Réputé comme le club vendeur par excellence avec son collègue de Porto, le Benfica a vu passer de nombreux joueurs à la trajectoire fulgurante. Et si le club portugais n’avait jamais été contraint de les laisser partir, à quoi ressemblerait son équipe aujourd’hui ?
Prenez un instant et imaginez. Grâce à un excellent plan économique et une optimisation sportive, le Portugal possède un championnat de football compétitif, au point de ravir la place de cinquième championnat européen à la France. Et au sein du petit pays de la péninsule ibérique se dégage un club, le Benfica Lisbonne. Les bons choix des dirigeants ont permis de bâtir une grande équipe, prétendante à la Ligue des champions. Ou si vous n’êtes pas romantique, imaginez qu’un investisseur du Golfe a sorti le chéquier. Quoi qu’il en soit, Benfica a bien recruté ces pépites que sont David Luiz, Nicolas Gaitan ou Angel Di Maria, entre autres. Cependant, ils ne sont jamais partis. Leur histoire s’est écrite à Lisbonne.
Nous sommes à l’été 2011. Dans la vraie vie, Di Maria a signé au Real Madrid il y a déjà un an pour 30M€. Mais ici, le Benfica s’est permis de refuser toute offre et ne craquera pas. Le Real se casse de nouveau les dents en échouant dans le transfert de Fábio Coentrão, tandis que David Luiz refuse de partir à Chelsea. La base d’une défense de fer. Les Aigles glanent les titres nationaux mais butent sur la scène européenne. Pas de panique, l’avenir est radieux.
Suite à sa victoire à la Coupe du monde avec l’Argentine et avant d’être sacré Ballon d’Or (il a fait un bien meilleur tournoi que Messi), Di Maria se réjouit de ses nouveaux coéquipiers. Jan Oblak ne signe pas à l’Atlético, Nemanja Matic ne prend pas l’avion pour Chelsea et Nicolas Gaitan est annoncé sur le départ comme tous les ans, en vain. Les choses se mettent en place, surtout lorsque le centre de formation fait son travail. En 2014-2015, un certain Bernardo Silva éclot et brille en Ligue des champions. Les Benfiquistes échouent en demi-finale face au FC Barcelone. La MSN était plus forte que la NBA (Nicolas-Bernardo-Angel), pour l’instant.
En 2015-2016, le SLB ridiculise le PSG d’Ibrahimovic, Cavani et Jean-Christophe Bahebeck (qui remplace Di Maria dans cet univers parallèle) en huitièmes de finale, 6-1 sur l’ensemble des deux matchs. A noter un golaço sur une frappe lointaine d’un prodige inconnu il y a encore 2 mois : Renato Sanches, qui n’ira jamais se perdre à l’étranger cette fois. Après avoir sorti le Bayern Munich en quarts puis Manchester City en demies, le Benfica défie de nouveau le Real Madrid. Seulement, Cristiano Ronaldo ne montre aucune pitié envers ses compatriotes et inscrit un doublé décisif, malgré la réduction du score de Gaitan.
L’année suivante, les Lisboètes sont à leur zénith. Gonçalo Guedes explose en attaque et développe un sens du but époustouflant, bien servi par ses coéquipiers de la NBA. En défense centrale, Victor Lindelöf devient l’ami de David Luiz. Enfin, Nélson Semedo s’impose à droite (car ce traître de Maxi Pereira a bien dégagé à Porto). Avec un dernier rempart comme Oblak, un entre-jeu alliant technique et puissance et la NBA derrière Guedes, les Aigles terrorisent l’Europe. Ils se payent la Juve en quarts (dont un 5-0 à domicile avec un triplé de Guedes et Buffon en PLS) et viennent à bout du Real en demies (2-2 après prolongations, David Luiz inscrit le tir au but décisif). En finale, c’est le Barça qui se présente.
Messi ouvre le score après 5 minutes, mais Bernardo Silva égalise rapidement à la suite d’une remise de Guedes sur un bon centre de Coentrão. Le Principality Stadium de Cardiff bouillonne devant l’intensité de ce début de match. Le score ne bouge pas avant la mi-temps. A l’heure de jeu, David Luiz fait du David Luiz et commet une grossière faute sur Neymar dans la surface. Messi s’élance… mais la main ferme d’Oblak repousse sa frappe croisée. A la 68ème minute, Di Maria combine en une-deux avec Bernardo Silva. Débordement de l’Argentin dont le centre est mal repoussé par Pique. Gaitan ne réfléchit pas et décoche une flèche en lucarne aux 20 mètres. 2-1. Dans le temps additionnel, Lindelöf réalisera un sauvetage sur sa ligne suite à une tête d’Umtiti. C’est terminé, le Benfica remporte la Ligue des champions. La logique récompense d’une patience à toute épreuve et d’une concentration de talent comme on en voit peu.
Remplaçants : Ederson, Ezequiel Garay, André Gomes, Axel Witsel, Enzo Pérez, Talisca, Mitroglou.
Dans la vraie vie, le Benfica est au fond du trou. Les départs ont eu lieu, ils n’ont pas été compensés, les résultats en coupe d’Europe se sont avérés cataclysmiques et Porto a récupéré le titre de champion, cinq ans après le dernier. Néanmoins, le club lisboète a l’œil pour repérer les stars de demain et sait leur offrir une structure idéale pour se développer. Un nouveau cycle pourrait démarrer cet été. Et si les vedettes de demain étaient déjà au Benfica aujourd’hui ? Au moins, dans l’équipe imaginaire, ils ne quitteront jamais le club.
Crédit photo : MIGUEL RIOPA / AFP