Sarabia, promesse d’un bon choix ?

Dans le cadre d’un marché des transferts crucial pour compléter un effectif encore trop faible qualitativement et quantitativement, le PSG a jeté son dévolu sur Pablo Sarabia, joueur-clé du FC Séville. Il rejoint Paris pour un montant aux alentours des 20 millions d’euros et cela a tout de la première bonne affaire du second mandat de Léonardo. Présentation.

Castilla, Olivier Sorin et Isco

Pur produit de la castilla madrilène et membre majeur d’une génération plus ou moins dorée en compagnie de Carvajal, Morata, Nacho ou encore Jesé, Sarabia n’a pourtant jamais eu sa chance dans le Réal galactique de l’époque. En résumé ? Une première apparition en Ligue des Champions pour dix-huit minutes de jeu face à l’AJ Auxerre, s’il vous plaît. Plutôt que revenir sur le match (vraiment) compliqué d’Olivier Sorin au Bernabéu ce soir-là, il est préférable de préciser que cette rencontre du 08 décembre 2010 sera la seule du jeune Pablo au Real.

À l’été 2011, il rejoint Getafe pour enfin s’épanouir au plus haut niveau. Ce sera chose faite car après deux premières saisons en dent de scie, il devient l’un des joueurs clés du club madrilène et entre dans la caste de ceux qu’on surnomme avec affection « les bons joueurs de Liga » tels que Trigueros, Campaña ou Illaramendi. Ses performances convaincantes ne passent alors pas inaperçues du côté de Séville, où il est transféré pour un petit million d’euros en 2016. Un prix très abordable pour ce joueur pétri de talent, au sujet duquel son ex-président à Getafe, Àngel Torres, ne tarissait pas d’éloges, le considérant comme un « Isco sans les buts » en raison de sa capacité à jouer dans les petits périmètres. Des buts, Sarabia va en marquer bien plus avec Séville et ainsi passer un premier cap en termes d’influence statistique au cours de ses deux premières saisons. Néanmoins, c’est la nomination de Pablo Machín et son style excessivement offensif pour la saison 2018-2019 qui accélérera la maturité de celui qui devrait être rejoint par son compatriote Ander Herrera dans la capitale.

Une saison 2018-2019 exceptionnelle

La saison dernière, son talent et sa régularité en ont fait l’un des rouages essentiels du plan de jeu du FC Séville. En comptabilisant 23 buts et 17 passes décisives toutes compétitions confondues, il a réalisé sa meilleure saison en carrière et s’est facilement imposé comme le deuxième contributeur offensif du club andalou derrière notre Wissam national. Toutefois, réduire la saison du Sévillan à ses flatteuses statistiques serait faire injure à son profil extrêmement complet. Excellent finisseur des deux pieds et capable de créer pour lui et pour les autres, sa caractéristique principale est une alliance de deux qualités indispensables au football actuel : le coffre physique et la lucidité. En effet, il est capable de se projeter sur une longue distance, en partant d’une aile ou du centre (nous y reviendrons plus tard) pour terminer l’action ou trouver la petite passe qui va bien. Véritable joueur de collectif, ses efforts incessants dans le contre pressing et l’anticipation ont largement contribué à l’efficacité offensive de son équipe, troisième attaque de la dernière Liga.

D’un point de vue tactique, il a majoritairement occupé les postes d’ailier droit ou de milieu offensif axial cette saison, que ce soit dans des systèmes en 4-2-3-1, 4-4-2 ou 3-4-1-2. Il s’agit donc d’un joueur très malléable tactiquement, même si la zone offensive centrale-droite reste sa position favorite d’activité à l’image du rôle moderne d’un de ses futurs coéquipiers, Angel Di Maria.

Et maintenant Paris : une place à prendre ?

S’il est devenu progressivement l’un des meilleurs joueurs du championnat espagnol, il est désormais temps de se demander quel pourra être son impact dans le club de la capitale. Comme évoqué juste avant, l’Espagnol risque de se heurter à la présence de Di Maria sur son poste préférentiel, mais l’avènement d’une concurrence saine est une excellente nouvelle. Effectivement, le manque de solutions à disposition de Thomas Tuchel en deuxième partie de saison a été l’un des facteurs qui ont précipité une fin de saison aux allures de parodie. Entre le bricolage des postes, le lancement de jeunes sans repères voire l’adaptation difficile d’une recrue payée au prix fort, le plan de jeu parisien s’est retrouvé à des années lumières des espoirs entrevus à l’automne. La reconstruction de l’effectif passe donc par l’achat de joueurs avides de challenges, capables de faire preuve de personnalité et d’apporter des alternatives viables aux titulaires habituels, ce qui n’a pas vraiment été le cas des Draxler, Choupo-Moting, Nkunku ou Diaby l’an passé. Avec le départ de ce dernier et l’intense intérêt de Leipzig pour Nkunku, la signature de l’Espagnol devient une opportunité financière immanquable car son apport personnel sera à n’en pas douter bien supérieur aux deux titis parisiens encore trop tendres.

En s’offrant Sarabia, le PSG réussit donc un réel bon coup dans la perspective de construire un groupe compétitif de non plus onze mais bien quatorze à seize joueurs. La suite du mercato nous en dira plus sur ce sujet mais la seule perspective d’observer la capacité de Sarabia à devenir une option majeure du jeu de Tuchel vaut le détour car il possède toutes les caractéristiques chères au technicien allemand. Du point de vue du joueur, réussir à Paris est l’assurance d’un tremplin vers une première convocation en sélection espagnole, lui qui a autrefois brillé dans les catégories de jeunes en remportant consécutivement l’Euro U-19 et l’Euro Espoirs en 2011 et 2013.

Si Juan Bernat a été la belle surprise parisienne de la saison dernière, quelque chose nous dit que c’est un autre gaucher espagnol qui pourrait devenir le nouveau chouchou du Parc des Princes. Ses changements de rythme, sa vista et son engagement de tous les instants vont faire du bien à une équipe qui a cruellement manqué de tous ces éléments la saison dernière. Si l’on attendra évidemment ses premières foulées pour confirmer tout ça, une chose est sûre : l’un des meilleurs joueurs de Liga arrive dans notre championnat.

Merci Léo, ça (re)commence bien.

@thibaut_gd

Photo credits : Christof STACHE / AFP

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