[Interview] Le ballon de Ligue 1 : « Il y a du Benzema chez Gaëtan Charbonnier »

Il rythme les matches de chaque supporter en France, que ce soit un multiplex, un après-midi ensoleillé ou un dimanche hivernal. Elysia, ballon de la saison 2019-2020 de Ligue 1, nous a accordé un entretien exceptionnel, toujours dans le respect de la distanciation sociale. « Baptiste Reynet pourrait au moins laver ses gants », peste-t-il, un brin hypocondriaque. Nous n’avons donc pas pu tester notre médiocre talent balle au pied avec lui. Mais il s’est livré. Attention, tacles appuyés.

Ultimo Diez – Bonjour Elysia. Comment avez-vous vécu ces derniers mois, entre confinement et attente sur l’avenir de la saison ?

Elysia – Cela fait 3 mois que je n’ai plus touché le pied droit d’Houssem Aouar. Je ne vais pas vous mentir : il y a un manque. Comme tout le monde, j’ai limité mes sorties aux besoins vitaux. Gonflage, roulades dans le jardin… J’ai tout fait pour garder la forme. Puis la décision est tombée : la saison ne reprendra pas. Cela m’a fait un choc.

Un choc ? Pourquoi ?

Vous savez ce que cette décision implique ? Certains joueurs ne rejoueront peut-être plus en Ligue 1. Edinson Cavani a souvent été maladroit avec moi, mais ensemble, on a quand même marqué 138 buts ! 138… (Il marque une pause) J’aurais aimé dire adieu à certains joueurs. Souleymane Camara, par exemple. Tant que vous n’avez pas été poussé au fond des filets sur une pelouse boueuse à la Mosson un samedi soir, vous ne savez pas ce que c’est.

« Pour le ballon allemand, Benjamin Corgnet, c’est Eden Hazard »

La Ligue 1 est souvent critiquée en comparaison avec les autres grands championnats européens. Vous en parlez avec les ballons étrangers ?

On a un groupe WhatsApp, mais on évoque très peu le niveau de nos championnats respectifs. C’est surtout lorsqu’un joueur est transféré d’une ligue à une autre. On se donne des conseils. Avec tous ces Français qui explosent en Bundesliga, le ballon allemand me harcèle. Dès qu’un attaquant marque un but avec moi, il devient fou. Pour lui, Benjamin Corgnet, c’est Eden Hazard. Mais il n’a pas toujours tort. Je trouve qu’il y a du Benzema chez Gaëtan Charbonnier. Le ballon espagnol est sympa aussi. Il m’avait prévenu pour la patte droite de Dani Alves, et il avait raison.

Il vous avait aussi parlé de Jesé ?

Qui ?

Passons. Vous aimeriez évoluer dans une plus grande compétition un jour ?

(Il souffle) Écoutez, je suis très bien en Ligue 1. Si la Ligue des champions ou la Coupe du monde m’appelle un jour, je décrocherai, ne serait-ce que par courtoisie. Mais je le répète : je suis très bien en Ligue 1. Je le répétais à vos confrères de So Foot en janvier dernier, après Lyon-Bordeaux. Vous connaissez beaucoup de joueurs comme Joachim Andersen ? Combien de joueurs peuvent faire une si belle passe pour Jimmy Briand ? Et puis, la délicatesse de Jimmy derrière… (Il marque une pause et sourit) Ah Jimmy… Bref, vous comprenez ? J’adore la Ligue 1.

On imagine vos relations avec la Ligue des champions tendues. L’UEFA n’a pas été tendre envers la Ligue 1 et sa non-reprise…

Je n’ai rien à envier à l’UEFA. Elle peut dire ce qu’elle veut… Moi, je prends du plaisir sur les débordements de Julio Tavares à Gaston-Gérard. Mais il n’y a aucune animosité avec l’UEFA.

Les rumeurs disent que ses ballons ne vous apprécient pas beauc…

(Il coupe) J’ai appelé le ballon de la Ligue des champions. Je lui ai d’abord rappelé qu’il n’a jamais été un grand ballon. Il a été un bon ballon.

« On a dit que je n’étais qu’un ballon en mousse… »

En 2017, Neymar signe au Paris Saint-Germain et apporte un coup de projecteur sur le championnat. Vous en avez bénéficié ?

Ma vie a changé depuis le transfert de Neymar. Les sollicitations médiatiques, les paparazzis… On a essayé de me discréditer. On a dit que je n’étais qu’un ballon en mousse déguisé, que j’avais triché pour en arriver là. Mais je ne fais pas attention à ça. « Les vrais savent », comme disent les jeunes. J’ai commencé ma carrière en bas de l’échelle. Les Concarneau – Fréjus Saint-Raphaël en CFA, il fallait se les farcir.

A LIRE AUSSI – Instagram, terrain de jeu à l’heure du confinement

En terme de dribbleur, Neymar, ça vous fait quelque chose quand même, non ?

(Il hausse les sourcils) Oui enfin, vous savez, je connais Benjamin Bourigeaud.

Vous aidez les joueurs sur le terrain ?

Parfois, oui. Je leur souffle des astuces, leur donne le point faible d’un adversaire. J’essaye d’aider les joueurs en difficulté. Je suis donc le meilleur ami de Loïs Diony.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

Que ça roule, haha ! Plus sérieusement, j’espère qu’on reprendra le football dans des conditions normales. Je ne veux pas être désinfecté toutes les 10 minutes, c’est mauvais pour mon cuir. Et j’espère qu’il y aura des supporters. Je me sens pousser des ailes quand ils grondent sur une contre-attaque. (Il marque une pause, puis secoue la tête en souriant) Qu’est-ce que ça me manque de jouer…

Crédit photo : Icon Sport

0

J'aime beaucoup le foot. Et Marco Verratti. Surtout Marco Verratti.