[Serie A] Pastore, régénérescence à la romaine, renaissance à l’italienne

Devenu titulaire comme numéro dix dans le onze romain de Paulo Fonseca, Javier Pastore réalise un début de saison encourageant. Enfin prêt physiquement, juste techniquement, l’Argentin remonte la pente après une première année chaotique sur les rives du Tibre. Et si cette fois c’était la bonne ?

Il y a parfois des signes qui ne trompent pas. Un sourire après une course vaine, l’audace d’un geste technique tenté sur un ballon tout juste récupéré, une poignée de main tendue fermement au Mister… Des détails pour nombre de nos artilleurs préférés. Pour Javier Pastore cela veut dire beaucoup.

Depuis quelques semaines, El Flaco enchaîne les prestations de haut vol dans la ville Éternelle et cela se voit autant dans l’attitude que dans les chiffres.

Neuf ballons récupérés face au Milan (2-1), une passe décisive face à l’Udinese (4-0), onze interventions défensives fructueuses face à Naples (2-1) en plus de deux nouvelles offrandes. L’ancien chouchou du Parc des Princes squatte à nouveau les rangs des premiers de la classe dans une capitale européenne, et la Louve s’en frotte les mains.

Malgré leur défaite surprise à Parme (2-0) dimanche, les Giallorossi sont plus que jamais dans la bataille pour le podium de Serie A au coude à coude avec le rival laziale, l’Atalanta et la surprise du chef sarde, Cagliari.

Un Pastore enfin sous bonne étoile

 Une chose est certaine, la renaissance du natif de Cordoba était loin d’être actée à la reprise du championnat. De l’autre côté des Alpes, l’ancien palermitain a commencé une saison sans les certitudes qui lui avaient permis de briller par le passé en terres siciliennes.

Les arrivées de Mkhitaryan, Veretout et Cristante dans l’entrejeu n’auguraient rien de bon, surtout pas un rôle de titulaire. Une tendance confirmée sur les premières parties des Romains dirigées par l’entraîneur portugais Paulo Fonseca, entré en fonction au début de l’été.

Pastore fait banquette sur les sept premières rencontres. Barré par le jeune trio Kluivert-Zaniolo-Under, le numéro 27 se contente des miettes avec moins de 45 minutes cumulées. Il n’en fallait pas plus pour que la presse transalpine ne l’envoie en Chine ou dans le Golfe.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, a-t-on coutume de dire. Chez les Giallorossi, l’adage se vérifie saison après saison tant la formation a été secouée par les blessures.

Depuis 2014, seize joueurs ont été écartés des pelouses à cause d’une lourde blessure aux ligaments. L’avalanche d’infortune n’en finit pas non plus cette saison, alors que Diawara, Pellegrini, Cristante et Mkhitaryan ont dû prendre successivement leur mal en patience.

Douce ironie du sort pour Pastore, touché à Rome plus de 90 jours en cumulé, c’est la blessure des autres qui lui permet de retrouver sa vitesse de croisière.

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Le vrai déclic a lieu en Ligue Europa contre Mönchengladbach. Positionné dans le rôle de trequartista qu’il affectionne tant, l’Argentin épaulé par Zaniolo et Kluivert rayonne dans l’entrejeu. La magie dans son jeu opère sur le terrain détrempé de l’Olimpico, insuffisant pour obtenir les 3 points (1-1) mais encourageant pour les échéances suivantes.

El Flaco ne se fait d’ailleurs pas prier pour confirmer les jours suivants contre Milan (2-1) et l’Udinese (4-0), puis contre le Napoli (2-1) où il est l’un des grands artisans du précieux succès obtenu la maison.

Une activité déconcertante au milieu, des dribbles de classe dans la zone de vérité, le gaucher est récompensé par un penalty obtenu en seconde mi-temps : le coup de pied de la victoire transformé par Jordan Veretout.

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Cinq titularisations consécutives pour l’ancien Parisien, du jamais vu depuis son retour en Italie. C’est dire la méforme du joueur sur le précédent exercice, c’est aussi la promesse d’un nouveau retour en grâce de l’Argentin avec les qualités pour lesquelles la Roma a déboursé près de 25 millions d’euros à l’été 2018.

Maintenant ou jamais

Sous l’égide d’un Pastore frais et disponible, Rome a retrouvé un peu de fantaisie. Dire que la Louve en avait besoin est un petit mot. Après une saison 2018-19 terminée sur fond de crise interne symbolisée par les départs de Totti (direction) et De Rossi (Boca Juniors) ainsi qu’une décevante sixième place, la Roma renaît avec un nouveau projet. Un projet dans lequel Pastore a déjà gagné du crédit.

Reste désormais à savoir si les éclairs de l’international ciel et blanc sauront durer. Une question ou plutôt le leitmotiv de toute une carrière.

Grand habitué de l’infirmerie et des performances sur courant alternatif,  Pastore, qui a désormais franchi la trentaine a-t-il encore le coffre nécessaire pour retrouver ses lettres de noblesses italiennes ?

Pastore

Un célèbre chroniqueur transalpin l’avait comparé à son arrivée à une vieille Mercedes : un grand classique ayant fait fureur, mais que le temps finit par délaisser.

Aujourd’hui, les kilomètres ont certes augmenté au compteur, la peinture n’est plus aussi rutilante, mais la beauté de l’ensemble n’en reste pas moins sous-jacente, a-t-il concédé quelques mois plus tard.

Dans quelques jours, les Giallorossi retrouveront Pellegrini et Mkhitaryan, le challenge sera un cran plus relevé. En attendant, la Roma de Pastore avance avec ses nouvelles certitudes. Comme quoi, les classiques ont aussi leur mot à dire.

Crédit photo : Icon Sport.

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