[Allemagne] Timo Werner, le facteur X d’un pays

L’Allemagne a pendant un moment cherché le joueur qui pourrait jouer devant. On le sait, le vivier de talent est hors norme, et pourtant du côté des avant-centres, il y a un véritable déficit. Alors, on s’est pris à placer Thomas Müller dans cette position. Mais force est de constater que le bricolage n’aura été que peu efficace. Pourtant, depuis quelques mois maintenant, tout a changé. Et c’est plus ou moins grâce à Timo Werner.

Le jeune joueur originaire de Stuttgart a longtemps attiré les regards. Toujours avec un temps d’avance, il a franchi les étapes de la formation jusqu’à atteindre les rangs de l’équipe première du VfB Stuttgart. Un peu comme un rêve, il a donc revêtu le maillot du club qui l’a vu grandir. Pourtant, il n’a jamais vraiment confirmé les espoirs placés en lui. Maladroit et pas encore tueur devant le but, ses débuts au niveau professionnel ont été délicats. Mais difficile de lui en vouloir car du haut de ses 20 ans, il a encore le temps de progresser et montrer son vrai visage.

 

Partir pour mieux rebondir

 

Dans l’optique de grandir, de progresser, de simplement murir en tant que joueur et en tant qu’homme, le jeune Timo Werner a pris une décision radicale. Cette dernière a été perçue comme trahison par les supporters du VfB Stuttgart. Effectivement, non seulement le joueur a quitté le club et la ville qui l’ont vu grandir mais en plus il a rejoint le dernier ennemi public numéro un dans le paysage du football allemand : le Red Bull Leipzig. L’annonce de son transfert, tombé au moment où le club du Bade-Wurtemberg s’en allait retrouver la seconde division a été un coup de massue. Et oui, le jeune homme a pensé à sa carrière avant le reste. Et difficile de lui en vouloir compte tenu de son potentiel.

En rejoignant la formation estampillée Red Bull et nouvelle figure de proue du projet de la firme suite aux multiples échecs (au niveau européen notamment) de la filiale autrichienne, le joueur a fait le pari de l’avenir. Il a aussi pris un risque mesuré, puisque la réussite de Leipzig n’était pas non plus certaine bien que tous les moyens aient été mis en ordre pour cela. Rejoindre un club si récent, un club qui doit tout construire, son histoire, son présent et son futur n’est pas un choix anodin. Et même si l’argent aide à franchir le pas, il faut tout de même oser et ne pas avoir peur d’être détesté à son tour.

 

Et toi tu faisais quoi à 17 ans ?

 

Quand il arrive en Saxe, Werner n’est pas encore celui que l’on voit aujourd’hui. Il n’est pas rempli de confiance, et son instinct tueur n’a pas vraiment fait son apparition. Pourtant cela ne va pas tarder. Sous Ralph Hassenhüttl, le jeune attaquant allemand s’épanouit, comme une renaissance, les observateurs de la Bundesliga voient lentement un tout nouveau joueur évoluer sous leurs yeux. Ou alors le joueur qu’ils avaient toujours attendu.

Au moment où sa véritable ascension débute, il écrit une petite page de l’histoire du football allemand : être le plus jeune joueur à franchir la barre des 100 matchs. Cela se produit le 26 septembre 2016, contre Cologne, à seulement 20 ans et 203 jours.

Pourtant il avait déjà écrit son nom en caractère gras. Quand il passe des U17 au U19 du côté de Stuttgart (il joue notamment avec Joshua Kimmich et Timo Baumgartl) à 16 ans seulement, il montre son côté précurseur, ce qu’il pouvait potentiellement devenir. À 17 ans et quatre mois il dispute les phases qualificatives de l’Europa League avec les Schwaben, puis il devient ensuite le plus jeune joueur de Bundesliga, et le plus jeune buteur de l’histoire de la Bundesliga en marquant face à l’Eintracht Francfort.

Et en novembre 2013, il devient même le plus jeune joueur à inscrire un doublé dans une rencontre face à Fribourg. L’histoire est en marche pour celui qui fait tout avant tout le monde. Mais entre ce moment-là et ce 26 novembre 2016, les espoirs placés en lui ont vacillé. Difficile toutefois de lui en vouloir compte tenu de son jeune âge. C’est d’ailleurs ce qu’Alexandru Maxim nous a confié. Quand on a demandé à l’actuel joueur de Mayence et un de ses coéquipiers à Stuttgart ce qui l’avait le plus étonné chez le jeune attaquant, il nous a répondu : « Le plus impressionnant était la façon dont il faisait face aux difficultés du football professionnel à un si jeune âge. Ce n’est pas simple d’arriver dans un vestiaire de Bundesliga en étant un si jeune garçon avec beaucoup de joueurs expérimentés autour. Il a très bien géré cela tout comme la pression de la Bundesliga. Jouer de manière si calme et réfléchi comme il l’a fait à 17 ans devant 60.000 personnes  était remarquable ». Être patient était surement la meilleure chose à faire donc.

Tout à coup, cette même journée de novembre, on s’est souvenu que le joueur qui peut potentiellement faire rêver l’Allemagne un jour, ne reste qu’un grand enfant. Un jeune adulte qui a encore beaucoup à apprendre sur les terrains de football. Et cela avait peut-être été oublié au moment où les temps étaient difficiles dans le sud du pays. Car finalement, il a tout pour réussir et notamment l’avenir devant lui.

 

Un progression qui le transporte tout droit vers la Nationalmannschaft

 

Sa progression linéaire, qui avance à vitesse grand V ne fait qu’attirer les regards des observateurs. Des observateurs qui, d’ailleurs, ne l’apprécient pas forcément. Mais qui, à côté de cela, reconnaissent son talent. Son comportement sur le terrain a attiré les foudres des supporters. Des simulations, du vice, de la sournoiserie ou encore de la hargne ont agacé. Mais pourtant, cela ne semble pas l’affecter, bien au contraire. Dans sa bulle, il continue à avancer.

Entre Stuttgart et Leipzig, tout a changé. Mais finalement, cela ne surprend pas vraiment. Le milieu offensif roumain nous confirme d’ailleurs cela. Il est simplement une version amélioré de ce qu’il était à 17 ans. Un dimant alors brut devenant de plus en plus lisse au fil des semaines. Du premier jour à l’entrainement avec lui, A. Maxim raconte qu’il « était impressionné de voir à quel point il était rapide », mais aussi que son instinct de tueur devant le but était déjà la car « quand nous jouions ensemble, je savais que je n’avais pas vraiment besoin de le chercher, je savais que s’il y avait un espace et que je parvenais à y glisser le ballon, il pourrait l’avoir ».

Ainsi, quitter la maison pour de nouveaux horizons s’avérait être le choix idéal afin de s’ouvrir les portes d’une Mannschaft à la recherche d’un avant-centre. Depuis la retraite de Miroslav Klose, personne encore n’avait frappé à la porte, forçant Joachim Löw à bricoler. Si aujourd’hui il peut compter sur Mario Gomez ou Sandro Wagner, il a aussi Timo Werner, symbole de l’avenir, sous le coude.

En devenant un titulaire indiscutable en Bundesliga dans un laps de temps très court, il est ainsi arrivé dans les petits papiers sur sélectionner allemand. Aujourd’hui, il semble presque certain qu’il sera en Russie. Sauf catastrophe. Mais l’homme comme le joueur étant robuste, difficile de le voir louper l’avion. Et cela pourrait lui permettre de continuer à grandir. De continuer à s’étoffer bien qu’il soit déjà loin de ce qu’il était à Stuttgart d’après les mots d’A. Maxim. Ce dernier nous a finalement expliqué que Timo Werner « a énormément progressé, il devient de plus en plus fort ». Ce dernier nous dit aussi que« le changement du VfB Stuttgart à Leipzig l’a aidé. Il est maintenant un joueur clé en Bundesliga et en équipe nationale, et cela peut donner de la confiance à quiconque. La confiance était la seule chose qui lui manquait au moment où l’on jouait ensemble simplement parce qu’il était jeune et faisait ses premiers pas au niveau professionnel. On voit maintenant que la confiance il l’a engrangé en marquant si souvent. Je savais qu’il deviendrait un excellent joueur, son développement a été aussi rapide qu’il l’est sur un terrain ».

Finalement, ce robuste attaquant a tout pour briller et au rythme où vont les choses, il se peut qu’un club plus grand que le RB Leipzig finisse par taper à la porte. Difficile toutefois de le voir quitter le nid dès cet été. Mais Timo Werner semble promis à un bel avenir. Il ne reste plus qu’à espérer, pour lui, que cela se concrétise.

Crédit photo: ROBERT MICHAEL / AFP

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Parle d'Allemagne et de Bundesliga, et c'est à peu près tout.