FC Victimes : l’équipe-type des joueurs menacés de mort

Le football est, de loin, le sport le plus populaire en Europe et dans de nombreux pays du monde. Des millions de personnes suivent les rencontres week-end après week-end. Cela leur procure beaucoup d’émotions. Tant que, pour certains, ces flux de bonheur auxquels peut succéder une tristesse infinie, débordent. Ce qui conduit parfois des supporters à déraper. Et à menacer leurs idoles de mort. Les cas ne sont pas rares. Tellement que nous vous avons concocté cette sélection mondiale des joueurs de football menacés de mort.

Gardien

Harald Schumacher : un patronyme a soumettre des chiens de garde, une réputation de FDP pour tout Français qui connaît un minimum l’histoire du football, la dentition quasi-complète de Patrick Battiston à son actif, un Euro et deux finales de la Coupe du Monde… Harald Schumacher a de quoi impressionner. Pourtant, depuis qu’il a agressé l’international français en demi-finale de la Coupe du Monde, 1982, le gardien allemand est détesté en France. Si bien qu’il est l’objet de menaces de mort à répétition. Et 35 ans plus tard, personne n’a oublié son geste et, surtout, tout le monde se souvient qu’il n’a ensuite pas daigné prendre des nouvelles de Battiston. Harald, le salaud de Séville, n’a toujours pas intérêt à venir passer ses vacances en France.

Défenseurs

Kevin Pezzoni : avec ses deux oreilles percées et son sourire niais, Kevin Pezzoni a la parfaite tête de la victime. Vous savez, celui, toujours assis au premier rang, à droite, en cours. Le mec sur qui on tape pour se défouler quand ça va pas. Voilà ce qu’a représenté Kevin Pezzoni pendant plusieurs mois pour les supporters du FC Cologne. Le joueur était tellement détesté par les fans du club qu’il s’est fait frapper et a eu le nez cassé. Quelques semaines plus tard, un groupe de supporters lui a tendu un guet-apens pour le menacer de mort après lui avoir fait clairement comprendre qu’ils ne voulaient plus de lui avec un mot laissé sur sa voiture. Fin août 2012, à 23 ans, Kevin Pezzoni a finalement demandé la rupture du contrat qui le liait au FC Cologne. Faveur accordée.

Pierre Womé : il a, lui aussi, joué pour le FC Cologne. Pierre Womé, défenseur camerounais, a été l’objet de menaces de mort après le domptage humiliant des Lions lors des éliminatoires du Mondial 2006. Les supporters de la sélection lui ont notamment reproché d’avoir manqué un penalty décisif. En octobre 2005, la maison du footballeur, à Yaoundé, a été saccagée. Sa voiture a été fortement abîmée et les mécontents se sont même attaqués au salon de coiffure de sa compagne.

Soner Ertek : la menace de mort avec ou non passage à l’acte est l’une des spécialités colombiennes. Soner Ertek, défenseur du club français de l’AS Chasselay, club amateur de la région lyonnaise, peut en témoigner. Il n’est pourtant pas engagé dans un réseau international de trafic de cocaïne. Son tort est d’avoir taclé un peu trop fort Radamel Falcao en janvier 2014, lors d’une rencontre de 16e de finale de Coupe de France. L’attaquant colombien est lourdement blessé au genou et rate alors le Mondial 2014. Ce qui a du mal à passer pour les supporters colombiens. Dans les jours qui suivent, #SonerErtek devient l’un des hashtags les plus recherchés sur Twitter et certains utilisateurs en viennent à souhaiter publiquement sa mort sur le réseau social.

Andrès Escobar : son expérience en fait le capitaine de l’équipe. Andrès Escobar, défenseur international colombien, a non seulement reçu des menaces de mort, mais ces dernières ont même été mises à exécution. Lors d’une rencontre de Coupe du Monde 1994 contre les USA, il a malheureusement inscrit un but contre son camp. Une erreur qui a entraîné la défaite de son équipe contre la sélection des USA et l’élimination des Colombiens. A leur retour au pays, les joueurs sont menacés par les supporters. La haine de ces derniers se focalise nettement sur Escobar qui doit signer au Milan AC pour la saison 1994/1995. Le 2 juillet 1994, alors qu’il quitte une discothèque de Medellin, le défenseur est pris à parti par plusieurs clients de l’établissement. Une voiture arrive, le garde du corps des frères Gallon, trafiquants locaux, en sort et vide son chargeur sur Escobar en criant « Gol » à chaque balle tirée. Andrès décède 45 minutes plus tard à l’hôpital de Medellin.

Milieux

Steven Defour : le milieu de terrain belge est, lui aussi, l’un des joueurs les plus expérimentés de cette sélection en termes de victimisation. Il a été l’objet de menaces de mort à deux reprises. Tout d’abord en 2009 : il est alors la cible de supporters d’Anderlecht et de la sélection nationale de la Pologne. La raison : une agression effectuée par son coéquipier du Standard de Liège sur Wasilewski. Ce dernier souffre d’une double fracture tibia-péroné de la jambe droite. Deuxième expérience pour Defour : le 25 janvier 2015. Depuis les malheureux événements de 2009, Steven Defour a changé de club. Il porte désormais le maillot d’Anderlecht, ennemi juré du Standard. Ce jour-là, Anderlecht se déplace à Liège. Les supporters des rouges l’attendent de pied ferme avec un immense tifo qui représente Jason, le « héros » de la série de films d’horreur Vendredi 13 qui tient une machette d’une main et la tête coupée de Defour de l’autre. Les Belges confirment ainsi leur réputation de cinéphiles aux goûts plus que sûrs et de tendres voisins du Nord.

Alex Witsel : le technicien belge est ici associé à son compère historique Defour pour sa participation plus qu’active dans l’agression de Wasilewski en 2009. Il a ensuite reçu des menaces de mort proférées principalement par e-mail et adressées dans les jours qui ont suivi le match Standard-Anderlecht au siège du club belge.

James Rodriguez : la Colombie occupe vraiment une place centrale dans cette sélection mondiale des joueurs de football menacés de mort. La présence de James Rodriguez en numéro 10 de cette équipe le confirme. Le meneur de jeu, actuellement en difficulté dans son club du Real Madrid et qui bataille pour la qualification de la Colombie au Mondial 2018, a été menacé de mort par un groupe armé baptisé « Legion Holk ». C’est la mère du joueur qui l’a révélé. Elle explique qu’il a reçu une boîte pleine d’armes à feu accompagnée du message suivant : « Je vais débarquer chez toi, dis au revoir à ce que tu aimes ». Les encouragements des fans font toujours chaud au cœur. C’est pas James qui vous dira le contraire !

Attaquants

Gareth Bale : Avant de signer au Real Madrid lors de la saison 2013/2014, Gareth « tout droit » Bale a fait le bonheur de Tottenham pendant plusieurs années. Si bien qu’au moment où son transfert est négocié entre les dirigeants des Spurs et les Madrilènes pendant l’été 2013, les supporters londoniens sont inquiets. Certains plus que d’autres puisque des menaces de mort sont proférées à l’encontre du gaucher via un appel passé au centre d’entraînement de Tottenham. Ce qui n’empêchera pas le joueur de quitter finalement le club pour signer à Madrid pour un montant record : 100 millions d’euros.

 

Robert Lewandowski : Quand tu joues en Allemagne, que tu es performant, tu finis forcément par signer au Bayern Munich. Et ça, ça fout les boules aux supporters de ton ancien club. C’est ce qui s’est passé en 2014 au moment où le transfert de Robert Lewandowski du Borussia Dortmund au Bayern a été annoncé. Il a été menacé par des « supporters » des jaunes et noirs et a dû faire appel à des gardes du corps. Surtout que, déjà, en 2012, l’attaquant avait vu des hommes armés pénétrer dans son domicile.

Samuel Eto’o : Le Cameroun est un peu la Colombie de l’Afrique en ce qui concerne les menaces de mort. Car après Pierre Womé en défense, c’est un autre Lion Indomptable qui intègre la sélection du FC Victimes : l’avant-centre multi-millionnaire Samuel Eto’o. Il a été l’objet de menaces de mort après avoir critiqué l’incompétence et la corruption de la fédération camerounaise de football. Depuis, Samuel est toujours accompagné de plusieurs gardes du corps et de policiers lorsqu’il se rend au Cameroun pour disputer une rencontre avec l’équipe nationale.

Remplaçants

Grégory Sertic : le milieu défensif franco-croate aurait été l’objet de menaces de mort de la part de supporters girondins au moment de son transfert à l’Olympique de Marseille (OM) début 2017. Mais cela n’a pas été prouvé, alors on a préféré le mettre sur le banc.

Joey Barton : lors de son passage à l’Olympique de Marseille, le milieu anglais n’a pas fait l’unanimité. Si sa pige n’a pas été trop pourrie sur le terrain, le joueur s’est attiré les foudre de nombreux fans de foot. Dont un certain Parisien qui lui a adressé un courrier dans lequel il lui conseille de quitter la France avant le 1er juin, sinon il vient « spécialement de Marseille pour [lui] exploser la tête avec une batte de baseball ». #BonneAmbiance

Olivier Kapo : le joueur qui a fait les beaux jours de l’AJ Auxerre est parti du côté de la Grèce, à Levadiakos en 2013/2014. Un club qu’il préfère oublier car il y a reçu des menaces de mort de la part de son président. Selon Olivier Kapo, elles ont fait suite à une sombre histoire de pari truqué dans lequel il s’est trouvé impliqué malgré lui.

Faustino Aprilla : l’attaquant colombien a été menacé pendant l’été 1994 après l’élimination de la sélection lors du Mondial américain. Un été au cours duquel son coéquipier Andrès Escobar a été tué comme nous l’avons écrit un peu plus haut. Plusieurs années plus tard, Faustino Aprilla a même été agressé à son domicile…

Stephen Kiessling : pour l’avant-centre allemand, c’est un but qui est à l’origine de ses soucis. Alors qu’il porte le maillot du Bayer Leverkusen, il plante en Bundesliga face à Hoffenheim en 2013. Le ballon passe par l’extérieur du filet, endommagé, mais l’arbitre n’y voit que du feu. Le joueur s’excuse, mais cela ne suffit pas pour les supporters adverses qui lui promettent la mort par courrier et sur Facebook. L’histoire ne dit pas s’il a liké ou pas.

Mo Johnston : l’attaquant écossais est catholique. En tout logique, il joue au Celtic Glasgow. Là, il est repéré par le FC Nantes qui le recrute en 1987. Il reste sur les bords de la Loire en 1989 avant de revenir en Écosse. Manque de bol ou mauvais calcul, il atterrit au Glasgow Rangers, club protestant de la capitale écossaise. C’est la première fois que ce dernier recrute un catholique. La réaction des supporters est immédiate. Certains brûlent leurs écharpes et leurs cartes d’abonnement. D’autres menacent Johnston de mort. Ce qui ne perturbe pas vraiment l’avant-centre puisqu’en 100 matchs de première division avec les Rangers, il plante 46 fois et permet aux bleu et blanc de devenir champions d’Écosse en 1991.

Asamoah Gyan : il est le joueur qui a marqué le premier but de l’histoire du Ghana en Coupe du Monde, lors du Mondial 2006. Mais, deux ans plus tard, après un fiasco pour la sélection en Coupe d’Afrique des Nations, il reçoit des menaces de mort à son domicile.

Anthony Mounier : originaire de Lyon, Anthony Mounier ne porte forcément pas l’AS Saint-Étienne dans son cœur. Il ne s’est d’ailleurs pas gêné pour le faire savoir publiquement alors qu’il jouait à l’OGC Nice. Alors quand l’AS Saint-Étienne annonce qu’il va jouer au moins 6 mois avec le maillot vert pour un prêt en 2017, ça ne passe pas chez les fans stéphanois. Il ne veulent pas du joueur et, certains lui font savoir en le menaçant de mort.

Entraîneur

Ralf Rangnick : le coach du RB Leipzig a eu droit à une belle banderole lors du déplacement de son club au Westfalenstadion de Dortmund début 2017. Elle l’invite tout simplement à aller se pendre. C’est pas super sympa mais ça a au moins, le mérite d’être clair.

Crédits photos : AFP PHOTO / Franck PENNANT

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