[Premier League] Nicolas Pepe, retard à l’allumage ?

Le 1er Août 2019, Arsenal cassait la tirelire pour s’offrir les services d’un joueur extrêmement convoité au sein du Vieux Continent. 80 millions d’euros sur la table pour enregistrer l’arrivée d’un des meilleurs artilleurs de Ligue 1 : Nicolas Pepe, en provenance de Lille. Un transfert qui avait fait grand bruit, compte-tenu du montant du transfert, mais aussi du joli coup sportif réalisé par les Gunners. Pisté par le Bayern Munich, Liverpool mais surtout Naples, l’homme providentiel de Lille avait finalement opté pour Arsenal et sa colonie francophone. 
Inéluctablement associé à la somme astronomique déboursée par les Londoniens, le jeune ivoirien connait des débuts mi-figue mi-raisin dans la capitale anglaise et cristallise de nombreuses interrogations outre-Manche. Décryptage des premiers pas de Nicolas Pepe sous ses nouvelles couleurs.

« Arsenal est le bon choix pour Nicolas. Nous avons toujours fait des choix sportifs et Arsenal apporte une formidable continuité. Il faut savoir que Lille a reçu des offres de clubs du top 5 européen mais nous, ses conseillers, nous voulions la garantie qu’il soit titulaire. L’aspect principal est de penser au joueur et non à la commission. Il fallait un club qui donne à Nicolas la considération qu’il mérite, Arsenal est ce club. » Samir Khiat, agent de Nicolas Pepe

La Ligue des Champions en ligne de mire :

Arrivé le vent en poupe à Arsenal, Nicolas Pepe illustrait parfaitement l’ambition retrouvée du club du nord de Londres sur le marché des transferts. Particulièrement actifs en fin de mercato, les Canonniers auront déboursé la bagatelle de 152 millions d’euros afin de retrouver incessamment sous peu, la plus prestigieuse des compétitions européennes. Depuis près de trois saisons, les Gunners courent désespérément derrière une qualification en Ligue des champions. L’an passé, les protégés d’Unai Emery se sont écroulés dans le money-time. Une désillusion qui avait profité aux rivaux historiques Chelsea et Tottenham, qui ne s’étaient pas fait prier pour voler au nez et à la barbe des Gunners leur ticket pour la Coupe aux grandes oreilles.
Tierney, David Luiz, Martinelli, Ceballos et Pepe ont débarqué, afin d’apporter une réelle valeur ajoutée à une équipe qui ne cesse de décevoir au fil des années. Nicolas Pepe arrive avec un statut particulier de tête de gondole. Transfert record du club, il devra rapidement supporter une pression nettement plus importante que ce qu’il avait connu jusqu’à présent. Aussitôt arrivé, aussitôt sur le terrain, il n’eut pas le temps de prendre ses aises dans cette nouvelle ville, ce nouveau championnat, ce nouveau club.

Des débuts remarqués :

Dans le cadre de la première journée de Premier League, son aventure avec les Gunners débute par un déplacement périlleux à St James’ Park. Récent transfuge du LOSC, il débute sans grande surprise sur le banc des remplaçants aux côtés d’Alexandre Lacazette, diminué physiquement. Face à la bande de Steve Bruce, réputé pour son style rigide et peu offensif, Magpies et Gunners se quittent à la mi-temps dos à dos, sur un score vierge et sans saveur. Les choses se décantent progressivement en seconde mi-temps avec l’ouverture du score de Pierre-Emerick Aubameyang, rare motif de satisfaction du début de saison à Arsenal. Ses coéquipiers sont quelque peu malmenés par des Magpies entreprenants. À vingt minutes de la fin de cette rencontre, Nicolas Pepe fait son apparition à la place de Reiss Nelson, enfant du club. Ses débuts furent mitigés, et il n’eut pas l’occasion de se mettre réellement en évidence, si ce n’est, quelques changements de direction de toute beauté. Le plus important était sûrement ailleurs. Une première victoire, et une première rencontre dans ce nouveau championnat. Le regard tourné vers les prochaines échéances.
Une semaine plus tard, Arsenal reçoit Burnley. Les Gunners étaient dans l’obligation de prendre les trois points avant le périple à Liverpool. Encore une fois brouillons dans le jeu, les Gunners peinent à prendre le dessus sur les Clarets. Emprunté sur la première mi-temps Reiss Nelson cède sa place à Pepe. Pour la première fois, il foule la pelouse de son nouvel antre, celui où il est promis à réaliser de grandes choses. Ce premier contact avec les supporters est fructueux, puisque l’ancien angevin fit étalage de toute sa classe. Dribbles chaloupés, débordements, différences à la pelle, Pepe affiche pléthore de ses qualités et fit un bien fou à l’animation offensive. Sauvés une nouvelle fois par le buteur maison Aubameyang, Arsenal l’emporte 2-1. Nicolas Pepe monte en puissance et sa place dans le 11 semble d’ores-et-déjà acquise.

Vient la 3ème journée de Premier League. Arsenal se déplace chez le champion d’Europe Liverpool. Anfield, synonyme de cauchemars pour les rescapés de 2017 et 2018. 4-0, 5-1, les Gunners avaient littéralement explosé face à l’armada offensive des Reds. Cette saison, ils aspirent à venir avec d’autres ambitions, auréolés d’un recrutement conséquent. Pour faire déjouer cette équipe, le technicien basque tente un 4-4-2 losange avec Aubameyang associé à Nicolas Pepe sur le front de l’attaque. Le but étant de défendre relativement bas, avec un bloc bien compacte dans l’axe et contrer rapidement sur les flèches de devant. Une approche qui met en exergue les différences que peut apporter l’ancien feu follet du LOSC. À plusieurs reprises, il s’offre des raids solitaires de grande classe, mettant au supplice Andy Robertson ou encore Virgil Van Dijk, excusez du peu. Il passera tout près d’inscrire un but somptueux, après une contre-attaque éclair.

Les Gunners finissent par craquer sur corner, et subissent la foudre des Reds. Défaite 3-1, mais la partie de l’Ivoirien est porteuse d’espoirs. Très bon dans la finition lors du dernier exercice de Ligue 1, Pepe aura manqué de lucidité pour réellement marquer les esprits à Anfield. Entre ses feintes de passes et de frappes réussies, ses accélérations redoutables, et son aisance technique balle au pied notamment à haute intensité, Nicolas Pepe aura montré un large panel de ses capacités, et de ce qu’il peut apporter à cette équipe d’Arsenal. Un effectif où il manquait un joueur offensif capable de déstabiliser les défenses adverses avec le ballon.

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Face à des blocs bas bien regroupés, la clé peut venir de Pepe. Surtout avec le départ d’Alex Iwobi vers Everton.
S’en suit le North London Derby face aux Spurs. Il débute titulaire. Cependant, il est aligné sur l’aile droite de l’attaque des Gunners. Lacazette retrouvant sa place dans l’axe et Aubameyang doit se décaler sur le côté gauche. L’occasion d’observer avec attention ce trio qui en fait saliver plus d’un. Une association qui semble s’apprécier en dehors des terrains. Les anciens Lacazette et Aubameyang se sont montrés enthousiastes quant à la venue de l’Ivoirien. De ce fait, ils l’ont très bien accueilli afin de faciliter son intégration. Après 40 minutes de jeu, Tottenham créé la sensation, et mène 0-2. Le trio offensif est bien muselé et Arsenal semble complètement amorphe. Juste avant le retour aux vestiaires, les Gunners, piqués au vif, reviennent dans la partie avec une réalisation de Lacazette, bien servi par Pepe. La seconde mi-temps est complètement à l’avantage des rouge et blancs, et l’ancien lillois est dans la lignée du match précédent. Une activité folle, des courses à répétition, des dribbles à foison, et une difficulté hallucinante à être lucide dans le dernier geste. Pour ne pas changer, Aubameyang sauve les siens, et Gunners comme Spurs doivent se partager les points. Une mauvaise opération sur le plan comptable pour Arsenal. Deux prestations coup sur coup qui laissent les supporters sur leur faim. Nicolas Pepe est déjà dans le tempo, mais sa finition est portée disparue. Le prix, revenant inlassablement sur le devant de la scène, surtout après une contre-performance collective.

Néanmoins, les promesses dans le jeu sont à retenir. Tous les voyants sont au vert pour voir Pepe prendre du galon et éclabousser de tout son talent les pelouses de Premier League après la trêve internationale. La réalité est tout autre et les premières critiques cinglantes font inéluctablement leur apparition.

Une irrégularité problématique ?

Aux abonnés absents, Arsenal est complètement dépassé à Watford, bon dernier de Premier League. Une prestation insipide, où les Hornets tirèrent près de trente fois. Une partie en demi-teinte, où l’Ivoirien éprouva les pires difficultés du monde à sortir son épingle du jeu. Malgré ses performances en dents de scie, le natif de Mantes-La-Jolie conserve la confiance de son entraineur : « Comme beaucoup de joueurs quand ils sont arrivés ici, le premier mois, la première année n’est pas facile pour eux. Mais je vais travailler avec lui pour faciliter son adaptation. »
Quelques jours plus tard, il prend part à ses premières minutes dans une compétition européenne à Francfort. Rentré en fin de match, il est intéressant mais dans l’ombre d’un jeune bourré de talents, qui ne cesse d’enchanter les fans d’Arsenal. Saka, auteur d’un match XXL, commence à prendre du poids au sein de l’effectif. Virevoltant, puissant, adroit techniquement, et surtout plein d’envie, le jeune formé au club commence petit à petit à redistribuer les cartes sur le front de l’attaque. Reiss Nelson, décevant depuis le début de saison semble déjà en faire les frais.
Très irrégulier depuis son arrivée, on pensait que ce premier but inscrit sur penalty face à Aston Villa quelques jours plus tôt à domicile allait enfin libérer définitivement Pepe.
Mais il n’en est rien et ce dernier retombe dans ses travers contre Manchester United.
Face à Pogba et consorts, Pepe et Saka viennent épauler Aubameyang. Ce fut probablement la pire prestation de Pepe sous le maillot d’Arsenal.

Imprécisions techniques, manque de replis défensifs, un body language contestable et un dernier geste défaillant, l’ancien lillois passe complètement à côté de son match. Une nouvelle fois pas aidé par l’animation collective de l’équipe, les critiques s’abattent sur ses épaules.
Couplé aux failles collectives de l’équipe, Pepe en prit pour son grade, à l’image des critiques successives de Martin Keown, légende du club qui ne cache pas ses interrogations sur Pepe :  « Est-ce que Pepe va réussir à intégrer l’équipe ? Les dirigeants ont payé une énorme somme d’argent pour lui et Lille doit bien rire en allant à la banque. Ce n’est que le début de son aventure à Arsenal et peut-être qu’il arrivera inverser les choses mais je n’ai pas du tout vu ce que j’attendais de lui. »
Lors du dernier match face à Bournemouth, Nicolas Pepe délivre une passe décisive pour David Luiz sur corner. Outre cela, il est entreprenant et actif sur son côté droit. Remplacé à l’heure de jeu, il est crédité d’une bonne rencontre.

Mais on est encore loin de voir le Nicolas Pepe inarrêtable que l’on voyait sous les ordres de Galtier. Sur courant alternatif, il n’a fait trembler les filets qu’à une seule reprise, sur penalty. Tantôt brillant dans ses dribbles, sa facilité à éliminer les adversaires comme à Liverpool ou face à Burnley.

Tantôt invisible, imprécis et jouant avec le frein à main comme à Old Trafford. Ce dernier souffre d’un manque de confiance criant et doit se plier aux exigences physiques de la Premier League. Il doit assumer un transfert important, et s’adapter à sa nouvelle vie anglaise. De nombreuses personnes croient en Pepe, en témoignent les déclarations d’Arsène Wenger ou encore Wilfried Zaha, son compère ivoirien : « Je vois les réseaux sociaux, je vois tout et s’il y a une chose c’est qu’il a besoin de temps. Il vient d’un autre championnat, il est jeune. Il y a l’étiquette de son prix qu’il ne s’est pas mise sur lui-même, les gens lui en ont parlé à cause de ses performances, alors vous devez lui laisser le temps de reproduire cela, ça ne va pas se passer comme ça ».

Il faut laisser du temps à Nicolas Pepe pour montrer toute l’étendue de son talent au sein des Gunners. Profil atypique, il est le joueur dont Arsenal avait cruellement besoin l’an passé pour débloquer des parties cruciales. Malgré son irrégularité, et ses manques de repère, Pepe s’est déjà illustré à de nombreuses reprises. Ne reste plus qu’à régler la mire et empiler les buts. Le reste ne sera qu’histoire.

Crédit photo : PA Images / Icon Sport.

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Sinon, c'est si cool que ça d’être champions ?