Paul Scholes, le joueur préféré de ton joueur préféré

Teint blafard, regard inexpressif et physique de gringalet. Paul Scholes était l’antagonisme du paraître, et sa façon de jouer au football y faisait écho. Pourtant, le milieu anglais est considéré par beaucoup comme le plus grand de son époque.

« Ce Scholes n’a aucune chance de devenir footballeur, il est trop petit. » Sir Alex Ferguson, visionnaire. A 16 ans et le visage marqué d’acné, Paul Aaron Scholes s’est vu condamné par son futur entraîneur qui ne l’avait encore jamais vu jouer. « Il n’avait pas de force, acquiesce son éternel camarade Gary Neville. Il avait de l’asthme, il était lent… C’était facile de le bouger. » Comme laissent penser les 700 matches à Manchester United qui ont suivi, la tendance s’est vite inversée pour le garçon au mètre 68. « J’adorais voir les équipes adverses tenter de le sortir du match, raconte Ferguson dans son autobiographie parue en 2013. Il les emmenait là où elles ne voulaient pas aller et en une touche de balle, il trouvait la faille ou bien feintait et passait dans le sens opposé. Quand on gagnait facilement, il tentait parfois quelque chose de tordu et je me disais : “Il commence à s’ennuyer.” »

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Cheveux roux coupés court, Scholes a toujours fait dans la simplicité, de ses débuts en 1994 jusqu’à sa dernière danse en 2013. « Je ne me lasse jamais de le regarder jouer, s’enflammait Zinédine Zidane en 2010, dans les colonnes du Daily Mirror. Il est presque intouchable. Il ne te laisse pas une seconde avec la balle, il te rend la vie difficile. » Fort d’un cerveau qui scannait le terrain plus vite que les autres, Scholes a donné un regret à Zizou : celui « de n’avoir jamais eu la chance de jouer à ses côtés ». Une amertume partagée par Xavi. « C’est le meilleur milieu de terrain sur les 15 dernières années », établissait-il en 2011 dans le Guardian. « La façon qu’il avait de contrôler le tempo des matches, sa palette de passes, c’était incroyable », décrypte Ryan Giggs, qui le couronne « plus grand joueur de l’histoire de Manchester United ». Désolé Eric.

«Scholes joue comme les Espagnols Xavi et Iniesta»

Il va sans dire que sa frappe de balle canon (155 buts avec MU) et sa technique, mise au service d’une vision du jeu pharaonique, ont fait les belles heures des Diables Rouges. « Quand je suis arrivé en 2007, c’est Paul Scholes qui m’a vraiment surpris et impressionné », révèle l’ailier portugais Nani au cours d’un live Instagram. Scholes l’a donc « surpris ». Symptomatique de la gloire discrète que s’est octroyé le timide milieu anglais. « J’aime bien être en arrière-plan », confie « Scholesy » pour SoFoot, au cœur d’un entretien où il évoque cette sensation de « temps qui ralentit » avant de recevoir le ballon. Paul Scholes, c’est une capacité à initier le chaos organisé et mettre son équipe sur les bons rails. Son, et pas ses équipes. Car Scholes n’a jamais rugi au sein des Trois Lions.

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« Mais Scholes joue comme les Espagnols Xavi et Iniesta », clamait Harry Redknapp avant l’Euro 2012, militant en faveur d’un retour du rouquin avec l’Angleterre. Le fait est que le Mancunien, retraité de la sélection en 2004 à seulement 30 ans, n’y a pas trouvé sa place, pâtissant de la concurrence avec Frank Lampard et Steven Gerrard. Et que dire de cet incontournable débat entre les trois hommes, chacun symbole d’un club majeur du Royaume. Passé par Chelsea, le milieu portugais Deco tranchait en nommant… Paul Scholes. « C’était un type de joueur unique en Angleterre, analysait-il pour Bleacher Report en 2016. Il aurait pu jouer dans n’importe quel club. Sa gestion du jeu et de l’équilibre collectif… » Passé par MU et Liverpool, Paul Ince répond à la question au quart de tour : « Paul Scholes, aucun doute. Le meilleur passeur des trois. Il avait tout. »

Il serait injuste d’omettre les grands noms qui votent Stevie G (Bryan Robson, Kaka…). Tout autant que d’écarter l’opinion d’un certain Thierry Henry : « Avec Arsenal, on devait toujours trouver un moyen d’arrêter Paul Scholes. Il était en avance dans sa tête. » Anobli 20 ans après une carrière vertigineuse, Sir Bobby Charlton distingue une aura chez son héritier : « Il exhale l’esprit de Manchester United et tout ce qu’il y a de bon dans le football. » Interrogé sur ces louanges par beIN Sports, le Britannique range ses mains entre ses cuisses et serre les épaules, comme pour se faire plus petit qu’il ne l’est déjà. « Ça me gêne, souffle Paul Scholes. Mais je dois avouer être flatté. C’est très gentil, ça fait du bien de lire de telles choses. » Comme cela faisait du bien de te voir jouer, « Scholesy ».

Crédit photo : BPI / Icon Sport

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