S’il rime avec gaieté, l’été n’a pourtant pas toujours été un long fleuve tranquille pour les clubs de Ligue 1. Grands clubs impuissants face aux cadors espagnols, petits clubs vaincus par la manne financière anglaise, retour cette fois-ci sur l’épisode 2018-2019 du mercato estival.
La Ligue 1 Conforama 2017-2018 s’est clôturée en mai et avec elle, un nouveau chapitre prometteur des progrès du championnat de France s’est écoulé. Si le PSG a survolé les débats, l’ASM, l’OL et l’OM – pour ne citer qu’eux – ont produit des prestations intéressantes et de bon augure pour l’avenir.
Le futur, justement, parlons-en. Il se construit à chaque mercato et surtout celui d’été. Si après la Coupe du monde il est régulièrement lent et a du mal à se débrider, des tendances lourdes se dégagent déjà. Le Paris Saint Germain version Tuchel ne fait pas dans la dépense. 400 millions sur deux joueurs ont semble-t-il quelque peu calmé les ardeurs des propriétaires qataris qui n’ont cependant pas manqué de récupérer le très expérimenté Gianluigi Buffon (et le retour de prêt de Jesé, sait-on jamais). Si Boateng est annoncé sur les tablettes du club, il semble toujours manquer un arrière droit avec la lourde blessure de Dani Alves, un arrière gauche après le départ de Yuri Berchiche et un milieu défensif après la retraite de Thiago Motta. C’est surtout rayon départs que le club fait parler de lui. Berchiche, donc, mais aussi Krychowiak, Ikoné et le fameux Javier Pastore ont quitté la capitale. Avec l’absence de feuilleton Neymar, l’ambition de gagner la Ligue des champions demeure toujours. L’effectif a l’air stable pour cette fois passer les huitièmes de finale.
L’AS Monaco est incorrigible. Dès qu’on le laisse cinq secondes sans surveillance, le club de la Principauté en profite pour vendre son père, sa mère, le cousin sympa et l’oncle un peu raciste. Résultat, l’option d’achat de Kylian Mbappé a été levée (surprise), Ghezzal vendu 14 millions, Moutinho rentré à Wolverhampton (oui parce que c’est devenu un territoire sous tutelle portugaise), Diakhaby vendu, Lemar, Kongolo, Fabinho, bref. Tout le monde part et cela pourrait continuer avec Falcao, Sidibé et Boschilia. Côté arrivées, c’est surtout Golovin qui fait office de figure de proue du mercato monégasque. Pour le reste, énormément de très jeunes joueurs et le retour intéressant d’Aït Benasser. En conclusion, toujours cette ambition assumée de multiplier les plus-values. Au risque, pour l’instant non survenu, de voir la Ligue 1 devenir de plus en plus complexe à assumer.
L’Olympique Lyonnais est discret mais efficace. L’institution Aulas a rapidement vendu Darder et Nkoulou (options d’achat levées) puis Mateta, Kalulu, Diakhaby et Geubbels qui ont chacun renfloué les caisses du club. Si Dubois et Terrier sont les principales recrues lyonnaises, un voire deux défenseurs centraux de haut niveau sont attendus puisque l’on fait écho d’offres sérieuses pour Mina (qui va très probablement signer pour Everton) et Ruben Dias, chacun estimé à près de 40 millions d’euros. Enfin, et c’est peut être là que se joue le mercato lyonnais, le 11 type est resté totalement fixe, Nabil Fekir et Memphis Depay inclus. C’était principalement là la crainte de supporters lassés de voir leur club dépouillé sans n’avoir pu remporter un petit quelque chose. Les ambitions demeurent présentes du côté du Rhône et ils s’affirment en sérieux candidat à la Ligue des Champions.
L’Olympique de Marseille inquiète ou rassure selon les points de vues. Le club phocéen est extrêmement discret en ce mercato. Une seule recrue, Caleta-Car, pour 19 millions d’euros, de nombreux retours de prêts et des départs difficiles à gérer. Si Doria a quitté le club et Cabella bien parti pour suivre son chemin, ce n’est pas le cas d’Hubočan, de Khaoui, d’Abdennour, de Njie ou bien encore du décrié Zambo-Anguissa. Le feuilleton Balotelli agace et les supporters semblent impatients de voir le rayon arrivées se remplir. Pourtant, et il faut le souligner, le club a mis fin à la spirale infernale de fin de cycle labrunien puisque tous les cadres sont restés au club, y compris Rolando, et que la sérénité interne permet des ambitions nouvelles, notamment en matière de stade. Il sera intéressant de voir jusqu’où le groupe olympien, resté stable et que peu attendaient si haut l’an dernier, sera capable d’aller cette saison.
Mention spéciale à d’autres clubs qui réalisent un mercato notable, dans un sens ou dans l’autre.
L’OGC Nice s’est vu dépouillé de ses meilleurs éléments. Seri, Pléa, Le Marchand ou Marlon ont tous définitivement quitté le club, Balotelli semblant bien parti pour les suivre. Côté arrivées, il y a eu le recrutement d’Attal, prometteur latéral algérien, Danilo Barbosa arrivé de Braga au milieu et Christophe Hérelle ex défenseur troyen ainsi que le retour de prêt de Boscagli. De sérieux doutes se posent sur le recrutement des aiglons surtout en attaque. Sans nouveau numéro 9 en cas de départ de Super Mario, le club azuréen pourrait être inquiété.
L’AS Saint-Étienne a poursuivi sa relance, entamée avec l’arrivée de Jean-Louis Gasset l’hiver dernier. Si Bamba et Pierre-Gabriel ont quitté le club, Debuchy et Mvila ont prolongé leur contrat chez les Verts. Côté arrivées, avec Kolodziejczak, Khazri, le retour de Diony et peut être celui de Cabella, les Stéphanois s’autorise à penser à un redressement. Espoir et ambition pour le Chaudron.
Les Girondins de Bordeaux ont perdu Malcom, Contento et Rolan et n’ont, pour l’heure, recruté que Kalu, espoir nigérian venu de La Gantoise. La principale actualité girondine demeure en effet la vente du club et les espoirs entremêlés de crainte qu’elle suscite. En clair, tension et flou pour le club bordelais.
Le Stade Rennais a connu des doutes l’an dernier après le départ de son président et de l’emblématique coach Gourcuff mais il a su se redresser et se qualifier en Europa League. Le mercato est très intéressant. Si Khazri a préféré rejoindre Saint-Étienne, Damien Da Silva, Clement Grenier et Rafik Guitane notamment viendront gonfler l’effectif d’Ille-et-Vilaine la saison prochaine. Côté départs, ceux de Gnagnon et de Gourcuff sont notables. Travail et humilité côté breton pour la saison à venir.
Le LOSC a frôlé la catastrophe la saison dernière avec une dix-septième place flatteuse par rapport au contenu de la saison mais il a assuré l’essentiel, le maintien. Les dirigeants ont ainsi évité de répéter les erreurs de la saison passée. L’effectif n’a pas été bouleversé et l’expérience est venue s’additionner à la fougue de la jeunesse. Ainsi, si Bissouma, Malcuit et Amadou ont quitté le club dogue, Loïc Rémy, José Fonte, Ikoné, Bamba et Çelik sont devenu Lillois. Un vrai bon coup à jouer est possible pour les nordistes.
Le TFC réalise un mercato dans la lignée de celui de l’an dernier, très intéressant. S’il n’a pu résister aux départs de Diop et Lafont, il a su conserver son meilleur joueur, Gradel. Le club rajoute à cela Mathieu Dossevi et le très régulier John Bostock sans oublier le solide et sérieux Baptiste Reynet. Si Leya Iseka sera observé avec attention, les Toulousains ont su réaliser un nouveau mercato solide avec des moyens limités. Malgré tout, le retour d’Alain Casanova en tant que coach n’a pas été du goût de tous et l’incertitude totale règne au sein de la ville rose.
Au 7 août 2018, à quelques jours de la clôture du mercato anglais, la Ligue 1 Conforama a donc fait preuve d’ambition en conservant ses meilleurs joueurs, à défaut d’en attirer d’autres. Si ce bilan sera à contraster début septembre, il faut se réjouir des progrès d’un championnat si décrié mais qui, progressivement, se prépare à boxer parmi les grands.
Crédits photos : Zhong zhenbin / Imaginechina