[Bilan mi-saison] L’OL rugit au sommet

Invaincu depuis le 15 septembre, premier de la Ligue 1 quasiment à mi-parcours et une équipe agréable à regarder : l’OL retrouve enfin de sa grandeur. Après une fin d’été et un début d’automne laborieux, les hommes de Rudi Garcia finissent leur première partie de saison en boulet de canon. Analyse de l’excellente dynamique lyonnaise.

Une défense entre satisfaction et vigilance

Tout vient à point à qui sait attendre. C’est sûrement ce que les supporters lyonnais se disent ces derniers temps. Et Rudi Garcia incarne parfaitement ce dicton, lui qui les aura fait patienter un mois et demi avant de trouver la formule idéale pour son équipe. Entre une défense à trois vite démodée en sortie de Final 8, ou un 4-2-3-1 bien trop stérile, la solution est finalement apparue à la Meinau où le Nemourien de naissance lance un 4-3-3 et les ingrédients qui vont avec. Résultat : l’OL en colle trois à Strasbourg en 42 minutes. Si la défense lyonnaise a joué à se faire peur en deuxième mi-temps (2-3 score final), c’est elle qui fonde la bonne série lyonnaise du moment.

À LIRE AUSSI : LES LEÇONS ESTIVALES DE L’OL

Longtemps à la recherche d’une bonne assise défensive, le club lyonnais peut aujourd’hui compter sur trois individualités en forme. Dans cette défense à quatre immuable au fil des matches, on retrouve l’axe fort Lopes – Marcelo – Denayer, artisan des nombreuses victoires . En commençant par Anthony Lopes, lui qui retrouve enfin sa suprématie dans ses cages (et dans ses 16 mètres 50). Malgré un nombre de clean-sheets relativement faible (5), ses statistiques personnelles soulignent des performances dignes du gratin européen : moins d’un but concédé par match, un pénalty arrêté et surtout un total de 2,5 buts sauvés si l’on se base sur les Post-ShotxG (16,5PSxG pour 14 buts concédés). Pour l’aider, la charnière Marcelo-Denayer montre son meilleur visage depuis le début de leur association. Leur concentration sur 90 minutes, le leadership qu’ils dégagent et leur solidité permettent à l’OL de ne pas se tirer une balle dans le pied en concédant bêtement un but.

Cependant, tout n’est pas parfait dans cette ligne de 4 où les latéraux sont clairement le point faible lyonnais. Léo Dubois et Maxwel Cornet, définitivement reconverti à ce poste d’arrière gauche, présentent des lacunes qui peuvent mettre en danger l’OL. Des faiblesses défensives dans la mesure où l’international français reste fébrile en un contre un, sans oublier que l’équipe n’est jamais à l’abri d’une saute de concentration de l’Ivoirien. Puis offensives, puisqu’il est difficile de cerner l’apport réel des deux en attaque. Entre centres ratés ou imprécisions techniques, l’OL a toujours du mal à bien combiner sur les côtés.

A LIRE AUSSI : [Tactique] L’abus de centres est dangereux pour la santé

La note reste globalement bonne pour la défense lyonnaise, souvent au coeur des critiques des équipes passées. On sent aussi un banc des remplaçants sérieux à travers Djamel Benlamri et surtout Sinaly Diomandé, auteurs de prestations satisfaisantes.

La relation gagnante

La recette n’a pas grand chose de compliqué : deux trios, l’un au milieu, l’autre devant, faisant ainsi la force de frappe de l’OL. Un triangle joueur au milieu de terrain, associé à un trident offensif rapide et mobile, le tout rendu possible grâce à six joueurs à vocation offensive, doués techniquement, et remarquables lecteurs du jeu. Loin d’être l’excellence tactique, la bonne relation entre milieu et attaque ravit les supporteurs lyonnais.

Au coeur du système à la baguette des offensives, se trouve Memphis Depay. À mi-chemin entre un 9 et demi et un faux-numéro 9, le batave enfile à merveille son costume d’électron libre qui lui allait si bien avec les Pays-Bas sous Koeman. C’est dans le dernier tiers de terrain que le néerlandais opère en se chargeant de connecter les deux milieux relayeurs aux deux ailiers. 8 buts et 4 passes décisives au compteur, 42 passes clés, joueur réalisant le plus d’actions menant à un but (10) mais aussi troisième joueur le plus recherché dans le jeu derrière Denayer et Marcelo : l’homme fort de l’OL est bien son capitaine.

À LIRE AUSSI : MEMPHIS DEPAY, ITINÉRAIRE COMPLIQUÉ D’UN ENFANT SURDOUÉ

À ses côtés, loin d’être les joueurs les plus attendus, Karl Toko-Ekambi et Tino Kadewere sont pourtant les très bonnes surprises de cette première moitié de championnat, comptabilisant déjà 16 buts à eux-deux. Une association pas forcément évidente à imaginer sur la feuille de match mais qui prend tout son sens sur le terrain ; à gauche Toko-Ekambi généreux dans sa disponibilité et piquant dans ses appels, à l’opposé Kadewere intelligent dans ses déplacements et remarquable dans son sens collectif. Le gros point positif de ce trident finalement complémentaire, réside dans sa faculté à mettre de la vitesse dans les offensives. Résultat, ce sont 41xG pour seulement 32 buts inscrits, traduisant deux choses : d’abord une inefficacité en début de championnat qui a coûté des points aux lyonnais, puis une certaine marge de progression.

Par ailleurs, cette capacité à se créer des situations dangereuses en attaque résulte du formidable milieu de terrain lyonnais. Couverts de louanges durant les dernières semaines notamment après les prestations à Metz ou à Paris, les trois hommes au coeur du jeu rayonnent. Ils font vivre l’équipe grâce à leur profil à la fois technique et intelligent. Entre les facilités déconcertantes d’Aouar et Paquetà pour mettre les attaquants dans les meilleures dispositions, et la facilité de sortie de pressing de Guimarães et Thiago Mendes, les choix deviennent complexes pour Garcia. Car si la montée en puissance de Paquetà arrive presque à faire oublier l’incompréhension de l’éviction de Maxence Caqueret du 11, le choix entre les deux brésiliens au poste de sentinelle devient un véritable casse-tête tant l’ancien lillois est revenu à son meilleur niveau. En bref, c’est un régal pour la Ligue 1 et les téléspectateurs de voir une telle concurrence dans ce milieu lyonnais.

Le rayon de soleil Paquetà

Pourtant, bien que les prestations collectives soient au rendez-vous, les projecteurs sont braqués vers un seul homme. Numéro 12 dans le dos, une patte gauche soyeuse et des appuis dansés aux couleurs brésiliennes, oui, on parle bien de Lucas Paquetà. Arrivé en provenance de l’AC Milan pour (seulement) 20M€, le remplaçant numérique de Jeff Reine-Adélaïde vient compléter un secteur déjà bien garni avant son arrivée.

Malgré des débuts sur la pointe des pieds, le brésilien, voulant sûrement réserver un peu de surprises pour les fêtes, a gardé la confiance de Rudi Garcia. Aujourd’hui, il est en pôle dans la hiérarchie. Loin d’être embêté avec le cuir dans les pieds, l’OL détient un élément capable de fluidifier son jeu. Un paradoxe pour une équipe qui compte dans ses rangs Houssem Aouar, Maxence Caqueret ou Guimarães. Pourtant, le profil est encore différent : moins actif qu’un Maxence Caqueret mais plus fin techniquement, moins percutant qu’un Houssem Aouar mais plus fort dans la protection de balle. L’autre point fort du brésilien demeure dans sa qualité de passe : peu de déchet, des passes claquées dans le bon tempo et une capacité à trouver des joueurs presque introuvables par de sublimes passes cachées.

Paquetà permet enfin d’animer le demi-espace droit, équilibrant géographiquement les sources de dangers lyonnaises : à gauche Aouar, au centre Memphis, à droite Paqueta. De plus, son pied gauche dans cette position de relayeur droit, ouvre des lignes de passe vers Kadewere. Cette possibilité est synonyme d’une bonne entente entre les deux joueurs, qui sentent et jouent le même football.

Objectif podium… c’est tout ?

La chanson, on la connait, Jean-Michel Aulas nous la répète tous les ans : l’objectif pour l’OL, c’est de se qualifier pour la Ligue des Champions. Or, il semble qu’en cette période de fêtes, la donne ait changée. Effectivement, le club se place tout en haut du classement au coude à coude avec le LOSC et le PSG. Un podium qui a déjà un look de fin de saison puisque une course à trois se dessine clairement pour la deuxième moitié du championnat ; Rennais et Marseillais ayant accusé le coup de la Ligue des Champions et laissé derrière eux des points cruciaux.

À LIRE AUSSI : LIGUE 1 : QUEL BILAN SOUS LE SAPIN ?

Et l’OL peut avoir son mot à dire dans une lutte pour le titre. D’abord parce que les hommes de Jean-Michel Aulas auront un calendrier à leur avantage par rapport à leurs deux concurrents directs, en n’ayant pas de coupe d’Europe à disputer au printemps. C’est donc plus de fraîcheur physique et mentale dans une période souvent compliquée pour des clubs encore engagés sur deux voire trois tableaux. Un plus à ne pas négliger, surtout dans une année où la préparation physique de pré-saison a été tronquée par la COVID. L’autre point fort des lyonnais réside dans leur capacité à finir fort les saisons. On se souvient par exemples des 9 victoires sur les 10 derniers matches de la saison 2017/18, ou des 39 points pris sur la phase retour (sur un total de 72 à l’issue de la saison) lors de la saison 2018/19.

En somme, l’OL pourra aussi tirer profit des compétitions continentales prévues pour 2021. Côté Europe, l’Euro 2021 est évidemment en ligne de mire de certains internationaux. On l’imagine surtout pour Houssem Aouar qui aura à coeur de se mettre en lumière d’une part pour attirer l’oeil de Didier Deschamps déjà attentif à son cas, d’autre part pour se montrer aux grandes écuries européennes prêtes à bondir pour s’attacher les services du joyau lyonnais. Également côté Sud-Américain où la Copa America est certainement dans un coin de tête de Lucas Paquetà et Bruno Guimarães, eux-aussi scrutés par leur sélectionneur Tite. Enfin, Memphis Depay (s’il venait à finir la saison) aura lui aussi tout intérêt à montrer le meilleur de lui-même s’il veut s’ouvrir les portes des cadors européens.

Entre rebondissements, blessures, COVID ou départ surprise au mercato hivernal, la saison de l’OL peut basculer à peu de choses près. Malgré tous les aléas du football, l’OL redonne un vent de fraîcheur à ses supporteurs et à la Ligue 1. Tous les signaux sont au vert pour foncer vers une deuxième partie de saison qui s’annonce excitante.

0