Six ans après un mythique Barcelone – Bayern Munich, Pep Guardiola retrouve les demi-finale de la Ligue des champions. En passant facilement le Borussia Mönchengladbach (4-0) puis en se sortant du piège Dortmund (3-2 ), Manchester City ira défier le PSG pour s’offrir une place en finale. En atteignant ce dernier carré, Guardiola réalise enfin son rêve bleu.
Entre mirage et souvenirs
À force, on s’était un peu fait à l’idée qu’on ne verra pas la version bleue ciel de Pep en demi-finale de Ligue des champions. Pourtant, le Catalan avait rapidement atteint ce palier du côté de Barcelone et de Munich : un abonnement aux rendez-vous entre 2008 et 2012 au Barça, rebelote au Bayern entre 2014 et 2016. Seulement voilà, depuis son arrivée en Angleterre en 2017, Monaco, Liverpool, Tottenham puis l’OL, lui ont tous interdit l’accès au dernier carré. Comme une anomalie pour un entraîneur de cette trempe, qui n’avait connu que des éliminations en demi-finale jusqu’en 2017. Presque une déception pour les supporteurs et dirigeants citizens, puisque le technicien a été recruté par Txiki et Soriano pour faire rentrer la partie azure de Manchester dans la cour des très grands à l’échelle continentale.
Comment expliquer ces échecs devenus répétitifs à force ? Pourquoi Pep n’a pas réussi à franchir ce cap plus tôt ? Il faut d’abord rappeler que la Ligue des champions… c’est la Ligue des champions. Les aléas rencontrés sur un format aller-retour n’ont évidemment pas les mêmes conséquences que sur 38 matches de championnat. Si l’une des compétitions est synonyme de régularité sur l’ensemble d’une saison, l’autre renvoie à une force sur 180 minutes. Là-dessus, City n’avait jamais convaincu et n’avait pas réussi à dépasser ce cap mental. Une analyse certes légère et simpliste mais qui peut expliquer en partie certaines éliminations. En réalité, le gros point noir des dernières années du Guardiola version Citizen restait la défense. Comment espérer une qualification quand l’équipe concède 18 buts sur les 7 rencontres éliminatoires ?
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Une défense bien trop perméable qui offrait littéralement des buts à l’adversaire, et mettait City rapidement dans le dur lorsque Monaco ou Tottenham en collaient 3 à l’extérieur. Au final, cette fébrilité défensive a poussé Pep à jouer contre sa nature. À adopter des systèmes plus sûrs, loin de ce qu’il proposait le reste du temps en championnat, il a déboussolé ses joueurs et n’a pas réussi à résoudre ses problèmes initiaux. L’étrange milieu contre l’OL, ou le 4-2-3-1 lors de la première manche contre les Spurs peuvent en témoigner.
Dortmund, le cap est franchi
À la pause mercredi soir, on se disait que City allait rater le coche encore une fois. Le spectre des années précédentes rôdaient et l’élimination pointait doucement le bout de son nez. Seulement, à la sortie des vestiaires, on a pu observer une équipe déterminée et certaine de ce qu’elle allait chercher. Si sur l’ensemble des deux rencontres contre le Borussia, Manchester City n’a pas été flamboyant dans le jeu, voire attentiste et nonchalante par moments, la victoire s’est dessinée grâce au courage des Skyblues. Le mordant de Kevin De Bruyne et surtout de Phil Foden ont été importantissimes dans la double confrontation (3 buts sur les 4 à eux deux). Le jeune crack anglais a enfilé le costume des grands soirs à l’aller pour offrir la victoire dans la douleur à City, puis au retour pour plier définitivement le match. Son inspiration géniale au Signal Iduna Park relève de ce qui a manqué à Manchester ces dernières années : ce but qui enfonce le clou permettant d’éviter une fin de rencontre pleine de frayeur.
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On pourrait dire que ce n’est que Dortmund, seulement un quart de finale. Mais au-delà du contenu, encore une fois loin d’être grandiose, ce passage en demies appartient peut être à cette catégorie de fameux matches «déclics». Éliminés à 45 minutes de la fin, menés 1-0 à l’extérieur, les hommes de Pep Guardiola ont su renverser la vapeur. City a tangué face aux contres allemands, mais City ne s’est pas écroulé dans ces fameux «temps faibles», contrairement aux matches contre Tottenham, Monaco ou Liverpool. City n’était pas vraiment inspiré sur attaque placée, mais City a puni lorsqu’il le fallait. Brouillon collectivement mais solide dans la tête, voilà le match clé qu’il manquait en Ligue des champions.
Paris, la date est prise
En août dernier, après le tirage au sort du Final 8, tous les spécialistes avaient coché un match au sommet entre Manchester City et le Bayern en demi-finale. Le Bayern était au rendez-vous mais les Skyblues ont de nouveau croisé le chemin de Maxwel Cornet. Cette année, le rendez-vous était de nouveau pris mais c’est bien le Bayern qui a échoué face à Neymar et compagnie. C’est donc 5 ans après leur dernière rencontre en quarts de finale (3-2) que City et le PSG se retrouveront le 28 avril. Quant à Pep Guardiola, le PSG version QSI, ça ne lui dit trop rien. En effet, le catalan n’a jamais croisé la route du club de la capitale sur un banc de touche. La dernière fois qu’il a eu à faire au club parisien, c’était sous la tunique blaugrana (ce jour-là plus bleue qu’autre chose) en 1997 avec la bande à R9 et Luis Figo (1-0). Ce sera également l’occasion pour Pochettino et Pep de se retrouver, quelques années après leur première rencontre sur les bancs des deux clubs catalans, puis après ce fameux quart de finale entre City et Tottenham en 2019.
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Alors à quoi s’attendre contre le PSG ? Bien que Manchester City soit sûrement l’équipe la mieux huilée collectivement, cette demi-finale sera loin d’être une partie de plaisir. Dans une configuration de match similaire au PSG-Bayern, où la possession est laissée aux Citizens, les contres parisiens sont fatalement inévitables. Manchester sera exposé à la vitesse de Mbappé et à la justesse de Neymar. Cependant, Pep va pouvoir s’appuyer sur la patience de ses joueurs en phase de construction afin de ne pas subir ces contres éclairs en permanence, là où le Bayern pouvait avoir tendance se précipiter et offrir des ballons dangereux. Guardiola devra s’inspirer de ce qu’a fait Ronald Koeman au match retour : instaurer un gros contre-pressing de manière à tuer dans l’oeuf toute transition rapide parisienne.
Vainqueur de l’OM à l’automne dernier, Pep va-t-il pouvoir inscrire un nouveau club français à son tableau de chasse afin de s’ouvrir les portes d’une finale à Istanbul ? Ça, personne ne peut le prévoir. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ce Manchester City – PSG va nous régaler.
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