Voyage en terre lisboète

Le verdict vient de tomber et les duels sont connus. Encore une fois et malgré le contexte, la Ligue des champions a su exciter son monde. Les meilleures équipes d’Europe s’affronteront dans des matches uniques et à éliminations directes. Ils auront lieu sur une période de 11 jours, du 12 au 23 août à Lisbonne. Retour sur un tirage des plus attendus.

Sur liste d’attente

Particularité de l’époque, l’ensemble du tableau de Ligue des champions jusqu’à la finale a été désigné au cours d’un seul et même tirage. Une subtilité d’autant plus singulière que certaines confrontations retour des huitièmes de finale restent à disputer, pandémie de Covid-19 oblige. L’occasion de faire un point sur les équipes encore en lice pour obtenir leur billet pour Lisbonne.

Vainqueurs 2-1 à l’extérieur, inutile de préciser que les Citizens ont pris une sérieuse option sur la qualification. Ils pratiquent un jeu toujours aussi léché, comme en témoignent les récentes corrections infligées à Liverpool (4-0) ou Newcastle (5-0). La tâche sera donc ardue pour le Real Madrid, mais pas impossible. Les hommes de Zinédine Zidane reviennent en force avec une cinglante série de 8 victoires consécutives en championnat et un Karim Benzema en pleine possession de ses moyens. Le match se jouera nécessairement sur la capacité de Manchester City à gérer un secteur défensif encore trop friable et celle du Real Madrid à fournir un match plein et entier sur 90 minutes.

Côté madrilène, Eden Hazard devrait être là, mais une absence de taille se fera sans doute ressentir. Sergio Ramos, deuxième meilleur buteur du club cette saison, est lui suspendu après s’être fait expulser à l’aller. City devra composer sans Sergio Agüero, blessé au genou il y a peu. Avantage City, mais d’une courte-tête. Le match sera palpitant.

Un bel exploit à l’aller (1-0) face une Juventus insipide permet à l’OL d’y croire. Des paramètres de taille entrent en compte à l’heure d’appréhender le match retour au Juventus Stadium.

Le premier, et c’est la principale inconnue, sera l’état de forme du club français après une campagne de matches amicaux et une finale de Coupe de la Ligue face au PSG. La seconde, c’est le retour de Jeff Reine-Adélaïde et Memphis Depay, qui seront sans doute déterminants pour décrocher une éventuelle qualification. La Juve a repris mais n’a pas rassuré pour autant. Elle reste capable du meilleur comme du pire, comme le prouve son match contre le Milan. En tête par deux buts d’écart, elle se fait remonter en moins de dix minutes à cause d’une défense catastrophique (4-2). La déclaration post-défaite de Sarri en témoigne : « Nos 60 premières minutes ont été de classe mondiale. Nous étions en contrôle total et nous avons eu cette panne. […] Il n’est généralement même pas possible de trouver les raisons de ces pannes inexplicables. »

La présence de Matthijs De Ligt, suspendu face au Milan, et l’excellente forme de Cristiano Ronaldo devraient cependant donner à la Vieille Dame un tout autre visage face à Lyon. Une Juventus intrinsèquement meilleure, mais sur courant alternatif face à un OL dont on ignore tout du niveau actuel, voilà une opposition bien incertaine.

À la faveur d’un but à l’extérieur, le Barça domine d’une courte-tête son mano à mano face à Naples (1-1). Les dynamiques des deux équipes laissent cependant un voile d’incertitude sur l’identité du qualifié.

D’un côté, la sinistrose semble régner au Barça. L’équipe dirigée par Quique Setién ne semble plus capable de trouver des solutions collectives pour faire basculer les rencontres. Une atmosphère qui semble peser sur les épaules de chacun et particulièrement sur un coach qui ne semble pas faire l’unanimité. Un milieu de terrain amorphe, des latéraux qui ne sont que l’ombre d’eux-mêmes et une animation offensive qui peine à s’automatiser. Tels sont les maux du Barça.

De l’autre, Naples semble être sur la voie de la guérison. La victoire en Coppa face à la Juventus semble avoir soudé un groupe, dont l’harmonie était jusque-là difficilement perceptible. Preuve en est la déclaration de Dries Mertens, lors de sa récente prolongation de contrat : « Nous avons traversé une période difficile et nous sommes tous responsables de cela, mais nous en sommes sortis plus forts. Nous sommes maintenant de retour sur la bonne voie. C’est pourquoi je pense que la victoire en Coppa sera un moment déterminant pour nous tous. » Face à un Napoli revanchard se dressera donc un Barça en quête de rédemption. Le suspense reste entier.

Sans doute l’affiche avec le moins de suspense des huitièmes de finale retour. Défaits 3-0 à l’aller, les Blues paraissent trop tendres cette saison pour aller chercher un Bayern en pleine forme. Jamais à l’abri d’une énième remontada, nous restons cependant lucides, ça va être très dur d’aller chercher les octuples champions allemands en titre.

Final 8 à deux vitesses

  • ¼ de finale n°1 : R. Madrid ou M.City – Lyon ou Juventus
  • ¼ de finale n°3 : FC Barcelone ou Naples – Chelsea ou Bayern
  • ½ finale n°1 : Vainqueur du ¼ n°1 – Vainqueur du ¼ n°3

Hormis le Bayern, il est très difficile de se projeter sur les trois autres équipes qui feront partie du Final 8. L’incertitude liée au fait qu’il reste des rencontres à jouer est renforcée par l’issue particulièrement incertaine de ces dernières. Difficile donc de se projeter de manière détaillée sur d’éventuels quarts de finale.

C’est d’ailleurs la partie de tableau qui semble la plus relevée sur le papier. Le Bayern semble être un candidat naturel à une demi-finale, tout comme le vainqueur de Real Madrid – Manchester City. Ces derniers paraissent plus armés que l’OL ou la Juventus en vue d’une confrontation directe, que ce soit sur la dynamique ou sur le collectif intrinsèque. Dans cette optique, une demi-finale Bayern – City ou Bayern – Real semble envisageable, sans être toutefois une vérité écrite dans le marbre.

  • ¼ de finale n°2 : RB Leipzig vs Atlético Madrid
  • ¼ de finale n°4 : Paris-SG vs Atalanta Bergame
  • ½ finale n°2 : Vainqueur du ¼ n°2 – Vainqueur du ¼ n°4

En ce qui concerne la seconde partie de tableau, toutes les affiches des quarts sont connues. Leipzig affrontera l’Atlético de Madrid dans une affiche où les Espagnols partent favoris. Tombeurs du champion d’Europe en titre, les hommes du Cholo sont invaincus depuis la reprise. Ils sont emmenés par un excellent Marcos Llorente et un surprenant Yannick Carrasco. Un collectif qui, malgré un début de saison poussif, a su relever la tête et revenir à hauteur du podium.

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Les Colchoneros sont toujours une équipe extrêmement difficile à manœuvrer, comme en témoignent les 26 buts encaissés seulement en championnat (2e meilleur total). Un défi de taille pour Leipzig, qui n’a pas à rougir de son excellente saison en Bundesliga avec une troisième place à la clé. Moins expérimentés et privés de leur serial buteur Timo Werner parti à Chelsea, les Allemands paraissent moins bien armés que l’Atlético. Le match reste cependant ouvert et nul doute qu’ils joueront crânement leur chance.

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Le second quart de finale opposera le PSG à l’Atalanta. Le club français atterrit dans une partie de tableau à priori moins relevée et, hormis peut-être Leipzig, bénéficie sans doute du tirage le plus favorable. Un tirage heureux sur le plan relatif, mais dans l’absolu, la partie ne sera pas simple. L’Atalanta figure parmi les équipes les plus spectaculaires du continent et réalise une saison remarquée. Troisième de Serie A, elle est de loin la meilleure attaque du championnat devant la Lazio (18 buts d’écart !) et figure au cinquième rang des meilleures défenses italiennes. L’Atalanta a d’ailleurs enchaîné 6 victoires consécutives grâce à 15 buts inscrits et seulement 5 encaissés, depuis la reprise. Ce ne sera pas une mince affaire pour le PSG, dont la principale inconnue reste l’état de forme de ses troupes. Comme l’OL, les hommes de Tuchel passeront par une phase de préparation, dont deux finales, qui sera décisive dans l’approche du match face à l’Atalanta. PSG favori, mais pas à l’abri à un stade de la compétition qu’ils n’ont encore jamais franchi.

L’Atlético et le PSG semblent se détacher, sur le papier au moins. Une véritable opportunité pour le club parisien de se frayer un chemin vers la finale, puisqu’il évitera le Real, City ou le Bayern, dans la quête de sa troisième finale européenne et sa première de Ligue des champions. Faites vos jeux !

Crédit Photo : IconSport

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