Il fut un temps où la Juventus ne régnait pas sans partage et ne possédait « que » neuf championnats d’Italie. Une époque plutôt lointaine qui vieillit de plus en plus : les années 1950. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le rival du Torino n’en finit plus de gagner la Serie A. Jusqu’au dramatique crash aérien du vol Avio-Linee Italiane, qui tua tous les membres de l’équipe du Toro et l’équipage de l’avion. Au milieu des années 1950, les Bianconeri vont agrandir leur armoire à trophée, notamment avec un joueur qui deviendra emblématique : Omar Sívori.
River et la Juve : un chemin doré
Omar Sívori naît en 1935 près de Buenos Aires, plus précisément à San Nicolás de Los Aroyos. Anecdote sympathique, il est un lointain cousin du Pape François 1er, sa famille venant de la même région italienne. Car oui, le joueur est d’abord d’origine italienne.
Et bien avant ses jours glorieux à la Juve, il débute chez le grand River Plate à l’âge de 19 ans, en 1954. Dès son plus jeune âge en professionnel, il remporte ses premiers trophées avec la Banda Roja : trois championnats d’Argentine lors de ses trois saisons au club en 1955, 1956 et 1957.
Mais son séjour en Argentine prend fin rapidement. Il est acheté par la Juventus à 22 ans. Celle-ci peine à remporter le championnat, qui voit le Milan AC et son redoutable trio de Suédois dominer l’Italie. Et son intégration chez les Bianconeri se fait immédiatement. Pour sa première saison, la Vieille Dame renoue avec le succès et voit émerger son trio à elle. Il se constitue bien évidemment de Sívori, mais aussi du Gallois John Charles, qui avait fini meilleur buteur du championnat anglais à Leeds et qui finit meilleur buteur de Serie A en 1958 et Giampiero Boniperti, déjà présent au club depuis 1946 et qui ne connaîtra que la Juve dans sa carrière.
Les saisons passent, la Juve ne récidive pas en 1958-1959, laissant le championnat au Milan AC mais remporte la Coupe d’Italie pour la troisième fois de son histoire. Lors de la saison 1959-1960, Omar Sívori est à son apogée. La Juve remporte son dixième championnat et donc sa première étoile, l’Italo-argentin termine meilleur buteur de la saison avec 28 buts marqués en 34 matchs, son coéquipier John Charles termine troisième avec 23 réalisations. Les Turinois font même le doublé car ils conservent leur Coupe d’Italie en la remportant pour la cinquième fois. 1960-1961 confirme l’excellente saison du dribbler fou de Turin. Il finit deuxième meilleur buteur de Serie A et remporte de nouveau le Scudetto, son dernier. Pour couronner le tout, il remporte le Ballon d’Or et devient le premier des six joueurs de la Juventus à le gagner. Il remporte une dernière Coupe d’Italie en 1964-1965 et fait ses adieux au club où il a pratiquement tout gagné.
Le Napoli et les sélections : souvenirs mitigés
Omar Sívori quitte Turin pour Naples, tout juste promu de Serie B à cette époque. Il ne joue qu’une saison et emmène Naples sur le podium, à la troisième place. Avec les Napolitains, il ne remporte qu’une Coupe des Alpes, compétition aujourd’hui disparue.
Côté international, il avait joué un peu moins de vingt sélections en équipe d’Argentine de 1956 à 1957, avec qui il remporte la Copa America en 1957. Dans les années 1960, il décide de jouer pour la Squadra Azzura. Il participe à la Coupe du monde 1962, mais les Italiens sont rapidement éliminés. Il aura quand même marqué 8 buts en 9 sélections.
Fin de carrière : retour en Amérique du Sud
Omar Sívori prend sa retraite de joueur en 1969. Il retourne en Argentine cette fois au bord du terrain. Il commence au Rosario Central une saison où le club finit à une place plus que moyenne. Il quitte l’équipe en 1970 et s’engage deux ans plus tard à l’Estudiantes de La Plata, où le bilan est un peu meilleur. S’en suit un passage sur le banc de l’Albiceleste où il qualifie la sélection pour la Coupe du monde 1974. Il passe ensuite par le Racing Club en 1979 où il quitte le club rapidement, le club d’Avellaneda connaissant trois entraineurs cette année-là, puis une dernière pige au Vélez Sarsfield. Et comme la Juventus n’oublie pas ses légendes, elle lui confie un poste de recruteur en Amérique du Sud.
Omar Sívori meurt en 2005 là où il est né. Aujourd’hui, il est étonnant que l’on parle moins d’un tel joueur qui a tant impressionné sur le terrain. Les Juventini s’en souviennent probablement bien plus que les autres supporters. Il fait partie à tout jamais de la constellation des légendes Bianconeri qui ont illuminé Turin.
Crédit photo: storiedisport.it