BBFP#1 – Carlos Lages (ex Porto) : « C’est impossible de déceler les qualités d’un joueur après une seule observation»

Alors que le mercato bat son plein, le premier épisode de la chronique, sera consacré au scouting, qui a fort belle réputation au Portugal.

Co-fondateur d’AJScouting, une entreprise de scouting au Portugal, Carlos Lages, ex-scout du FC Porto, du GD Chaves et du SC Braga, a évoqué pour nous son projet, le métier de scout et son importance dans le football.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

J’ai une licence d’Éducation Physique et Sportive avec une spécialisation en football. A la suite de cela, j’ai passé un master en enseignement d’Éducation Physique. J’ai également effectué une formation spécifique pour le scouting à Porto. Et aujourd’hui, je dirige donc AJScouting.

Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre entreprise ?

AJScouting est une entreprise que l’on pourrait qualifier ‘’d’externe’’ puisqu’elle n’est rattachée à aucun club. Nous aidons les clubs, les joueurs et les agents de joueur. Nous offrons cinq services : analyse d’équipes adverses, repérage de joueurs à fort potentiel, accompagnement de joueurs, film de matchs et highlights de matchs d’une équipe ou d’un joueur. N’importe quel club, joueur ou agent qui a besoin d’un de nos services, entre en contact avec nous et AJScouting effectue le service demandé.

Pourquoi avez-vous créé cette entreprise ?

Je l’ai créée après avoir terminé ma formation de scout. J’ai senti qu’au Portugal, il y avait une nécessité de créer une entreprise externe de scouting. Pour beaucoup de clubs avec peu de ressources financières, ça devient moins coûteux d’obtenir ces services, notamment parce qu’on peut les demander individuellement entre autres. Nous avons des collaborateurs partout dans le pays. Nous sommes contactés par énormément de gens liés au football, même des personnes des Açores ou de Madère qui veulent recruter sur le continent. Je pense que nous sommes sur le droit chemin.

Pensez-vous que votre entreprise peut se développer à l’étranger ?

Je pense que oui. Cela pourrait s’avérer très utile pour un club européen de travailler avec notre entreprise pour dénicher des pépites jouant au Portugal. Ces clubs pourraient effectivement recevoir un rapport hebdomadaire contenant des informations détaillées sur les joueurs.

Sur quels critères sélectionnez-vous un joueur ?

Il existe plusieurs modèles variés définis par le club que nous servons. Après c’est vrai qu’il y a des critères qui reviennent souvent et ce qui est surtout recherché c’est l’intelligence tactique, la partie technique, l’aspect psychologique, la réaction à l’adversité.

Quelle est la partie la plus compliquée du travail du scout ?

La partie la plus compliquée est sans aucun doute l’observation de joueurs. Savoir différencier avec clarté un bon joueur, savoir évaluer avec exactitude, savoir choisir, etc. Ce n’est pas facile et ça oblige à observer le même joueur de nombreuses fois. C’est impossible de déceler les qualités d’un joueur après une seule observation.

Le scouting au Portugal est un marché concurrentiel ou il y a peu d’entreprises comme la vôtre ?

On voit apparaître au Portugal pas mal d’entreprise d’agencement de joueurs. Certaines d’entre elles font également un bon travail de scouting. Ils suivent les championnats de jeunes mais aussi les clubs professionnels. Ces entreprises possèdent des scouts qui vont au stade tous les week-ends et sont donc en concurrence indirectement avec nous.

Après, des entreprises comme la nôtre, il en existe très peu. AJScouting a été la première au Portugal. Cela fait cinq ans que nous sommes sur ce marché et nous recevons de plus en plus de demandes au fil des années.

Pensez-vous que le scouting est plus important au Portugal que dans d’autres pays ?

Au Portugal, les clubs accordent énormément d’importance au département du scouting. L’observation de joueurs a énormément évolué en augmentant d’années en années. Toutes les équipes professionnelles disposent d’un département scouting organisé, principalement pour l’analyse collective d’équipes adverses et de leur propre équipe.

Les entraîneurs au Portugal y trouvent un bénéfice pour l’équipe, avoir un tel service permet de mieux connaître l’adversaire et donc de mieux préparer les matchs. Au niveau, de l’observation de joueurs, les plus grosses écuries portugaises ont déjà des scouts au sein de club qui effectuent un travail de grande qualité.

Avec tous les jeunes joueurs qui jouent actuellement au haut-niveau, pensez-vous que le scouting s’est développé durant les quinze dernières années ?

Le scouting a largement contribué à ce que les joueurs qui jouent dans des championnats de faible visibilité puissent jouer dans des clubs de plus grande dimension. Sans le travail des scouts, beaucoup de joueurs n’arriveraient pas à jouer dans ces clubs et le football portugais, mais même en général, ne serait pas arrivé où il en est. Ce travail a été et est fantastique et le grand gagnant est bien évidemment le football.

Il y a quinze ans en arrière, il n’y avait pas tout ce travail d’observation de joueurs pas les clubs. Les entreprises d’agencement n’existaient pas ou étaient en tout cas très peu nombreuses. Maintenant, tout est plus facile pour que les joueurs disposant de qualités techniques, tactiques, psychologiques, dans la prise de décision puissent entrer dans le grand bain.

Vous avez travaillé au FC Porto. Quelles étaient les exigences là-bas ?

J’ai travaillé à Porto comme observateur de joueurs à fort potentiel ayant de dix à quatorze ans. J’avais un mode d’observation sous critères que je devais suivre durant mes repérages. Mensuellement, tous les scouts recevaient une formation au Estádio do Dragão (ndlr, le stade du FC Porto) avec les coordinateurs du département scouting qui nous donnaient des consignes.

On assistait aux matchs de toute la région et quand un joueur semblait s’apparenter aux critères recherchés, nous effectuions un rapport et nous l’envoyions au coordinateur du scouting à Porto. Ensuite, l’équipe B de Porto réunissait tous les joueurs référencés et organisait une journée de détection où nous sélectionnions les joueurs de manière très rigoureuse. A la suite de cela, les meilleurs signaient pour Porto.

Dans quel club où vous avez exercé le niveau était-il le plus élevé ?

Porto, Braga et Chaves travaillent tous très bien au niveau du scouting. Comme je l’ai dit, au FC Porto, j’ai travaillé chez les jeunes. Au SC Braga, j’ai réalisé un stage au département scouting et formation. J’ai obtenu une mention avec mérite lors de ce stage. A Braga, je travaillais sur l’analyse collective des équipes adverses des U16 et U18. Le niveau de difficulté était relativement élevé dans ces deux clubs.

Au GD Chaves, c’était AJScouting qui a travaillé avec le département scouting du club sur les analyses de matchs d’équipes adverses de l’équipe pro quand ils étaient en deuxième division. Hebdomadairement, nous observions une équipe et nous réalisions un rapport au club. C’était vraiment une expérience fantastique et enrichissante. Je pense que c’est à Chaves que le travail était le plus exigeant.

Vous travaillez en collaboration avec des clubs en ce moment ?

La saison dernière, nous n’avons travaillé avec aucun club spécifique. Nous avons fait notre travail de scouting pour plusieurs clubs et agents qui nous l’ont demandé.

Cette saison, nous allons essayer de travailler avec un ou plusieurs clubs de première division dans l’observation de joueurs à fort potentiel. Nous sommes actuellement en train d’y travailler pour que ce projet puisse avancer. Ce serait une véritable plus-value pour notre entreprise. On va tout faire pour que cela se concrétise.

 

Pour voir des vidéos-type d’AJScouting : https://www.youtube.com/channel/UCd8i2-Rp0aA0I5kQ0kp7Pug

 

Crédits photos : Catarina Morais / DPI / NurPhoto

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.