Coronavirus, la santé prime sur le football et sur la Ligue 1

Clap de fin pour la saison 2019-2020 dans l’Hexagone. Le championnat de France professionnel (Ligue 1 et Ligue 2) ne reprendra pas, suite à l’annonce du plan de déconfinement présenté par le Premier Ministre. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir mis en œuvre tous les moyens pour aller au bout de toutes les compétitions. Retour sur ce qu’il s’est dit lors de ces derniers jours. 

Le lobbying intense de l’UEFA

La confédération européenne a joué de toute son influence dans la gestion de la crise sanitaire du Covid-19. En multipliant les groupes de travail chargés d’établir un calendrier ainsi qu’un programme de reprise des compétitions, l’instance européenne a tenté de couper l’herbe sous le pied des pouvoirs politiques. Dans un premier temps, toutes les fédérations affiliées devaient s’engager à mener à leur terme les compétitions domestiques, afin de permettre l’attribution des places européennes. À cela s’ajoutait la volonté de l’UEFA d’organiser ses compétitions de clubs durant l’été. À l’heure actuelle, la question reste en suspens, aussi longtemps que la pratique collective d’activité physique est interdite au sein des pays européens. D’autant plus que l’évolution de la situation sanitaire reste imprévisible. Comment imaginer la reprise du sport durant l’été dans des pays comme l’Italie ou l’Espagne…

L’exemple hollandais

En fin de semaine dernière, la fédération néerlandaise de football a emboîté le pas de son gouvernement. Les mesures prises pour faire face à la pandémie impliquaient l’interdiction de toute manifestation publique, dont les rencontres sportives, jusqu’au 1er septembre. L’Eredivisie connait ainsi son épilogue, sans champion, sans relégation, mais en attribuant les places européennes. 

Cette décision courageuse, prise sous la contrainte de mesures d’ordre public, a interpellé sur l’ensemble du continent. Et si cette solution était la plus raisonnable ?

Calendrier chargé, turnover recommandé

L’ensemble de la presse a relayé lundi une proposition innovante dans les cartons du côté de la FIFA. Car si les terrains sont vides, les instances, elles, tournent à plein régime. Afin d’épargner les organismes face à une accumulation de matches en cas de reprise des compétitions, il a été suggéré que soient autorisés cinq changements, en lieu et place des trois actuellement en vigueur. Cette règle temporaire sera soumis aux débats lors de la prochaine réunion de l’International Board (IFAB).

L’idée peut sembler séduisante sur le papier, mais sa mise en œuvre laisse perplexe. Lors de rencontres à enjeu, on imagine mal un entraîneur se priver de ses meilleurs éléments, même s’ils jouent tous les trois jours.

Du côté de la LFP, protocole médical avorté

Réuni hier soir, le bureau du conseil d’Administration de la Ligue a multiplié les travaux en vue d’une reprise de la Ligue 1 mi-juin. Un protocole médical a même été dévoilé la semaine dernière, avec un retour espéré des joueurs à l’entrainement la semaine du 11 mai. Cette date devait coïncider avec le début du déconfinement, dont les modalités étaient encore inconnues. Le gouvernement a tranché. En l’état, la reprise de sports de contact n’est pas à l’ordre du jour. La priorité est ailleurs. L’ensemble de la planète est affecté par une pandémie, le bilan s’alourdissant de jour en jour. De nombreux pays ont compté leurs morts par milliers, voire dizaines de milliers.  Est-ce bien raisonnable de penser à retrouver les terrains, alors que le pire est peut-être à venir ?

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Les enjeux financiers au coeur des débats

L’aspect économique constituera l’un des volets de la crise du Covid-19. Cela ne fait aucun doute. Il oriente les procédures de déconfinement de nombreux pays soucieux de la sauvegarde de leur économie. En France, les clubs, ainsi que la Ligue de football professionnel, se sont inquiétés au sujet du versements des droits TV. Ces derniers, associés à la billetterie, constituent une part importante des revenus des clubs professionnels français. Un accord a été obtenu avec les diffuseurs pour un versement partiel des sommes restantes, mais l’interruption actée du championnat risque d’entraîner des réactions en chaîne, notamment du côté des sponsors. On peut imaginer une volonté de certains partenaires de réduire la note en raison de difficultés financières résultant de la crise sanitaire, voire une baisse des contributions lors du renouvellement des contrats.

Parce que le football n’est pas épargné

L’état de santé de Junior Sambia (MHSC) a secoué le football français lorsque ce dernier a été testé positif au Covid-19, puis placé en réanimation. Le vestiaire montpelliérain a été profondément marqué par cet épisode au point de s’interroger sur l’intérêt de poursuivre la compétition. Depuis, le joueur est sorti du coma artificiel et les nouvelles sont plutôt rassurantes, comme l’a confié le président Nicollin, à RMC, hier après-midi. Le football n’est pas isolé du reste de la société et cette crise sans précédent implique nécessairement des sacrifices. L’UNFP avait compris que les acteurs se dirigeaient dans une impasse et a été la première instance à réclamer l’arrêt de cette Ligue 1 2019-2020. Bien évidemment, la question de la survie économique des clubs fera l’objet de multiples débats d’ici la reprise. Priorité aux impératifs de santé publique. 

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Ainsi s’achève notre chère Ligue 1. On laissera le soin à la LFP de préciser les conséquences sportives (à priori, dès aujourd’hui ou demain). Il faudra vraisemblablement attendre le mois de septembre pour le retour de la Ligue des Talents. Après tout, le plus important, c’est la santé.

Crédit Photo : ©Icon Sport

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