Les Red Devils vivent une nouvelle saison difficile. Manchester United est loin de ses glorieuses années en tête de championnat et de ses épopées européennes qui ont construit la légende du club. Ce soir (21 heures), les Mancuniens peuvent retrouver les demi-finales de la Ligue des champions pour la première fois depuis 2011. Mais rien n’empêchera les grands changements prévus cet été à Old Trafford.
United, un petit poucet ?
Les grands clubs ne meurent jamais, explique l’adage, et cette Ligue des champions 2018-2019 en est la preuve. Si l’Ajax en a donné la plus belle, Manchester United s’est aussi rappelé aux bons souvenirs de toute l’Europe au Parc des Princes. Les Mancuniens sont allés y chercher une folle qualification (3-1), tant les hommes de Thomas Tuchel les avaient dominés à Old Trafford (0-2). Mais ce soir-là, les Red Devils étaient dans la peau du petit poucet, un constat inacceptable pour les supporters du club.
La vérité fait mal, mais United ne fait plus peur. Au tirage au sort des huitièmes de finale, le pourtant triple vainqueur de la Ligue des champions était, de l’avis des suiveurs, l’un des meilleurs tirages. Car l’époque Ferguson, avec ses nombreux trophées nationaux et européens, paraît bien loin. Depuis le départ de la légende écossaise en 2013, quatre entraîneurs se sont succédés sur le banc d’Old Trafford : David Moyes, Louis Van Gaal, José Mourinho et enfin, depuis décembre dernier, Ole Gunnar Solskjaer. Aucun d’entre eux n’a réussi jusqu’ici à ramener la couronne d’Angleterre au Théâtre des rêves. Et si l’arrivée de l’ancienne gloire norvégienne à la tête du club a relancé United en championnat et en coupe d’Europe, l’avenir est encore bien flou.
Solskjaer (presque) incontestable
L’ex supersub adoré de ses supporters a sans aucun doute réussi son intérim. La belle série de douze matches sans défaite en championnat a séduit les dirigeants. Ceux-ci ont ainsi décidé de prolonger la lune de miel en offrant un contrat de trois ans à Solskjaer. Pourtant, les résultats sont moins bons depuis quelques semaines. Certains suiveurs commencent à égratigner l’ancien entraîneur de Molde, coupable de l’élimination de son équipe en FA Cup contre les Wolves (2-1). Son inexpérience du haut niveau et son expérience désastreuse avec Cardiff en 2014 (relégué de Premier League) sont souvent pointés du doigt.
Mais ces critiques sont encore très minoritaires. La majorité des supporters et plus important encore, les Red Devils eux-mêmes ont milité pour la prolongation du Norvégien. « Il veut toujours le meilleur, expliquait Romelu Lukaku hier sur le site officiel de l’UEFA. Il est pleinement concentré et très exigeant lors de chaque séance, et j’adore ça. Nous sommes là pour gagner, pas pour bien jouer mais perdre à la fin. » La dernière phrase résume bien le United de Solskjaer sur le terrain depuis décembre. Car au-delà de la simple lecture du classement, le nouveau coach a ramené avec lui l’esprit de Ferguson.
La hargne de Fergie pour combler les trous
Devenu presque ami avec son ancien coach au fil des années, le Norvégien le prend comme référence auprès des journalistes. L’ancien coach écossais s’est rendu au centre d’entraînement de l’équipe, et l’ex supersub a rembauché Mike Phelan, l’historique adjoint de Fergie. « Nous devons redécouvrir la manière de jouer de Manchester United, clamait Solskjaer avant la double confrontation de C1 contre le PSG. Les adversaires souffrent à Old Trafford quand nous sommes tous dans le bon état d’esprit. Il s’agit de faire le jeu et de toujours croire en soi. »
Jouer crânement sa chance, voilà la philosophie solskjaerienne. Une attitude conquérante pour cacher les manques évidents de l’effectif. Car celui de Manchester United n’est pas celui d’un prétendant au titre en Premier League, encore moins en Ligue des champions. « Nous voulons être à nouveau le club anglais qui fait partie de ce club fermé », rêve Lukaku. Le chemin est pourtant encore long. Pour le huitième de finale retour de C1 au Parc des Princes, Solskjaer a aligné un onze improbable. Bailly arrière droit, un milieu Fred – McTominay, les rentrées en fin de match des néo-pro Greenwood et Chong… Des coups qui tenaient plus du bricolage que de réels choix tactiques du coach norvégien. La faute au carton rouge de Pogba à l’aller et à une invraisemblable pléiade de blessés (Sanchez, Lingard, Matic, Mata, Jones, Martial, Herrera, Valencia et Darmian).
Le « cas » Alexis Sanchez
Les Red Devils ont beaucoup subi les blessures et les méformes de certains de leurs cadres. Certains d’entre eux sont devenus méconnaissables, comme Alexis Sanchez. L’ancien Gunner n’a marqué que deux buts en 22 apparitions cette saison. Le Chilien est devenu le symbole de la mauvaise gestion d’Ed Woodward. Recruté en janvier 2018, Sanchez était pourtant plus convaincu par le projet de Manchester City. Mais l’offre salariale de United a tout changé. 400 000 euros par semaine (selon Total Sportek), c’est le double des salaires de Lukaku et De Gea. Un tel salaire pèse dans la masse salariale, mais fait aussi des jaloux. Ainsi, la prolongation du gardien espagnol, sous contrat jusqu’à juin 2020, traîne en longueur et inquiète sérieusement le board mancunien.
Sanchez sera donc poussé vers la sortie cet été, et il ne sera pas le seul. Entre les joueurs en fin de contrat (Valencia, Herrera, Darmian) et ceux en fin de cycle (Rojo, Mata), le dégraissage est déjà lancé. Trois joueurs sont d’ores et déjà intransférables, selon la presse anglaise : Marcus Rashford, David de Gea et Paul Pogba. Mais au cours de la saison, les deux derniers n’ont pas paru insensibles aux intérêts d’autres grandes écuries européennes. Comment Solskjaer pourra-t-il réussir à les convaincre de rester à Manchester ?
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Une nouvelle ère dès l’été prochain ?
La réponse : de nombreuses arrivées pour permettre aux deux stars de l’équipe de réaliser leurs objectifs européens au Théâtre des rêves. Solskjaer lui-même fait pression auprès du board pour obtenir les moyens de ses ambitions. Le Norvégien ne compte pas mettre de côté son centre de formation, mais espère des recrues extérieures. Selon le Telegraph, le jeune coach de 43 ans ne demande rien de moins que cinq signatures cet été. La liste est précise : un latéral droit, un défenseur central, un attaquant polyvalent et deux milieux de terrain. Le tout avant le début de la pré-saison le 13 juillet, s’il vous plaît.
Evidemment, les rumeurs pullulent outre-Manche. Les noms les plus souvent cités sont ceux de Kalidou Koulibaly, le roc de la défense de Naples, Aaron Wan-Bissaka, le latéral droit de Crystal Palace, révélation cette saison, ou la perle anglaise Jadon Sancho, exilé à Dortmund. Mais tout cela a un prix, et quelle enveloppe les dirigeants mancuniens sont-ils prêts à avancer pour retrouver les sommets ? La presse anglaise l’estime à 230 millions d’euros, une somme adéquate au grand chantier qui s’annonce à Old Trafford.
Crédit photo : Paul ELLIS / AFP