[Coupe du Monde] Pologne : Lewandowski, la tête au Mondial ?

Considéré comme favori de son groupe et outsider légitime de la compétition, la Pologne s’apprête à retrouver les joies d’une Coupe du Monde. La bande à Lewandowski, facilement sortie de son groupe de qualifications, arrive en Russie avec des intentions de jeu et des ambitions. Mais toute la mécanique du sélectionneur Adam Nawalka pourrait tomber à l’eau, la faute à son attaquant phare qui, pris dans la tempête du mercato, pourrait avoir la tête bien loin de Moscou.

Le footballeur professionnel de très haut niveau est un mec simple. A vrai dire, il n’a quasiment que quatre objectifs de carrière et de vie : décrocher des contrats max, marier une WAG docile et douce disposant d’une importante augmentation mammaire, gagner une Ligue des Champions et jouer (voire gagner) une Coupe du Monde.

Ah la Coupe du Monde … Ce trophée phallique doré, sa légende, ses merveilleux souvenirs et l’importance que revêt de représenter son peuple dans la compétition sportive la plus suivie au monde derrière les JO d’été. Normalement, rien ne doit passer avant ça. Pire, la possibilité de participer à cette compétition doit être appréhendée par l’ensemble des joueurs comme une chance unique, et mettre de côté les egos mal placés et les rancœurs conjoncturelles. Sauf quand il s’agit, pour un joueur, d’un moment charnière de sa carrière de club ?

Nous sommes désormais à quatre jours du début du Mondial et la fenêtre du mercato estival vient d’ouvrir ses portes. A ce titre, pléthore de joueurs voient leur avenir en suspens, le temps de la compétition, à la recherche d’un nouveau point de chute ou d’un nouveau challenge pour l’année prochaine. Et si ce futur incertain pouvait peser dans la tête d’un joueur à l’heure de défendre son pays dans la plus prestigieuse des compétitions footballistiques ? C’est sans doute ce que sont en train de se demander nos amis polonais, avec, dans un coin de leur tête, l’exemple actuel de leur génial buteur Robert Lewandowski.

Capitaine des Aigles Blancs, meilleur buteur de l’histoire de sa sélection depuis peu, le grand Robert traîne avec lui tous les espoirs polonais. Sans lui, et sans faire offense à ses coéquipiers, la Pologne ferait bien moins peur. Et pour cause. Meilleur buteur des éliminatoires de la zone Europe, avec 16 buts en 10 matchs, meilleur buteur de Bundesliga avec 29 réalisations (soit presque le double de son dauphin Nils Petersen), Lewandowski est dans la forme de sa vie. Il le sait, son agent aussi, et l’envie d’aller tutoyer les étoiles loin de Munich a petit à petit germé dans sa tête.

Depuis plus d’un an, Lewandowski agace par son comportement du côté du Bayern, lui qui avait reproché à ses coéquipiers leur manque de soutien alors qu’il était en course avec la Gazelle de Libreville pour le titre honorique de meilleur buteur. Cette saison, rebelote, alors qu’il était dans la course pour être Soulier d’Or européen. Lewandowski veut les buts, la lumière des buts, et l’argent des sponsors. Alors en février dernier, après avoir inscrit ses deux derniers buts en Ligue des Champions de la saison, Lewandowski change d’agent. Exit ses collaborateurs historiques, bonjour … PINI ZAHAVI EVIDEMMENT !

Son pacte avec le GOAT des agents marque un tournant dans la carrière de Lewy. Cet été sera son dernier en terre munichoise, il le sait, le club le sait, la planète football le sait. Et à ce titre là, forcément, tout ce ramdam trotte dans un coin de sa tête.

Au petit jeu du « qui déstabilisera le plus l’autre », le Bayern est en passe de gâcher l’été du polonais. D’abord, avec la ferme intention de ne pas brader son goleador, ensuite en multipliant les sorties médiatiques pour démentir des approches ou pour signaler au monde du football que Lewy, c’est cher, et que peu peuvent se le permettre. Le chiffre avancé par le board, 200 millions, a de quoi refroidir de nombreux clubs. En somme, qui outre les deux Manchester, le Real ou le PSG (si le FPF est sympa …) peut prétendre à récupérer la tige venue de Warszawa ? Personne.

Depuis plusieurs mois, outre le comportement, c’est le rendement de Robert qui est parfois remis en cause. Muet durant les cinq derniers matchs de Ligue des Champions de Munich, Lewandowski n’a pas porté le Bayern. Pire, ses deux mornes prestations contre le Real ont sans doute anéanti les chances de la bande d’Heynckes de défier Liverpool en finale de Ligue des Champions.

Et là, revient en tête son été 2016. Après avoir caracolé en tête des buteurs des éliminatoires pour l’Euro 2016, Lewy s’était montré plus que discret en poules puis en huitièmes de finale. Amputée de son buteur muet, la Pologne s’était hissée sans lui jusqu’en quarts, tombant aux TAB contre le Portugal malgré l’ouverture du score … de Lewandowski.

Cette année, dans un groupe composé du Sénégal, de la Colombie et du Japon, la Pologne a tiré l’un des groupes plus équilibrés et les plus ouverts. Surtout, la Pologne affrontera des nations qu’elle n’a pas l’habitude d’affronter, elle qui n’a pas senti l’odeur d’une Coupe du Monde depuis 2006. De quoi craindre le pire en cas de bégaiement offensif … Robert est prévenu, pour lui, comme pour toute sa nation, cette Coupe du Monde doit être la sienne. Mais de simples Boules Quies suffiront-elles à faire barrière aux sirènes du mercato ? Réponse dans un peu plus d’une semaine, contre le Sénégal.

 

Crédit photo : JANEK SKARZYNSKI / AFP

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