À 31 ans et après avoir purgé une longue suspension pour dopage, Samir Nasri va tenter de relancer sa carrière en Angleterre. En signant du côté de West Ham, il retrouve une ville qui lui réussit bien, Londres, ainsi qu’un coach qui lui fait confiance, Manuel Pellegrini. Ces ingrédients seront-ils ceux qui permettront au fantasque de la génération 87 de briller à nouveau après un parcours loin d’être aussi brillant que son potentiel le laissait paraître ? L’ancien Marseillais le dit lui-même, il n’est « plus le même homme ».
L’ascension du minot
Samir Nasri a connu une carrière à deux vitesses. La première partie est brillante, et son ascension a été folle. Né à Marseille en 1987, il grandit dans les environs de la cité phocéenne et commence très tôt à taper dans le ballon rond. Inévitablement, il rejoint l’OM alors qu’il n’est âgé que de 8 ans. Échelon après échelon, Samir brille chez les jeunes, et laisse entrevoir un potentiel comme rarement on en voit chez un jeune joueur de football. Si bien qu’en parallèle de l’Olympique de Marseille, le minot est incontournable en équipe de France dans les catégories de jeunes.
Entre 2002 et 2007, il comptabilise 54 sélections chez les jeunes, de U16 à Espoirs. Le moment le plus important de sa jeune carrière en bleu ? Bien évidemment le championnat d’Europe U17 remporté en 2004, aux côtés de ses comparses de toujours, Karim Benzema, Hatem Ben Arfa, Jeremy Menez ou encore Steven Thicot. Un exploit qui a fait rentrer cette génération 1987 dans la postérité du football français tant le niveau de ces « gamins » était impressionnant pour leur âge. Après, ils furent plusieurs à découvrir les joies de la Ligue 1 et du niveau professionnel. Pour Samir, ce sera en septembre 2004, sur le pelouse du stade Bonal de Sochaux.
Au total, il dispute 4 saisons avec les pros de l’OM. De 2004 à 2008, il connaîtra tout ou presque avec son club formateur. Premier but en 2005, premier match en Ligue des champions en 2007, première sélection avec l’équipe de France A en cette même année 2007. Il ne lui aura manqué qu’un titre pour parfaire cette belle histoire. Désireux de ne pas freiner sa progression, il fait part de ses envies de départ, mais prend soin de prolonger son contrat au préalable afin de ne pas quitter l’Olympique de Marseille libre et de pouvoir faire gagner une belle somme d’argent à son club formateur. Une délicatesse que tous n’auront pas eu sur la Canebière.
17 millions d’euros et un vol Marignane/Gatwick plus tard et Samir Nasri est un joueur d’Arsenal. Sous les ordres d’Arsène Wenger, un nouveau royaume tombe sous son charme. Son ascension continue et à défaut de remporter des titres, ses performances sont récompensées par des distinctions individuelles : il est élu meilleur joueur français de l’année en 2010 par France Football, bien aidé par sa non-sélection à la Coupe du monde, lui permettant de ne pas participer au scandale de Knysna. Il fait également partie de l’équipe-type de l’année en Premier League en 2011. Mais las de ne remporter « que » des récompenses individuelles, Nasri ne se satisfait pas de sa condition. Il veut aller le plus haut possible, et pour cela, il lui faut gagner des titres.
De ce fait, il est transféré à l’été 2011 chez le nouveau-riche Manchester City, pour un peu moins de 30 millions d’euros. Un choix qui fait polémique, et pour une partie des fans des Gunners, ce transfert est vu comme une trahison. Il n’empêche qu’il trouve à City ce qu’il était venu chercher. Si son niveau de jeu n’est pour autant pas des plus satisfaisants, il remporte dès sa première saison le titre de champion d’Angleterre. Le premier pour les Citizens depuis 44 ans. Il lui faudra quand même 2 saisons mitigés pour lancer sa carrière à Manchester. L’arrivée de Manuel Pellegrini en 2013 sera déterminante. Samir marche à la confiance, Pellegrini le sait, et son joueur le lui rend bien. En 2013/2014, City est de nouveau champion, et Nasri sort une saison en « double-double », avec 12 buts et 12 passes décisives. Il prolonge son contrat jusqu’en 2019, et marque ainsi le tournant de sa carrière.
La lente descente aux enfers…
Dans un effectif aussi fourni que qualitatif, le milieu de terrain voit son temps de jeu diminuer petit à petit. Lors de la saison 2015/2016, sa dernière complète avec Manchester City, il joue toutes compétitions confondues quatre fois moins qu’en 2013/2014. Il tombe petit à petit dans l’oubli sportivement, tandis qu’il est rattrapé par une série de soucis extra-sportifs. On se souviendra notamment de cette nuit en 2016, où son compte Twitter fut piraté par sa compagne, le blâmant pour ses écarts extra-conjugaux, aux yeux des quelques insomniaques encore présents à cette heure de la nuit. A l’été 2016, il fait parler de lui en apparaissant sur les post Instagram de son ex-coéquipier à l’OM Ahmed Yahiaoui, au milieu entre autres de préservatifs et de sachets de marijuana, le tout aux États-Unis. Et sans parler d’un surpoids assez visible en plus de son manque de rythme. Suffisamment pour subir les remontrances de son nouveau coach, Pep Guardiola, qui voulait de lui qu’il se ressaisisse immédiatement. Finalement, dans les dernières heures du mercato, le meneur de jeu est prêté au FC Séville, d’après les dires du joueur selon sa volonté et non pas celle de Guardiola.
À Séville, il obéit aux ordres de Jorge Sampaoli, longtemps compté comme successeur spirituel de Marcelo Bielsa. Les deux hommes s’entendent bien, et cela se voit sur le terrain. Enfin de retour aux choses sérieuses, Samir laisse entrevoir des bribes de son talent, et il n’en fallait pas plus aux éternels nostalgiques de la génération 87 pour relancer une hype qui pataugeait un peu ces dernières saisons. Au sein d’un contingent français important (Lenglet, Rami, Nzonzi, Ben Yedder, Trémoulinas), Nasri se plaît et performe, en Liga comme en Ligue des champions. Et ce jusqu’à ce qu’il retombe dans ses travers. Si la première partie de saison des andalous est un véritable OVNI, la seconde est plus anonyme. En 1/8eme de finale de Ligue des champions contre les champions d’Angleterre en titre Leicester City, Nasri est expulsé à cause d’un second carton jaune suite à un coup de tête asséné à un adversaire. Il laisse les siens se faire éliminer sans panache. La suite ne sera qu’encore moins glorieuse. A son retour de prêt, Guardiola lui annonce qu’il ne compte pas sur lui à l’avenir. Il signe alors pour deux ans du côté d’Antalyaspor, en Turquie. Un choix qui fait débat, bien que Nasri retrouve là-bas Jeremy Menez, acolyte des Bleus U17 avec qui il avait gagné l’Euro en 2004. Pour autant Nasri ne s’éternisera pas bien longtemps à Antalya. 5 mois et 8 matchs après sa signature, il rompt son contrat, et est par la suite suspendu pendant 6 mois par l’UEFA à la suite d’un contrôle antidopage positif, suite à une perfusion intra-veineuse de vitamines.
Au vu du talent immense du bonhomme, la carrière de Samir Nasri peut être vue comme un gâchis. Si il a bel et bien gagné plus de titres qu’un bon paquet de joueurs professionnels, il était destiné à faire de plus grandes choses que ce qu’il a pu faire jusque là. Souvent victime malgré-lui de la récurrence de son comportement bien trop immature, il s’est souvent empêché seul de viser les sommets, par son manque de sérieux. Mais alors que tout le monde l’avait oublié, ou presque, le voilà qui ressurgit. Alors qu’il peut, depuis le 1er janvier, à nouveau s’entraîner au sein de structures professionnelles, c’est donc West Ham qui est allé le débusquer lui faire signer un contrat de 6 mois. Le joueur prétend avoir mûri, et les circonstances pourraient être idéales. West Ham allie à la fois une ville dans laquelle Nasri a connu ses meilleures années sur le plan collectif lors de son passage à Arsenal, mais aussi le coach qui lui a permit de réaliser sa meilleure saison statistique, Manuel Pellegrini. Serait-ce le combo gagnant pour voir Samir Nasri briller à nouveau ? Résultat dans les prochaines semaines…
Crédit photo : Glyn KIRK / AFP