Interview J. MacHardy, After RMC (2/2) : « Gallardo va devenir un très très grand entraineur »

Deuxième partie de l’interview exclusive du nouveau visage de l’After, Jonatan MacHardy. N’hésitez pas à (re)lire la première partie où Jonatan revient sur Rudi Garcia, sur Pep Genesio et sur son parcours professionnel.

Après les défaites de l’Argentine en finale de la Coupe du monde et de la Copa América, on a longtemps pointé du doigt Léo Messi. Est-ce que c’était mérité pour toi ?

La stature de Messi en Argentine est en train de changer, dans la mesure où depuis qu’il est revenu de sa vraie fausse retraite, il assume un peu mieux son rôle de leader. La manière dont il a pris la parole lors de l’affaire Lavezzi pour dire que les joueurs ne parleraient plus aux médias en est le reflet. On le sent un peu plus déterminé à devenir le patron de cette équipe. Après, dans les 3 finales qu’ils ont perdues, c’est pas forcément de sa faute, on le pointe du doigt parce que c’est le meilleur joueur du monde et qu’il n’a pas performé à son niveau habituel… Mais il faut aussi se demander : est-ce qu’il est le seul problème de ces maux dans la sélection ?

Tu fais bien de le dire, c’est quoi ton avis sur la situation à la fédération, l’AFA ? On sait que c’est la pagaille et qu’il y a eu un vrai impact sur le championnat argentin…

Le football argentin est en train de mourir malheureusement. La fin de « Futbol para todos » (programme qui visait à diffuser les matchs de première et deuxième division à la télévision gratuitement) leur a fait un mal abominable. De base, le programme « Futbol para todos » c’était une décision purement démagogique, mais maintenant que c’est terminé, ça met les clubs dans un situation très critique. Les clubs sont sous perfusion, c’est très inquiétant.

Tu as des idées pour espérer relancer la machine ?

Faire le ménage et mettre une personne neuve qui n’a pas d’interêt autre que de relancer le foot argentin. La solution serait de repartir de zéro, il faut nommer quelqu’un qui veut relancer le championnat et l’équipe nationale. Après il faut avouer que ce bordel ambiant fait un peu partie du charme du football argentin. Ce qui est grave, c’est que la fédération est sous tutelle. Il y a un risque que l’Argentine sois suspendue de toutes compétitions internationales. C’est bizarre ce que je vais dire, mais c’était tellement prévisible que ça arrive. Avec la mort de Grondona, il fallait que ça pète. On sait que c’était un mafieux, mais il maintenait la fédé dans un équilibre, malsain certes, mais un équilibre quand même. Je prétends pas avoir la solution miracle non plus, en revanche il faut du changement. Le plus réalisable et simple serait de mettre une commission de la FIFA qui serait chargée de surveiller les agissements au sein de la fédé

La gestion de Bauza fait énormément parler, c’est quoi ton avis là dessus ?

Le soucis avec Bauza, c’est que c’est quelqu’un qui a un style pas très sexy. C’est un style très défensif. Après comme entraineur, on peut pas lui enlever son palmarès, il gagne quand même deux Libertadores, avec San Lorenzo qui n’avait pas un effectif de malade et surtout avec la LDU Quito,  où c’était un vrai exploit.  On peut lui reprocher la manière dont il met en place ses équipes… Quand t’as une telle qualité de joueurs offensifs, un tel réservoir de talent, tu peux pas jouer avec des systèmes aussi frileux. C’est un choix qui a fait beaucoup parler en Argentine, parce que tu sais déjà à quoi t’attendre. Tu cherches l’efficacité maximale, tu fais une croix sur le spectacle mais est-ce qu’une équipe voire même un pays comme l’Argentine peut faire une croix sur le spectacle? Je ne pense pas. Il y a déjà eu un cycle avec Sabella (partisan du Bilardismo) où c’était pas la folie mais là c’était l’école Estudiantes donc ça passait sous silence, là avec Bauza tu pousses la chose encore plus loin.

Du côté de Lyon, on rêve ouvertement d’une arrivée de Marcelo Gallardo ; quel avis as-tu sur l’entraîneur de River Plate ? Tu penses qu’il peut nous faire une Simeone ?

Ce qu’il a fait dans sa carrière d’entraîneur, c’est remarquable. Il remporte un titre de champion avec le Nacional Montevideo pour sa première saison en tant qu’entraîneur, il arrive à River, il gagne la Libertadores, la Sudaméricana. Il a fait de son équipe un bulldozer qui roule sur tout le monde, avec un jeu chatoyant, plaisant à voir. Là il arrive en fin de cycle, ça se passe pas super bien, le jeu est moyen et il y a eu beaucoup de pertes, il faut le souligner (Vangioni, Balanta, Funes Mori, Kranevitter pour ne citer que eux). Il est assez mur pour venir en Europe, après c’est pas le style de Simeone, c’est l’opposé en termes de style. Il faudra qu’il s’adapte à une rigueur tactique plus importante, notamment au niveau défensif, mais ça deviendra un des très très bons entraîneurs dans les cinq années à venir. Après il faut voir si Lyon est un bon club pour lui, c’est une autre question.

Si tu pouvais comparer chaque collègue de RMC à des joueurs argentins, ça serait qui ?

Gilbert Bribois je dirais ça serait la force tranquille c’est lui qui gère tout, c’est cadré, c’est le Chef, dès qu’il est la tu le sens, comme Mascherano.
Daniel hargneux, dur sur l’homme mais intelligent et cultivé, un côté Gaby Heinze, ça lui fera plaisir.
Flo Gautreau c’est le calme ; surprenant, déroutant, super camarade, il ferait un bon Ezequiel Lavezzi.
Ali Benarbia, ça va lui faire plaisir, c’est Roman.
François Manardo, c’est le roublard, malin qui connaît tout le monde, c’est Veron.
Jerome Rothen, il serait pas argentin, il mérite pas un tel honneur, il a trop le boulard pour être comparé à un Argentin.

Tevez ou Riquelme ? Riquelme

Un match de l’Argentine qui t’a marqué ? Argentine – Serbie en 2006

Ton geste technique préféré ?   Tacle par derrière les deux pieds décollés

Le plus beau petit pont de Roman? C’est trop dur, tout ceux contre River

Marcelo Bielsa ou Carlos Bianchi ? Marcelo Bielsa

Le joueur que tu recruterais dans ton équipe si t’étais entraîneur ? Mascherano

Gabriel Batistuta ou Hernan Crespo ? Batistuta parce que Florence est une de mes villes préférées dans le monde

Le pire, perdre en finale de Copa America contre le Brésil ou contre River en Libertadores ? River, parce que la culture club est plus importante que la sélection

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Crédits photos : Mariano Sanchez / Anadolu Agency

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« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.»