Après avoir connu des mois délicats, le Bayer Leverkusen sort lentement mais sûrement la tête de l’eau. Si cela passe par le travail de leur coach, Heiko Herrlich, il est essentiel d’évoquer les joueurs qui rendent cela possible, puisque si un semblant d’espoir renait dans les rangs du Werkself, c’est sans aucun doute grâce aux fabuleuses performances de Leon Bailey ou encore Kai Havertz. Le point commun de ces joueurs ? La jeunesse. Et rien de mieux pour lancer une belle aventure.
Jeunes pousses en haut de l’affiche
C’est plus ou moins devenu la norme, mais du côté du club de la banlieue de Cologne, le mot d’ordre pour le recrutement est jeunesse. Chaque saison, un jeune talent allemand ou venu d’ailleurs intègre l’effectif. Avec plus ou moins de succès évidemment. Cette année, le club allemand s’avère être gagnant, grâce au Jamaïcain Leon Bailey.
En effet, le club lui a mis la main dessus il y a un an environ, durant le mercato hivernal. Arraché au KRC Genk pour 20 millions d’euros, le jeune homme de 19 ans a alors débarqué au bord du Rhin en dépit de l’intérêt de Chelsea ou encore Manchester United. Et si ses premières apparitions sont timides, du fait notamment du contexte plus ou moins délicat dans lequel est le club à ce moment-là, tout change après l’été. L’adaptation et l’intégration étant faites, le jeune homme ne perd plus de temps. Et rapidement, il fait flamber la Bundesliga. Sa rapidité, sa technique et son pied gauche très agile marquent les esprits.
Le joueur fait mal aux défenses. Il est l’étincelle qui fait tout exploser. Ses dribbles, sa vision de jeu, ses centres millimétrés, sa puissance de tir mais surtout sa vitesse font de lui un véritable poison. Le contrôler s’avère être sacrément délicat. Et lorsque l’on y parvient, et que par hasard il obtient un coup-franc, cela peut aussi s’avérer dangereux étant donné qu’il est, là aussi, plutôt à l’aise.
Mais comme tous les joueurs de son âge il reste perfectible. Tantôt trop égoïste, tantôt trop rapide. Il doit encore progresser, mais il est sur la bonne voie. Avec six buts et quatre passes décisives à son actif depuis le début de la saison, il est d’ores et déjà précieux pour son équipe. Et il va sans dire que ces chiffres seront encore plus hauts en mai, lorsqu’il faudra faire les comptes.
Leon Bailey n’est toutefois pas le seul à affoler les observateurs de la Bundesliga. Si l’on évoque les jeunes espoirs, il est nécessaire de mettre la lumière sur Kai Havertz. Vous avez sans doute déjà entendu parler de lui, puisque ça fait un an que le jeune homme né en 1999 amuse la galerie. Et cela semble être parti pour durer, s’il continue à garder les pieds sur terre.
Le jeune ailier a joué 10 matchs de Bundesliga cette saison, et a distribué six passes décisives et un but. Au-delà des statistiques, c’est un jeune homme rempli d’insouciance et bourré de talent qui prend un malin plaisir à mystifier son vis-à-vis. Avant un match contre Frankfurt mi-novembre, il s’amusait d’ailleurs à enchaîner les transversales, comme un enfant. Et sur dix essais, il n’en a pas loupé un seul. Son agilité et sa maîtrise du ballon se révèlent être fort étonnantes pour un gamin de son âge, qui a encore ses études dans un petit coin d’une vie d’ores et déjà accaparée par le football. Son toucher de balle rappelle d’ailleurs celui d’un certain Mesut Özil, rempli de douceur et de tendresse.
Du haut de son jeune âge, il n’hésite pas à mener la charge, sans avoir peur. Et c’est d’ailleurs ce qu’il avait fait face au Borussia Mönchengladbach. Son équipe était menée 1 à 0 jusqu’à ce que lui et ses coéquipiers décident d’inverser la tendance. Trois passes décisives et une seconde mi-temps plus tard, Leverkusen l’emporte 5-1. Et c’est avec une mention très bien que le petit prodige rentre chez lui.
Ces deux-là sont les porte-étendards d’une belle génération qui compose les rangs du Bayer Leverkusen. A cette liste on peut ajouter Benjamin Henrichs, Jonathan Tah, et aussi Julian Brandt qui connaît toutefois une période délicate.
De la patience et du temps
Il va sans dire que pour avoir une équipe et de bons joueurs qui performent, il faut un bon entraîneur. Et celui du Bayer Leverkusen n’est, en dehors de l’Allemagne, pas loin d’être un véritable inconnu. Heiko Herrlich a fait parler de lui en tant que joueur, notamment avec son duel sanguin face à Oliver Kahn lorsqu’il jouait au Borussia Dortmund. Mais en dehors de ça… Lui qui n’est plus ou moins jamais sorti de sa Rhénanie natale a décidé cet été de retrouver le Werkself pour qui il avait joué entre 1989 et 1993.
Herrlich a obtenu sa licence de coach en 2005 et il aura attendu 12 ans avant de prendre en charge une grande équipe, après être passé par plusieurs équipes de jeunes, Bochum, Unterhaching ou encore Regensburg. Et si avec ces équipes son bilan est plus ou moins mitigé, excepté avec Regensburg (il est promu en 2. Bundesliga à l’issue de la saison), cela ne fait pas peur à Leverkusen qui fait de lui son entraîneur. À l’image de Tedesco à Schalke, la direction n’hésite pas à se mouiller et engager un homme méconnu du grand public .
Les semaines passent et il faut dire que pour le moment, à la mi- saison, ce choix a été payant puisque tout roule pour le club estampillé Bayer. C’est même le jour et la nuit si l’on se réfère à la saison passée. Encore une fois, c’est à la fin de la saison qu’il faudra faire un réel bilan, mais force est de constater que pour le moment, il y a une véritable alchimie.
Aujourd’hui cette équipe très jeune mais aussi composée des frères Bender ou encore Kevin Volland et Bernd Leno caracole en haut du classement, encastrée entre Dortmund, Gladbach et Schalke notamment. Juste récompense pour ce groupe qui apporte un vrai vent de fraîcheur sur l’Allemagne. Ils ont donc tout pour réussir, sur le papier.
Le futur reste toutefois incertain, comme toujours, puisque les jeunes joueurs tendent à partir rapidement. Est-ce que cela sera le cas de Julian Brandt qui pourrait partir pour d’autres horizons du fait d’une clause dans son contrat ? Peut-être, mais pour le moment, Leverkusen fait son petit bonhomme de chemin dans une Bundesliga très homogène où chaque weekend apporte son lot de surprises.
Crédit photo: PATRIK STOLLARZ / AFP