MHSC : hommage à Souleymane Camara, dit «Camaradona»

 À 37 ans et après 13 saisons passées à Montpellier, Souleymane Camara va mettre un terme à sa carrière professionnelle. La fin d’une époque pour les fans du MHSC. Et l’occasion de rendre hommage à celui que ses supporters surnomment « Camaradona ». 

Une page se tourne du côté de Montpellier. Alors que l’inoxydable Vitorino Hilton, 42 ans, rempile pour une nouvelle saison, un autre joueur emblématique du club raccroche les crampons. Laurent Nicollin, président du club occitan, a confié dans les colonnes du Midi Libre que « la décision a été prise » concernant Souleymane Camara, qui « réfléchit à sa reconversion ». L’attaquant sénégalais est le joueur le plus capé de l’histoire du club, avec 433 matches au compteur. Il laissera un souvenir impérissable aux supporters montpelliérains, mais aussi à tous les amateurs de notre chère Ligue 1.

Camara, l’homme d’un club

Le joueur rêvait surement d’une autre sortie. Pouvoir saluer une dernière fois ses supporters depuis la pelouse de la Mosson, maillot marine et orange sur les épaules. La crise sanitaire en aura décidé autrement. Mais il en faudrait bien plus pour que Souleymane Camara sorte par la petite porte. Le président Nicollin a prévenu que le club « lui rendra l’hommage qu’il mérite » quand cela sera possible. Les supporters, eux, n’ont pas attendu le jubilé de celui qu’ils surnomment « Camaradona ». Rien de plus logique tant Camara a tout donné pour La Paillade. Deuxième meilleur buteur de l’histoire du club avec 76 buts (derrière Laurent Blanc, 84 buts), le Sénégalais a largement contribué à la remontée du club en Ligue 1 en 2009. Tout comme au titre de champion de France en 2012, le seul du MHSC.

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Pourtant, l’histoire d’amour entre Montpellier et Souleymane Camara n’était pas écrite par avance. Né à Dakar, il a 16 ans lorsqu’il est repéré par l’AS Monaco. Passé professionnel en 2001 dans le club de la Principauté, l’attaquant marque peu et ne parvient pas à s’imposer. S’ensuit un prêt à Guingamp, puis un retour à Monaco, sans plus de succès. En 2005, le joueur part chez le voisin niçois. L’expérience n’est pas plus concluante et Camara doit à nouveau changer d’air en 2007. C’est alors que Rolland Courbis, entraîneur du MHSC, joue les entremetteurs et le convainc de le rejoindre, en prêt. L’année suivante, Camara signe son premier contrat avec le club héraultais. Et dire qu’il était venu « pour se relancer, pas pour y rester aussi longtemps », avouait-il à l’Agence de Presse Sénégalaise. La suite, vous la connaissez.

« Super sub ? Je déteste ce surnom »

Une histoire faite de hauts et de bas pour celui qui comptabilise aussi 35 sélections avec les Lions de la Teranga. En 2002, Camara est du voyage au Mondial en Corée du Sud et au Japon, s’offrant même le luxe de battre l’équipe de France (1-0). L’aventure se terminera en quart de finale après une défaite face à la Turquie (0-1). De sa carrière, on ne retiendra pas ses statistiques. 12 buts pour meilleur bilan saisonnier, rien de bien impressionnant pour un buteur de haut niveau. Mais là n’est pas le plus important. Souleymane Camara, c’est aussi un exemple. Un joueur au professionnalisme et à la mentalité exceptionnels.

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Souleymane Camara a toujours su se mettre au service du collectif. Quitte à parfois éprouver une certaine frustration individuelle. Régulièrement sur le banc au coup d’envoi, ses rentrées en jeu ont souvent permis au MHSC de faire la différence. Ce rôle lui a valu le surnom de « super sub ». Lui a pourtant toujours refusé cette étiquette, se considérant, à juste titre, comme un membre à part entière d’un collectif qui ne se limite pas à 11 titulaires. « Je déteste ce surnom, pestait Camara au Parisien en mai 2018. Dans une entreprise, si le patron distribue du travail et dit aux autres “Vous bossez toute la journéeet à vous “Toi tu travailles seulement 10 minutes”, vous le prendriez bien ? Moi, je ne suis pas un footballeur remplaçant. Je respecte les choix du coach, mais je ne peux pas m’en satisfaire. Sinon, c’est la fin. » Une implication qui mérite bien la reconnaissance éternelle des supporters montpelliérains. Et pas seulement.

Attaquant et… gardien !

L’attaquant sénégalais est aussi devenu un joueur emblématique du championnat de France. De par sa longévité, d’abord. À travers quelques moments forts aussi. Certains se souviendront de son but victorieux face à Caen (1-0) le 5 août 2017, en forme d’hommage au président Louis Nicollin, décédé quelques semaines plus tôt. D’autres de son but libérateur en fin de match pour une victoire de prestige face au PSG (3-2), en avril 2019.

Souleymane Camara aura même gardé les cages de son équipe. Le 2 février 2018, Montpellier affronte Sochaux en 16es de finale de Coupe de France. On joue les prolongations et Geoffrey Jourdren est expulsé. C’est alors Camara qui enfilera les gants. Épisode insolite d’une carrière bien remplie, et qui touche aujourd’hui à sa fin. Peut-être aura-t-on l’occasion de revoir Souleymane Camara sur le bord des terrains dans les années à venir, dans un autre costume cette fois. Laurent Nicollin a déclaré au Midi Libre qu’il «lui laisse la porte ouverte ». Un juste retour des choses pour un joueur devenu, à sa manière, la personnalité marquante d’un club et d’un championnat.

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Crédit photo : Icon Sport

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