Arrivé en août dans les bottes du « grand attaquant » imaginaire à l’Olympique de Marseille, Kostas Mitroglou en est à 2 buts en 7 matchs joués. L’international grecque a du mal à convaincre. L’OM s’est-il trompé en le recrutant ?
Au cours du dernier mercato, l’Olympique de Marseille s’est fixé pour mission de recruter un avant-centre de renom. Ce titre de « grand attaquant », régulièrement repris au point d’être caricaturé (« grantatakan » sur les réseaux sociaux), a accentué la pression. Une pression sur les épaules de l’OM, qui a tardé à recruter, maisaussi sur les épaules de l’heureux élu : Kostas Mitroglou.
Mitroglou, un « grand attaquant » ?
Mais qu’est-ce qu’un grand attaquant ? Cette expression abstraite semble désigner un joueur capable de tirer son équipe vers le haut, essentiellement en marquant des buts. Il s’agirait d’un joueur bon immédiatement, qui n’aurait pas besoin d’avoir d’excellents coéquipiers qui le mettent en valeur. Le PSG avait le grand attaquant typique en la personne de Zlatan Ibrahimovic. Si l’OM n’avait pas la prétention de viser aussi haut, il a peut-être tapé à côté de sa cible.
Sur ses premiers matchs, Mitroglou a confirmé ce que les connaisseurs affirmaient à son sujet : il n’est pas ce grand attaquant. Peut-être un (très) bon attaquant, mais il n’a pas le niveau pour amener à lui tout seul l’OM sur le podium. Sur ses 3 dernières saisons, Mitroglou marque, en moyenne, un but tous les deux matchs. Il ne doit pas sa grande réussite à Benfica (2015-2017) qu’à lui. Autour, une équipe qui dégage une vraie force collective et un second attaquant à ses côtés : Jonas. Un joueur au gros volume de jeu, fin techniquement et passeur. Le Grec s’est régalé.
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Système discutable, automatismes absents
Mitroglou est donc passé du Benfica à Marseille. D’un 4-4-2 à un 4-2-3-1. Il n’a donc plus un attaquant vif à ses côtés pour semer la pagaille dans la défense adverse, que ce soit par des appels qui ouvrent des espaces ou par de bonnes passes. Mitroglou a désormais plus de responsabilités et doit s’y adapter, mais pas sûr qu’il retrouve le même rendement qu’à Benfica en opérant de cette manière. Rudi Garcia a pourtant la possibilité d’appliquer un 4-4-2 en remplaçant un joueur offensif (Ocampos ?) par Valère Germain, qui viendrait épauler le Grec. Germain a le profil idéal du complément en attaque, du joueur de l’ombre qui va faire briller ses coéquipiers. Falcao s’est régalé la saison dernière à ses côtés. Rudi Garcia a donc deux attaquants qui affectionnent le 4-4-2 mais il refuse, pour l’instant, de les associer. Un choix compréhensible car le 4-2-3-1 est peut-être plus adapté à l’effectif du club, et parce qu’il permet de faire jouer Dimitri Payet à son meilleur poste, celui de meneur de jeu.
Si Germain ne joue pas avec Mitroglou, c’est en partie à cause de Payet. L’international français doit montrer qu’il mérite ce rôle de plaque tournante de l’attaque phocéenne. Sa relation avec Mitroglou est essentielle. Malheureusement, les deux hommes n’ont disputé que 201 minutes ensembles cette saison : 90 à Strasbourg, 66 face au PSG et 45 contre Bordeaux. Un peu faible pour se faire une idée. En revanche, il y a un élément qui ressort si l’on compare deux de ces matchs : le positionnement de Mitroglou.
Mitroglou aime la surface
En bleu, le positionnement moyen des joueurs de l’OM face à Strasbourg. En orange, leur positionnement moyen contre le PSG. Mitroglou (numéro 11) était logiquement le Marseillais le plus haut à Strasbourg, entre le rond central et la surface adverse. Contre Paris, Mitroglou s’est généralement retrouvé beaucoup plus bas, au point d’être dans le rond central, derrière Payet (numéro 10). Et ce fut peut-être son match le plus difficile sous le maillot marseillais. Aucun tir au but et beaucoup de duels perdus, il est sorti à la 66ème minute. Le match à Lille fut très similaire à celui contre le PSG, à la fois dans le positionnement et dans la copie rendue par Mitroglou. Contre le LOSC, l’ancien du Benfica est sorti après 53 minutes. Que faut-il conclure de tout cela ?
Mitroglou aime la surface de réparation. C’est un buteur, pas un passeur. Certes, il a le physique (1m88) et la qualité technique pour jouer en remise et être un point d’appui, mais cette capacité reste limitée. Il n’est pas le genre de joueur à conserver le ballon pour faire remonter le bloc équipe. Bien intégré à un collectif, il peut affoler les compteurs à condition d’avoir le rôle qui lui convient : celui d’un avant-centre qui ne touche quasiment pas le ballon à plus de 25 mètres du but adverse. Cela demande également un collectif bien huilé. Si l’OM joue mal, il ne faudra pas compter sur Kostas Mitroglou pour les sortir du pétrin.
Si Rudi Garcia souhaite jouer avec Mitroglou seul en pointe, l’OM devra s’assurer la maîtrise du ballon et imposer son rythme tout le long du match. Comme contre Strasbourg et Caen. Pas comme contre Paris et Lille. Sinon, il faudra songer à une cohabitation Germain – Mitroglou. Ou même à remplacer Mitroglou par Germain. Lorsque ce dernier est entré en jeu à la place du Grec contre Lille, la fluidification du jeu fut frappante. De quoi donner des maux de tête à Rudi Garcia.
Photo credits : NICOLAS TUCAT / AFP