Lyon : Quel avenir pour Fekir ?

L’Olympique Lyonnais entame un virage sans précédent cet été, avec un changement d’entraîneur et de direction sportive. Après les départs de Ferland Mendy et Tanguy Ndombélé, Nabil Fekir va-t-il connaître un destin similaire ? Ou son avenir s’écrira-t-il à Lyon ?

Une éclaircie transperce le ciel gris de Kiev et foudroie la pelouse du stade olympique. Nabil Fekir arme une lourde frappe du gauche aux 15 mètres, qui vient se loger dans la lucarne d’Andrei Piatov (1-1). Le capitaine de l’OL ne le sait pas encore, mais d’un exploit individuel, il propulse son club de toujours en huitièmes de finale de la Ligue des champions. La dernière demi-heure face au Shakthar Donetsk s’avère rude, sous une pluie ukrainienne battante. Finalement, Lyon s’extirpe du piège. Le temps fort d’une saison confuse, aussi bien pour l’Olympique Lyonnais que pour son numéro 10.

Genesio : «Nabil arrive à la fin d’un cycle»

Derrière Anthony Lopes, Nabil Fekir est aujourd’hui le plus ancien des Gones. Son ascension en 2014-2015, doublée d’un statut d’international acquis, donne naissance à un quatuor magique d’enfants du club : Samuel Umtiti, Corentin Tolisso, Alexandre Lacazette et, donc, Nabil Fekir. Le premier a rejoint le Barça en 2016, alors que les deux autres ont pris leur envol l’année suivante (Bayern Munich et Arsenal). Dernier des Mohicans, Fekir avait neuf orteils à Liverpool en juin 2018. Avant que le club du Rhône n’annonce que les «négociations tripartites n’ont pas abouti et que l‘Olympique Lyonnais a décidé de mettre un terme à cette négociation». «Ce sont des choses qui arrivent, c’est comme ça, commentait le milieu offensif fin août. Il faut avancer.» Pour lui, ce sera le petit trot.

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La saison 2018-2019 de Nabil Fekir s’est révélée comme l’une des pires (si ce n’est la pire) de sa carrière. À l’image de nombreux champions du monde, le Français de 25 ans a subi le contrecoup d’une pré-saison tronquée. Vidé mentalement par l’épopée des Bleus et son transfert avorté, Fekir n’a pas été épargné physiquement. Sur 52 matches, il n’en joue que 20 entièrement et en rate 12. La saison précédente, il avait disputé 31 rencontres intégralement. Une économie anticipée par Liverpool ? D’après les médias anglais, le dossier médical de Fekir avait refroidi les Reds.

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Conséquence de ces problèmes : le Lyonnais n’a jamais été aussi peu décisif sur une saison complète (12 buts, 9 passes décisives). Des statistiques qui reflètent son manque d’influence dans le jeu. Son entraîneur, Bruno Genesio, demandait à ce «qu’on lui foute la paix» en avril dernier. «Il a besoin de calme, de répit», assurait le futur ancien coach de l’OL. Puis en juin, au micro de RMC Sport, Genesio a estimé qu’un départ constituerait la suite logique : «Nabil arrive à la fin d’un cycle à Lyon. Il a connu beaucoup de choses. Je pense qu’il a besoin de connaître un autre challenge, de repousser ses limites, d’avoir aussi une remise en question.»

Fekir en relayeur, la fausse bonne idée ?

Avec un contrat qui se termine dans un an, il semble quasi certain que Nabil Fekir partira avant septembre ou prolongera à l’OL. Les ventes de Ferland Mendy (48M€ au Real Madrid) et Tanguy Ndombélé (environ 60M€ à Tottenham) ont déjà renfloué les caisses. Suffisamment pour vendre le numéro 10 «au rabais» de par son unique année de contrat ? Selon L’Équipe, Jean-Michel Aulas ne serait pas disposé à lâcher son capitaine contre moins de 30M€.

Pourtant, le président lyonnais évoquait en mai dernier un «bon de sortie» le concernant. Fekir, qui a refusé des offres de Chine, attendrait que la situation se débloque du côté du Betis Séville selon le Parisien. Le club andalou, qui serait déjà d’accord avec le joueur, doit toutefois régler le départ de Giovanni Lo Celso avant de valider le transfert. Même son de cloche du côté d’Arsenal, qui semble avoir désormais un train de retard et qui compte encore Mesut Özil dans son effectif. De plus, toujours selon L’Équipe, l’OL envisage de faire reculer Fekir et l’installer dans un poste de relayeur. Vrai choix tactique suggéré par Sylvinho, nouvel entraîneur, ou contrainte dû à un système en 4-3-3 ?

Une telle option mènerait à un milieu composé de Thiago Mendes, fraîchement recruté, Houssem Aouar et Nabil Fekir, donc. Une composition très portée vers l’attaque dont la complémentarité inquiète légitimement sur le papier. Lorsqu’il n’est pas libéré offensivement, Aouar a démontré des limites au poste de relayeur avec l’équipe de France Espoirs en juin dernier. Pour cause, le jeune prodige (21 ans) accuse de sérieuses lacunes dans un registre défensif qui ne correspond pas à ses qualités naturelles. Ainsi, l’Olympique Lyonnais risque de se heurter à un sacré casse-tête si départ de son capitaine il n’y a pas. Le nouveau directeur sportif, Juninho, affirmait encore ce vendredi que «la meilleure chose pour sa vie personnelle et professionnelle, c’est de continuer ici». Mais le Brésilien s’est aussi montré fataliste : «Honnêtement, je pense que ça va être difficile de le convaincre de poursuivre l’aventure.»

Est-il venu le temps de tourner la page ? Nabil Fekir dispose déjà d’un grand héritage à l’OL, ne serait-ce que par un brandissage de maillot à Geoffroy-Guichard passé à la postérité. Ses jours au sein d’une ville qui l’a vue naître et grandir pourraient bien être comptés. Qu’importe, l’amour des supporters restera. À Liverpool, Arsenal ou au Betis, Fekir le sait : il ne marchera jamais seul.

Crédit photo : LOIC VENANCE / AFP

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