Liga Nos : une saison 2018-2019 trop ou pas assez compétitive ?

Porto meilleure défense la saison dernière premier mais comptabilisant déjà deux défaites et six buts encaissés (soit un tier de l’ensemble des buts encaissés la saison dernière), Sporting sans plan de jeu et instable dans ses instances, Braga et Rio Ave qui surnagent, Benfica quatrième au classement,… Bref, cette première partie de saison de Liga Nos est inédite et les surprises sont nombreuses avec une émergence de clubs que personne n’attendait avant le début de la saison. Mais cela est-il dû à des carences techniques des trois grands ou au contraire à un regain qualitatif de l’ensemble des équipes du championnat ?

Des gros poissons à la peine

En championnat, comme évoqué précédemment, le Sporting, Porto et Benfica ont tous trois du mal. Tous les matchs semblent relativement compliqué à aborder. Analyser précisément les causes de cela  pour ces trois clubs serait particulièrement long donc voilà un lien qui renvoie vers l’explication du cas du FC Porto, celle évoquant le SL Benfica sera publiée demain sur le site. Reste à aborder rapidement le cas du Sporting CP. Depuis ce printemps, le club est en difficulté suite à des nombreux désagréments plus ou moins importants également évoqués sur le site. Suite à l’élection de Frederico Varandas (directeur médical du club sous la présidence de Bruno de Carvalho) à sa tête, José Peseiro a été nommée entraîneur du SCP mais l’histoire s’est mal terminée et il a été limogé récemment. C’est Marcel Keizer (ancien coach de l’Ajax notamment) qui le remplace depuis moins d’une semaine. Il aura pour mission d’offrir un véritable plan de jeu au club et surtout de continuer le travail de restructuration du vestiaire qui a vu de nombreux nouveaux joueurs arriver entamé plus ou moins correctement par Peseiro.

En coupes d’Europe toutefois, le Sporting et Porto figurent bien dans leurs poules respectives. Le Sporting ayant tiré Arsenal, le Vorskla Poltava et Qarabag, sa place de deuxième est logique. Porto, de son côté, a hérité d’une poule plus homogène avec Schlake 04, le Lokomotiv Moscou et Galatasaray et parvient pour l’instant à conserver une première place très satisfaisante en faisant bonne impression. Le SLB, en revanche, est plus à la peine suite à des défaites face au Bayern et à l’Ajax (match nul au retour) et à une victoire 3-2 trop poussive pour donner satisfaction contre l’AEK Athènes. Cette saison de Benfica n’est finalement que le prolongement de sa saison passée et de la visible fin de cycle du coach benfiquiste, Rui Vitória.

Résumé rapide : les grosses écuries sont anormalement mauvaises cette saison, mais cette méforme n’est pas que leur fait…

Braga et Rio Ave : l’aboutissement de politiques sportives intelligentes

Si elles peinent autant, c’est aussi parce que les équipes qui jouaient les seconds couteaux les saisons passées voient les résultats de politiques sur du plus ou moins long terme qui portent logiquement leurs fruits. Le SC Braga, actuellement troisième avec trois points de retard sur la première place, parie depuis quatre-cinq ans sur sa formation et plus généralement sur les jeunes. Ces jeunes, ils ont aujourd’hui une petite vingtaine d’années et un très bon niveau. Ricardo Horta ou Ricardo Esgaio, pour ne citer qu’eux, sont par exemple en train de littéralement exploser et devraient selon toute vraisemblance faire leurs bagages cet été. Et ce n’est pas près de se terminer puisque les jeunes Xadas ou João Palhinha seront les futurs cracks à suivre dans ce club.

Du point de vue de l’attaque, le club n’a toujours recruté que des buteurs dans la fleur de l’âge qui sont avant tout des finisseurs. Ainsi, l’excellent Dyego Sousa qui occupe la pointe de l’attaque bragarense occupe également le classement des buteurs. Dernier élément : un excellent coach en la personne d’Abel Ferreira qui gère son effectif de manière remarquable et s’avère être un tacticien hors pair. FourFourTwo l’a d’ailleurs classé 44ème meilleur entraîneur de la saison 2017-2018. Voilà comment le SCB à jouer le titre après avoir battu, entre autres, le Sporting.

On part du côté de Vila do Conde avec Rio Ave, cinquième du championnat. Ici, on n’utilise quasiment que des joueurs de 25 ans ou moins (neuf sur onze dans le onze-type). Mais ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas la fameuse insouciance de la jeunesse qui est mise en avant dans le jeu de l’équipe mais au contraire son envie de travailler pour progresser. Elle recèle de bons petits joueurs mais pas véritablement de cracks ou de joueurs qui pourraient viser bien plus haut dans le futur. C’est une équipe qui a conscience de ses limites – notamment défensives – et qui bosse pour les gommer au maximum. Sous l’impulsion de son entraîneur José Gomes arrivé au club en juillet dernier, le club poursuit le travail enclenché par Miguel Cardoso (devenu par la suite entraîneur du FC Nantes puis limogé car Waldemar Kita n’avait pas pris ses pilules) avec ces jeunes. Cette continuité est très prometteuse car les joueurs n’ont eu aucun mal à s’adapter au changement d’entraîneur à tel point que l’on a l’impression que rien n’a changé au club depuis un an et demi en raison de sa progression constante.

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La Liga Nos 2018-2019 c’est aussi des petits poucets surprenants qui se font remarquer par leur niveau de jeu inattendu et surtout des résultats plus que satisfaisants. Prenons l’exemple de Santa Clara, qui, avec une moyenne d’âge de 27,5 ans, soit l’une des plus élevées du championnat, a fait le pari de l’expérience pour initialement essayer de se maintenir. Troisième pire défense, Santa Clara bénéficie tout de même de la deuxième meilleure attaque du championnat en raison de la philosophie de João Henriques, entraîneur novice qui ne dispose que de deux petites années et demie d’expérience dans le métier. Résultat : une jolie neuvième place au classement.

Idem pour Moreirense qui est sixième, juste derrière Rio Ave. Après une saison compliquée où le club embêtait les gros mais finissait par craquer en fin de match, le voilà a priori stabilisé comme le montre la victoire 3-1 face à Benfica au Estadio da Luz où les joueurs de Moreira ont su allier intensité à solidité pour s’imposer. Le petit dernier de ce groupe d’équipes qui font plaisir aux observateurs : le Vitória Setúbal. Pris d’une torpeur incroyable depuis cinq-six ans durant lesquels le club étant dans l’autosuffisance et ne cherchait qu’à se maintenir, voilà qu’il se place huitième en montrant des choses cohérentes. Évidemment, aller chercher une qualification en Europa League pour ces clubs paraît inatteignable mais les progrès effectués sont tout de même très encourageants.

Sans trop s’attarder dessus, mettre le doigt sur les performances en demi-teinte de Marítimo et de Guimarães est utile. En effet, ces deux clubs qui se complaisaient dans les places de qualification à l’Europa League et à ses barrages pour assurer des bénéfices minimaux en raisons des droits TV se voient affaiblis par la montée en puissance des clubs qui jouaient le maintien et qui se retrouvent propulsés dans le haut du tableau. Karma at it again.

Enfin, il y a des équipes qui déçoivent beaucoup. Chaves et Boavista en tête qui, après des recrutements intéressants principalement à l’été 2017, paient elles aussi la montée en gamme des Moreirense and co. Alors qu’elles pensaient poursuivre sur leur lancée de la saison passée où elles étaient à mi-chemin entre le ventre mou et l’Europe, les voilà bousculées et dans le mal. Respectivement dernier et seizième (sur 18, on le rappelle), ce que Chaves et Boavista est pour l’instant trop insuffisant pour se défaire du bas du tableau.

Alors que le niveau du championnat portugais semblait être en chute libre et que l’écart entre les équipes à « gros » budget et les autres semblait se creuser comme jamais auparavant, voilà que les gros ont un coup de mou (durable ?) et que les « petits » se révoltent sportivement. Paradoxalement, le championnat portugais est plus compétitif mais les clubs portugais sur la scène européenne performent moins bien. Deux options d’avenir se présentent alors pour le football portugais : soit cet upgrade qualitatif des « petits » est utilisé les « gros » pour rebondir,  soit l’oligarchie des trois grands est en train de prendre fin. Voilà qui devient intéressant.

Crédit photo : Pedro Fiuza / NurPhoto

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.