avez là deux jeunes joueurs qui commencent leur carrière, qui jouent pour la même équipe. […] Ils achètent une maison pour leur mère, […] mais regardez comment les journaux traitent l’affaire, selon le jeune joueur noir ou le jeune joueur blanc. Je pense que c’est inacceptable », avait-il écrit sur Instagram.

Si Sterling n’hésiterait pas à attaquer Bonucci sur un terrain de football, il n’a pas hésité non plus à le faire sur les réseaux sociaux. Après que l’Italien a minimisé les insultes racistes qu’ont subi Moise Kean et Blaise Matuidi lors d’un match de Serie A, l’Anglais a été l’un des premiers à réagir. Il a ensuite encouragé les instances du football à agir, prétextant que « si plein de joueurs en parlent, ça changera peut-être quelque chose. Mais seul, je ne pourrai rien changer ». Lui-même a récemment été victime d’insultes racistes lors d’un match face au Monténégro. Sa réaction ? Un but et une célébration bien sentie, bien loin de la haine propagée dans le stade

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Outre ses qualités qui font de lui l’un des tous meilleurs footballeurs du monde actuellement, Raheem Sterling est également devenu un porte-drapeau de la tolérance dans le football. Une belle évolution pour un joueur destiné aux sommets, mais pour qui rien n’a été facile.

Photo crédits : Firo / Iconsport

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