Bundesliga : les enjeux de la fin de saison

Nous y voilà. Plus de deux mois après la suspension de la compétition, la Bundesliga va, dès ce week-end, reprendre là où elle s’était arrêtée. Beaucoup de discussions et de débats ont été menés et malgré cela, aucune conclusion qui satisferait tout le monde n’a été trouvée. C’est pourquoi nous ne sommes pas là pour juger cette décision, ou même tenter de l’expliquer. Aujourd’hui, le football allemand mise gros sur cette fin de saison, capitale pour beaucoup. Voici les enjeux.

Les enjeux financiers : ces clubs qui se battent pour leur survie

Ils ne peuvent plus le cacher. Certains clubs de Bundesliga et d’échelons inférieurs ont de graves problèmes financiers. Dans le monde du football, les retombées de cette crise seront conséquentes et cela est encore plus vrai dans un pays où la règle du 50+1 fait l’essence même de ses clubs. Ils vivent, et parfois survivent, grâce aux droits TV, leurs sponsors et leur billetterie. Bien entendu, pour les clubs qui ont contourné cette règle, qui ont su externaliser leurs revenus ou qui ont simplement bien géré des années de belles performances sportives, les répercussions resteront gérables. On pense au Bayern, à Dortmund, Leipzig, le Hertha Berlin, Leverkusen, Hoffenheim ou encore le Borussia Mönchengladbach.

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Pour d’autres clubs, plus modestes ou tout simplement mal gérés depuis des années, cela pourrait vite se transformer en cauchemar. Ainsi, seraient principalement touchés l’Union Berlin et le SC Paderborn, qui étaient déjà heureux d’être en Bundesliga. Le premier vivait un rêve éveillé en pointant à une solide 11e place pour sa toute première saison dans l’élite. Le second parvenait à pratiquer un football qui ne pouvait qu’attirer les louanges de tout le pays, malgré sa dernière place au classement. Malheureusement, la fête ne pourra plus durer. Pour l’Union Berlin, il faudra impérativement assurer le maintien. Pour Paderborn, qui semble condamné, il faudra terminer la saison dans des stades vides, empochant le peu d’argent à empocher et espérer qu’à la fin de la saison, cela suffise.

Vient maintenant le gros club qui se retrouve en danger par sa propre faute. Sans le dernier versement des droits TV pour la fin du championnat, le FC Schalke 04 aurait pu voir toute son existence remise en cause. Qu’un si grand club, souvent européen les 10-15 dernières saisons, se retrouve dans une telle situation semble absurde. Et pourtant…

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Schalke, c’est ce club très prometteur qui a tout fait de travers ou presque. Un nombre important d’entraîneurs est passé en quelques années. Beaucoup de bons espoirs sont partis pour des sommes assez faibles. D’autres sont arrivés pour des sommes ambitieuses et sont repartis à perte. Le club ne peut plus le cacher : il va falloir se serrer la ceinture, car les prochains fonds, pour les transferts notamment, seront très infimes.

« Dans le futur, nous devrons faire des affaires encore plus astucieuses et réfléchies et nous devrons voir encore plus loin que la prochaine saison ou celle d’après. » – Jochen Schneider, directeur sportif de Schalke 04

Une situation qui a engendré une multitude de débats autour du club de la Ruhr, notamment sur la possibilité d’externaliser ses fonds. Ainsi, les supporters membres du club devront décider du sort du statut d’association à but non-lucratif (FC Schalke-Gelsenkirchen 04 e.V.*) qui les rend si fiers, mais qui ne permettrait probablement pas au club de maintenir un bon niveau de compétitivité. Le sujet divise et nul doute que les Königsblauen sont à un tournant de leur histoire.

*eingetragener Verein : association à but non-lucratif

Les enjeux sportifs : reparlons un peu football

Le football, ça doit avant tout rester le terrain. Peu importe la situation. Poursuivre la saison et la mener à son terme, c’est aussi donner une chance aux poursuivants du Bayern de créer la sensation. Évidemment, ce n’est pas comme cela qu’ils auraient aimé tenter leur chance. Mais les joueurs du Borussia Dortmund et du RB Leipzig ont encore 9 journées pour tenter de rattraper le Rekordmeister, qui se tient respectivement à 4 et 5 points d’eux. Avant la pause, le Bayern était très certainement, et avant la blessure de Robert Lewandowski, la meilleure équipe d’Europe. Son principal concurrent, Leipzig, commençait à accuser le coup en Bundesliga. Lewandowski a profité de l’interruption pour revenir de blessure et ainsi continuer sa lutte avec Timo Werner pour le trophée de meilleur buteur du championnat (25 buts pour le Polonais, 21 pour l’Allemand).

« Cette pause m’a permis de faire des exercices pour lesquels je n’avais pas de temps auparavant. […] Je ne me suis jamais senti en aussi bonne condition physique. » – Robert Lewandowski

La lutte pour le titre n’est toutefois que la cerise sur un beau gâteau. Au-delà du Bayern, tout reste à faire pour le top 4 qualificatif pour la Ligue des champions. Dortmund, Leipzig, Gladbach et Leverkusen se tiennent en 4 points. Si vous avez fait le calcul, vous remarquerez qu’une équipe devra se contenter de la Ligue Europa. À vos paris.

Pas moins de 5 équipes aimeraient connaître cette même Ligue Europa. Et là aussi, c’est serré. Entre le 6e, Schalke, qui était en grande méforme, et le 10e, Cologne, qui était dans une forme incroyable, il n’y a que 5 points. Attention donc à cette lutte, qui comprend également Wolfsbourg, Fribourg et Hoffenheim.

Enfin, nous pourrions aussi vivre quelque chose d’historique dans le bas du classement. Le Werder Brême (17e) se classe, avec un match en moins, à l’avant-dernière place synonyme de relégation, à 4 points de la place de barragiste et 8 du premier non-relégable. Le Fortuna Düsseldorf (16e) cherchera, quant à lui, à doubler au moins une équipe parmi le quatuor composé de Mayence, Augsbourg, le Hertha et Francfort.

La reprise du football en Allemagne est très critiquable. Il ne fait aucun doute que les enjeux ne sont pas simplement financiers et sportifs. Les dimensions dimension politiques et sanitaires englobent le pays tout entier. Souhaitons dans tous les cas que sur la pelouse, cela ressemble le plus possible à du football. Même si on a peur du résultat final, le football, ça nous manque. Et sur le papier, c’est quand même alléchant.

Crédit Photo : IconSport

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