Après Xeka, Edgar Ié ou encore José Fonte, voilà qu’un nouveau joueur portugais vient de s’engager avec le LOSC : Rafael Leão. Considéré en Lusitanie comme un véritable crack à son poste, le nouvel attaquant de pointe lillois montre en effet des qualités très impressionnantes pour son âge. Portrait de celui qui va faire le bonheur du club nordiste cette saison.
Une demi-saison réussie qui en laisse présager de plus belles
134 minutes jouées et impliqué dans 3 buts, soit une implication sur un but toutes les 45 minutes environ, voilà des statistiques qui en feraient frémir plus d’un. Certes, il n’a joué que cinq matchs avec l’équipe A du Sporting Clube Portugal, mais cela est aussi dû au fait qu’il est en général assez compliqué pour les jeunes d’intégrer les équipes premières de leur club au Portugal. Ainsi, ses rares entrées en jeu avaient lieu en fin de match où il dynamitait tout bonnement les défenses adverses. Ses aptitudes lui permettent de passer de l’équipe B du Sporting à l’équipe A en l’espace de six petits mois (il arrive au SCP B en juillet 2017 puis en A en février 2018). Alors qu’il chauffe un peu le banc de l’équipe première en novembre-décembre 2017, Jorge Jesus, son entraîneur de l’époque, justifie son passage chez les grands en affirmant : « Je crois beaucoup en son potentiel et je ne pense pas que brûler les étapes soit une difficulté pour lui ». Effectivement, il s’en donne à coeur joie à gravir les échelons deux par deux : il intègre le SCP U17 alors qu’il n’a encore que 15 ans avant de rejoindre les U19 sans avoir 17 ans et donc rejoindre la B peu avant sa majorité, comme évoqué plus haut. Dans le chapitre « brûlure d’étapes », il compte également un joli petit trophée : celui d’être le deuxième joueur le plus jeune à jouer en compétitions européennes avec le Sporting à 18 ans, 8 mois et 12 jours derrière l’inégalable Cristiano Ronaldo (17 ans, 7 mois et 14 jours). Le voilà donc parti conquérir le territoire hexagonal du haut de 19 ans (et de son mètre 88).
Parenthèse à part, il fait lui aussi partie de la fameuse « Génération 99 » portugaise qui fait tant parler d’elle depuis deux ans maintenant.
Il est important de noter que Leão faisait l’objet de bien des convoitises, de grands clubs notamment. On parle par exemple de Manchester City ou du Borussia Dortmund qui s’étaient positionnés sur le joueur après sa résiliation avec son club formateur. La presse portugaise affirmait par ailleurs il y a une semaine ou deux qu’il devait s’engager incessamment sous peu avec le BVB. Bien que l’on connaisse la qualité du club de Dortmund pour faire exploser ses talents, il a préféré rejoindre le LOSC où il bénéficiera de largement plus de temps de jeu et ne sera pas soumis à une folle pression des objectifs (bon, il aura Christophe Galtier ; forcément, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre).
Un jeune charbonneur qui travaille sans cesse ses axes de progression
A première vue, Rafael Leão semble être un vulgaire 9 bon qu’à dévier des ballons de la tête et à inscrire des tap-in en raison de sa grande taille et son allure nonchalante. En réalité, il est l’exact opposé de ce type de joueurs. Assez polyvalent puisque capable de jouer en pointe, neuf et demi ou même sur un côté, il sait parfaitement allier sa taille qui lui offre une plus-value physique inestimable à sa vitesse. Ces deux qualités réunies, il est très difficile de l’arrêter lorsqu’il part lancé. De même, il dispose d’une souplesse au niveau de la cheville et de la hanche qui lui permettent d’accomplir des gestes techniques terriblement efficaces ; quand il prend de la vitesse, arrive devant un défenseur, joue de son corps pour faire mine d’aller à gauche puis à droite puis le crochète et joue en relais sur un coéquipier, on comprend l’habileté du garçon et sa facilité balle au pied. En ce sens, il ressemble un peu à un certain Mbappé – en moins fort bien évidemment – car ces deux cracks présentent plus ou moins les mêmes similitudes dans leur style de jeu. Les observateurs ont pris consciences de cela dans leur globalité après la défaite 2-1 du Sporting contre le FC Porto, lors duquel Rafael Leão avait fait forte impression en marquant mais aussi en mettant à mal la défense portista de par son imprévisibilité grâce à son large champ de compétences. En réalité, dès le mois de février il avait commencé à marquer les esprits après une victoire à l’arrachée 1-0 face à Moreirense. Il est passeur décisif de l’unique but de la rencontre après avoir récupéré un ballon au milieu de terrain, avoir éliminé 3 joueurs puis paraphé sa course de trente mètres avec une merveille de passe pour Gelson Martins qui n’a plus qu’à conclure. À la fin du match, en toute humilité, il dit qu’il est « jeune et [qu’il a] beaucoup à apprendre et c’est justement avec les meilleurs que l’on apprend le mieux ».
Lille sera le lieu privilégié de son amélioration, car il a bien sûr encore des lacunes. Dans la prise de décision notamment, il lui arrive de trop tarder avant de donner son ballon ou de faire le mauvais choix. De plus, il n’utilise pas encore assez son corps pour être décisif et notamment lâcher des bullet headers à tout-va. Maîtriser cela lui permettrait d’avoir les caractéristiques du 9 ultime sachant jouer, faire jouer, dribbler et utiliser l’intégralité de palette corporelle pour éliminer et marquer.
Recrutement intelligent de la part de Lille qui s’adjuge un des plus gros cracks portugais actuels et bon choix de club pour Leão, qui va pouvoir progresser tranquillement sans trop de pression.
Crédits photos : AFP PHOTO / MIGUEL RIOPA