[Mercato] Mino Raiola Madness

« Je l’ai fait pour moi. J’aimais ça. J’étais bon dans ce domaine. J’étais en vie ! ».

Cette réplique de Walter White est le reflet de la vie de Mino Raiola. Délaisser les margarita et les 4 fromages pour devenir agent de joueurs a été la meilleure décision de sa vie. Le pizzaiolo se sent en vie quand il baratine les plus grands clubs avec sa tchatche et ses 7 langues apprises. Il est l’agent le plus dangereux du monde du foot, il est le danger même. Son attrait pour la controverse l’a amené à se traîner une réputation de malfrat mais la vérité est ailleurs. Carmine n’est pas un voyou, il veut juste que lui et sa famille (ses joueurs en l’occurrence) soient estimés et payés à leur juste valeur, tout ça dans un esprit très familial. Welcome to the Raiola Empire.

The Tonight Show Starring Mino Raiola

Quand on vient de la région de la Campanie, on naît avec une personnalité à part. Don Mino Raiola est le chef du foot business mais surtout un expert dans la négociation et la communication. L’argent et la célébrité pour ses joueurs sont ses motivations. Pour eux, il est capable d’aller très loin. L’agent sulfureux trouve un malin plaisir à inciter ses protégés à partir libres et à ne pas prolonger leurs contrats dans leurs clubs actuels. Pogba, Van der Wiel, Maxwell, Grygera et aujourd’hui Donnarumma ont décidé de ne pas prolonger leurs contrats sous l’influence de leur super agent. Laveur de cerveau, il explique à ses joueurs que l’herbe est toujours plus verte ailleurs et qu’ils gagneraient tous à partir. Mino n’est pas un passionné de football et n’a d’attaches avec personne dans le milieu, il est juste un businessman venu faire son affaire. Négocier avec lui est compliqué car on ne sait jamais à quoi s’attendre. Il n’hésite pas à crier à la presse où il se trouve et avec qui il négocie, ou à caser ses joueurs alors que son véritable objectif est ailleurs.

http://www.eurosport.fr/football/bundesliga/2016-2017/depuis-dortmund-raiola-annonce-que-balotelli-va-signer-au-bvb._sto6203134/story.shtm

L’italo-hollandais est un spécialiste de l’entertainment et met en place des plans machiavéliques pour que ses poulains monopolisent l’attention, comme ce fut le cas avec ses deux têtes de gondole Paul Pogba et Zlatan Ibrahimovic. Lors du même été, il a réussi deux coups qui resteront dans les annales. Il s’est occupé seul du transfert de l’international français de la Juventus à Manchester United. Au final, un transfert estimé à 154 millions d’euros avec 49 millions de commission pour sa pomme. Raiola avait envie que le transfert de Pogba provoque un séisme dans le milieu du foot, quelque chose qu’on avait jamais vu. Le départ de la Pioche aura tenu en haleine le monde de foot. La ressemblance avec The Decision de Lebron James est frappante. Même chose pour le Suédois : la signature de l’ancien Parisien sera un vrai feuilleton qui prendra fin avec son arrivée en fanfare à Manchester avec Mkhitaryan, autre joueur de Mino Raiola. En plus de signer des gros contrats chez les Red Devils, les deux superstars signent un bail énorme avec Adidas après des mois de teasing et de négociation. C’est la puissance de Carmine, attirer l’attention et négocier au prix fort.

Le fait que Raiola n’ait d’attaches avec personne dans le milieu et qu’il soit sans foi ni loi lui a valu énormément d’attaques et de mises en garde. Le monde du foot va jusqu’à le cataloguer comme un malfrat. Les malfaiteurs dans le foot existent, mais Raiola n’en est pas un. Les escrocs, ce sont Gigi Becali, Zdravko Mamic et autres qui sont capables de choses abominables pour un million de plus. Le pizzaiolo n’est pas de cette trempe, bien au contraire. Il est considéré comme un second père où frère pour certains joueurs de son écurie. Il n’hésite pas à traverser toute l’Europe pour consoler un Van der Wiel mis à la cave au PSG. Son cas référence reste celui de Balotelli. L’ancien attaquant de l’Inter a gambadé entre Milan et le nord de l’Angleterre sur les conseils de son agent. Voyant son joueur très attristé par ses expériences récentes, il laisse le choix à son poulain de signer du côté de l’OGC Nice et même de prolonger une année supplémentaire. Même chose avec Tony Vilhena : l’espoir néerlandais était censé quitter le Feyenoord libre. Fragilisé mentalement par le décès de sa mère, le jeune crack ne se sent pas prêt à faire le grand saut. Raiola qui s’occupe des droits du joueur depuis des années va négocier une prolongation de contrat avec le champion d’Eredivise alors que les discussions étaient terminées depuis plusieurs mois. L’argent ne fait pas tout, et l’Italien en a conscience.

Issu d’une famille modeste, les euros et l’apparence n’ont d’ailleurs aucune importance pour lui dans la vie de tout les jours. Quand il débarque au camp des Loges en claquettes et bermuda pour parler de Matuidi ou d’Ibrahimovic, les dirigeants ne bronchent pas car ils savent à qui ils ont affaire. La première fois que Zlatan a rencontré Mino, il l’avait tellement mis six pieds sous terre que le Suédois avouera avoir été impressionné par le tempérament de cet agent sulfureux. Raiola est l’agent d’hier, d’aujourd’hui et de demain, ce n’est pas pour rien que des familles laissent leur fils travailler avec lui dès le plus jeune âge (Justin Kluivert, Gianluigi Donnarumma, Tonny Vilhena pour ne citer qu’eux). Il est tout l’opposé de Jorge Mendès et sa transparence plaît au clan des joueurs. Sa manière de bosser est la même depuis 30 ans, « Je connais le business, tu es bon footballeur, laisse moi faire ». Ses méthodes ne sont plus à décrire,  on aime ou on déteste mais sa manière de faire fonctionne. Gianluigi Donnarumma l’a appris à ses dépends, devenant la nouvelle tête de turc du football mondial en grande partie à cause de son agent qui pour une fois, s’est peut-être trompé.

Et si le parrain s’était trompé avec Donnarumma ?

L’an dernier, Pogba et Ibrahimovic, cette fois-ci, Gianluigi Donnarumma. Le gardien de l’AC Milan, monopolise l’attention. Le cas du phénomène italien fait bondir le monde du football : comment a-t-on pu en arriver là ? Un jeune de 18 ans qui se fait insulter sur les réseaux sociaux par toute l’Italie, surtout les Rossoneri, alors qu’il était censé devenir la bandiera du club.

Alors qu’il est en fin de contrat l’été prochain, Donnarumma, sous l’influence de son agent, décide de mettre fin aux négociations concernant sa prolongation. Une décision que le board milanais a « acceptée » sans rechigner. Fassonne et Mirabelli, les hommes fort du Diavolo savaient très bien que cette décision allait faire l’effet d’un tremblement de terre chez les tifosi et le monde du foot. A tel point que des tifosi présents en République Tchèque pour l’Euro U21 vont envoyer des dollars sur la cage de Donnarumma pour se moquer du jeune Milanais.

Pour la première fois en 30 ans, Carmine a fait fausse route et s’est sûrement trompé. En stoppant les négociations avec Fassonne et Mirabelli, il a provoqué un malaise palpable entre lui, le joueur, la direction, les tifosi mais surtout la famille de Gigio. Donnarumma possède un entourage qui connaît tout les rouages du monde professionnel. A l’instar d’un Maxime Lopez, Gigio possède un grande frère qui est professionnel et qui plus est, a fait sa formation à Milan. Antonio Donnarumma le conseille énormément comme le reste de sa famille. Avoir un frère aîné dans le milieu professionnel permet au plus jeune de ne pas faire les mêmes erreurs. La fibre rossonera est présente dans toute la famille depuis toujours, cette décision a été un vrai choc dans le clan Donnarumma. Ne comprenant pas la décision de l’enfant chéri, la famille cherche des explications auprès de Gigio qui n’arrive pas à justifier un tel choix. Face à cet imbroglio monumental, le clan du joueur va prendre contact avec Mino Raiola pour avoir des explications. L’agent va envoyer son frère Enzo auprès du gardien pour essayer de l’apaiser et le rassurer concernant sa situation d’après les dires de l’agent.

La raison de cette non-prolongation n’est pas financière comme la plupart des gens le pensent. C’est mal connaître Raiola et Milan pour penser ainsi, le problème vient d’ailleurs. Le joueur via son agent cherche à avoir des garanties concernant le projet milanais et savoir qui sont ces actionnaires qui sont en train de dépenser plus de 200 millions sur le marché. Cette démarche est noble de la part de l’Al Capone de Campanie, il cherche juste à s’assurer que les actionnaires ne sont pas des escrocs qui n’investiront plus rien en cas d’échec à la fin de la saison 2017-2018. Donna demandait du temps aux dirigeants et de nouvelles discussions en novembre pour négocier. Une manière de gagner du temps et de voir la solidité du projet milanais avant de signer. En acceptant une telle demande, Milan serait l’otage du joueur qui pourrait très bien refuser l’offre de contrat et partir libre quand aujourd’hui, le club peut récupérer une trentaine de millions. On peut légitimement penser que c’est une excuse de la part de Raiola de justifier l’arrêt des négociations par l’absence de certitude dans le projet. Mais l’agent va se griller en demandant une clause de départ en cas d’une non-qualification en Ligue des Champions.

La communication de Raiola sur son poulain laisse à désirer. L’agent ne semble pas tout maîtriser et s’éparpille. Il n’hésitera pas à prendre possession du compte Twitter de Paul Pogba pour envoyer un tweet de soutien au gardien milanais, une manière de faire très déplacée, comme un ex cherchant à se rabibocher en passant par les IG d’amis en commun.

https://twitter.com/paulpogba/status/876750623861092352

L’assurance légendaire laisse place à un certain doute qui ne cesse de grandir. Donnarumma est le principal touché, et malgré le fait que Raiola avoue être le responsable de la rupture des négociations, le peuple veut la tête du numéro 99. A tel point que le monde du football demande au gardien de changer d’agent pour espérer un rebondissement dans l’affaire. Le binôme va répondre à sa manière aux détracteurs.

Il est impossible d’imaginer Donna avec un autre agent à court terme, on parle d’une coopération depuis des années. Raiola est comme un super grand frère pour Gigio, il ne gagnerait rien à se séparer de quelqu’un qui fait partie intégrante de sa famille.

Lorsqu’on essaye de prendre du recul sur la situation, chaque partie a ses tords. La vérité est que Raiola est un poison pour les passionnés de football mais un gage de confiance considérable pour les joueurs. Il est prêt à tout pour le bien de ses joueurs, quitte à aller au clash pour une garantie. Mino s’est brûlé en tentant un coup de poker comme il a pu en faire avec Pogba pour quitter Manchester United. A la différence de l’international français, Donnarumma compte déjà 72 matchs sous le maillot rossonero et a un avenir certain en tant que légende. Quitter une telle institution de la sorte est impossible surtout quand on y a été formé et que l’on a crié sur tous les toits son amour pour le club. L’issue finale devrait être la prolongation de Donnarumma, des excuses et un arrêt sur pénalty durant le derby.

Carmine « Mino » Raiola n’est pas un pourri, il gère le business à sa manière. Quand on est passionné, on déteste cela mais quand on est joueur, c’est un plaisir d’avoir un tel agent. 30 ans au top, ça se mérite et ça passe par des situations de la sorte. Ça n’aura pas empeché Nedved ou Bergkamp de faire carrière en l’ayant comme agent. Ni Marek Hamsik de se séparer de ses services après plusieurs saisons de coopération. Raiola est réglo avec les joueurs et les dirigeants. L’Italo-néerlandais a le mérite de prendre soin de tous ses joueurs, du plus célèbre au plus méconnu. La proximité avec ses joueurs est une preuve qu’il n’est pas le démon vendu par les médias ou supporters. Mino n’est pas prêt de quitter le business de l’empire…

Crédits photos : AFP PHOTO / VALERY HACHE

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« Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois.»