Qui ne se souvient pas de ses pralines de 35 mètres, ses gestes techniques ravageurs dans les petits espaces ou encore sa vista impressionnante ? Et bien Luís Carlos Almeida da Cunha (ça fait tout de suite moins stylé) fête aujourd’hui ses 31 ans. Mais alors Nani, héros glorieux ou tragique ?

Une carrière tronquée

À première vue, la carrière de Nani semble parfaitement aboutie : des débuts dans la meilleure académie portugaise, une C1 remportée avec le plus grand club anglais, un retour au pays puis une fin de carrière de globe-trotter entre gyros, tapas et pizzas, sans oublier un titre en sélection. Mais cette carrière garde un goût d’inachevé. Depuis cinq ans maintenant, qui sait décrire précisément sa carrière ? Et bien, personne. Personne car il semble avoir déçu sur le plan individuel. La réalité, si bien sûr il n’y en a qu’une, est qu’on lui en a demandé trop dès le début. Certains commentateurs (portugais notamment, mais le débat n’est pas celui-ci) le voyaient comme un deuxième CR7 avec qui il devait tout rafler avec le Portugal. Raté. Une chose est sûre : il n’a pas le talent de Cristiano et n’a jamais été l’un des meilleurs joueurs au monde. Pour ceux-là, il a été décevant.

Pour les autres, sûrement plus avertis et clairvoyants, il a simplement exécuté son rôle. Un très bon joueur qui a effectué une somme toute belle carrière et a tenu son rôle dans la Seleção : répondre présent collectivement.

Là où tout le monde s’accorde c’est pour dire que, comme Meursault dans L’Étranger de Camus, il a toujours semblé détaché de sa carrière, sans réelle conscience de ce qui se déroulait autour de lui. Que diantre est-il allé faire du côté de Manchester United alors que nombre de superstars étaient au club ? Pourquoi ne pas gagner en maturité dans un club tremplin ? Évidemment, la réponse s’appelle Jorge Mendes. Mais mettre cela sous le coup d’un seul homme n’est pas très honnête. Passons, cela arrive, Nani a semblé passif en essayant jamais de surpasser ses collègues titulaires et en se reposant sur son talent. Voilà le problème Nani tout au long de sa carrière, même si celle-ci n’est pas encore terminée. En sélection, les occasions où il aurait dû briller et prendre son équipe en main ont été nombreuses mais n’ont jamais abouti. On l’attendait notamment à l’Euro 2012 et à la Coupe du Monde 2014. Mais en 2014 quand Ronaldo est blessé, personne ne se décide à prendre l’équipe en main. Peur d’échouer ou simple fainéantise ? Tant de questions auxquelles il n’y aura à priori pas de réponses.

Une chose est certaine : l’héritage Nani, en particulier en sélection, n’aura pas été celui qu’il aurait dû être : il restera l’éternel lieutenant du roi Cristiano Ronaldo. En club, cela devient plus discutable du moins sur le plan collectif étant donné qu’il a tout gagné.

Une génération qui s’efface

En plus d’un joueur, une génération en a fini avec le triomphe du ballon rond dans un futur proche. Plus que par rapport à son âge, c’est le niveau de jeu qui est le déterminant principal de cet effacement. La génération Nani, c’est la génération des très bons joueurs malheureusement de second plan car arrivés à la mauvaise époque. A l’instar des Quaresma, des Barzagli, etc ; tous ces joueurs excellents il y a une petite dizaine d’années qui tomberont dans l’oubli dans 10-20 ans en raison des monstres qu’ils côtoyaient et que certains côtoient toujours. Forcément, difficile de rivaliser avec des Cristiano, Messi ou même Iniesta, qui, la trentaine dépassée, continuent d’exceller balle au pied.

Alors qu’il chauffe actuellement le banc de la Lazio, qui fait un très bon début de saison par ailleurs, il semble clair que sa place n’est plus sur l’aile gauche d’un grand club. De même, en sélection, il n’est même plus le fameux second de Ronaldo qu’il était fusse un temps.

Dès son arrivée à Manchester United, on sentait cet avenir tragique arriver. Compatriote de Cristiano Ronaldo, formé au Sporting qui finit par emprunter le numéro 17 qui lui appartenait. On pense logiquement qu’il marche sur ses pas mais le delta entre les deux est tellement important qu’il finira fatalement par désintéresser le public en raison des attentes placées en lui. Digne des plus grandes tragédies grecques, Euripide n’a qu’à aller se rhabiller.

Cette génération de l’ombre dont fait partie Nani s’éteint peu à peu dans l’anonymat. C’est probablement mal payé, tant elle a maintes fois contribué au succès des joueurs de premier plan (cf. Portugal 3-3 Hongrie à l’Euro 2016 où on oublie trop souvent le rôle primordial de Nani au profit de Ronaldo).

Crédits photos : Giuseppe Maffia/NurPhoto

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.