Après tant de critiques, Didier Deschamps est devenu incontestablement le plus grand sélectionneur de l’histoire des Bleus. Hermétique au mécontentement de l’opinion et protecteur envers son groupe, DD pourrait très bien imiter Zidane avec le Real Madrid, en partant au sommet. Peut-il continuer à tirer le meilleur de cette génération ? Ou faut-il laisser place à un vent de fraîcheur ?
Il a acquis l’immortalité. En plus d’avoir décroché la deuxième étoile bleue, Didier Deschamps est devenu, lors de cette Coupe du monde, le sélectionneur ayant disputé le plus de match à la tête de l’équipe de France. Il était déjà celui au plus grand nombre de victoires (42) depuis un match contre la Bulgarie (1-0) en octobre 2017. Il est le seul homme à avoir été sacré avec l’EDF en tant que joueur et sélectionneur. Tant de raisons de l’ériger au sommet du football français. Cependant, Deschamps est désormais face à un choix : mourir en héros, ou vivre assez longtemps pour se voir lui-même devenir le méchant.
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Gagner après une Coupe du monde, un fait rarissime
Partons d’un constat simple : l’équipe de France repart du bas de l’échelle. C’est le principe du football : un titre ne vous offre aucun passe-droit et vous devez repasser par les phases qualificatives comme tous les autres. Les trois derniers champions du monde le savent bien. La question est donc la suivante : est-ce que Didier Deschamps peut tirer de nouveau l’équipe de France vers le haut et trouver l’inspiration pour la mener à de nouvelles victoires ?
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On a vu Zinédine Zidane quitter le Real Madrid après trois Ligue des champions consécutives, prétextant que son discours ne passait plus auprès du vestiaire et qu’il fallait passer à autre chose avant un échec inévitable. De surcroît, aucun coach d’une équipe nationale n’a réussi à cumuler une Coupe du monde avec un autre trophée, hormis Vicente Del Bosque avec l’Espagne. Une anomalie dans l’histoire qui s’explique par, non seulement une génération exceptionnelle mais aussi une culture du jeu bien orchestrée.
Avoir envie de gagner
Si le style des Bleus de Deschamps n’est pas aussi écrasant et ne provoque pas le même sentiment d’impuissance chez les adversaires, il s’est néanmoins avéré efficace et rassurant. Le problème tiendrait davantage du management et de la faim de victoires des Français. Nombreuses sont les équipes (et pas seulement dans le foot) qui avaient tout pour dominer des années durant, mais qui ont échoué à cause d’un manque de détermination, de concentration. Une lassitude qui s’installe discrètement, sans explication rationnelle.
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Voici donc le seul danger pour la France qui possède à la fois une équipe très jeune (26 ans de moyenne d’âge) et un réservoir de talents inépuisable. Si les Bleus ont envie de gagner, ils sont censés gagner. A condition d’avoir un bon manager/technico-tacticien à sa tête. Et au final… on ne voit absolument pas pourquoi Deschamps ne serait pas l’homme de la situation.
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— Agence France-Presse (@afpfr) July 15, 2018
Son autorité naturelle et sa capacité à créer l’unité semblent sans égal, sans parler de sa justesse tactique (il peut remercier Charaf) qui a contribué à éviter chaque piège au Mondial. Certes, Zidane connaît le code de triche pour gagner à chaque fois, mais, à moins que DD ressente une forme de fatigue ou d’usure, il n’a strictement aucune raison de démissionner. Son objectif : s’assurer que ces joueurs soient insatiables. Après tout, il était le capitaine du doublé Coupe du monde – Euro il y a 20 ans. Pourquoi ne pourrait-il pas mener une génération en or massif vers la réitération de l’exploit ?
L’esprit de compétitivité de l’équipe de France sera mis à rude épreuve lors des années à venir. Avec ses multiples lieutenants (Varane, Pogba, Griezmann, Mbappé…), le général Deschamps peut faire entrer ces Bleus dans le panthéon du football, voir dans celui du sport collectif. Ce ne sont pas les armes qui manquent. En attendant, on s’allongera sur l’herbe la nuit venue, à compter les étoiles.
Crédit photo : Sebnem Coskun / ANADOLU AGENCY / AFP