Depuis la reprise de la Bundesliga, Kai Havertz crève l’écran. Devenu l’homme fort du Bayer Leverkusen, le prodige âgé d’à peine 21 ans est convoité par les plus grandes écuries européennes. L’ascension fulgurante d’un des joueurs les plus prometteurs de sa génération.
Samedi 6 juin, le Bayer Leverkusen s’incline 2-4 sur sa pelouse face à l’implacable Bayern Munich. Kai Havertz, victime d’une blessure musculaire, fut contraint de déclarer forfait avant la rencontre. La tuile pour la « Werkself », qui aurait bien eu besoin de son prodige pour affronter l’ogre munichois. À presque 21 ans – il soufflera ses bougies le 11 juin – Kai Havertz constitue déjà le meilleur atout du Bayer Leverkusen. Considéré comme l’un des plus gros espoirs de sa génération, le natif d’Aix-la-Chapelle représente le futur du football allemand. Et l’ascension du nouvel empereur ne fait que commencer.
Précocité record
Il faut dire que le gamin crève l’écran depuis la reprise de la Bundesliga, le 15 mai dernier. Auteur d’un doublé le 18 mai face au Werder Brême (victoire 1-4), il récidive cinq jours plus tard face à Mönchengladbach. Havertz offre à son équipe une victoire 3-1 face à un concurrent direct à l’Europe. Deux journées plus tard, c’est encore lui qui délivre les siens face à Fribourg (victoire 1-0). Avec ses 14 buts et 8 passes décisives toutes compétitions confondues, le petit génie contribue grandement à la bonne saison du Bayer Leverkusen, cinquième de Bundesliga et à seulement trois points de la troisième place, occupée par le RB Leipzig (59 points).
17 – Kai Havertz est impliqué sur 17 buts avec le Bayer Leverkusen toutes compétitions confondues en 2020 (10 buts, 7 passes décisives), soit 2 de plus que tout autre joueur de Bundesliga sur la période. Pépite. pic.twitter.com/tpmOHGQMxK
— Optajean (@OptaJean) May 23, 2020
Si les circonstances dues à la crise sanitaire offrent une exposition exceptionnelle à la Bundesliga et à Kai Havertz, l’Allemagne n’a pas attendu le printemps 2020 pour découvrir son jeune milieu offensif. À 20 ans, Havertz fait déjà figure de joueur confirmé outre-Rhin. En quatre saisons chez les professionnels, il compile déjà 143 matches pour 43 buts et 30 passes décisives. Et les records de précocité ne s’arrêtent pas là. Le 15 octobre 2016, il devient, à 17 ans et 126 jours, le plus jeune joueur du club à jouer en Bundesliga. Quelques mois plus tard, il est même élu meilleur joueur du club pour sa première saison chez les professionnels. Dans la foulée, il signe un contrat de cinq ans le liant à son club formateur jusqu’en 2022.
« Dieu lui a donné tout ce dont un joueur de classe a besoin »
Le garçon a toujours fait preuve d’une grande maturité. Né à Aix-la-Chapelle le 11 juin 1999, il fait ses premiers pas sur le pré à l’âge de 4 ans du côté de l’Alemannia Mariadorf. Il rejoint ensuite l’Alemannia Aachen six ans plus tard. Le jeune Kai ne s’éternise pas dans la ville impériale et rejoint le centre de formation du Bayer Leverkusen dès l’année suivante, en 2010. Déterminé, Havertz est un apprenti footballeur studieux et discipliné. Au-delà de son talent, c’est bien la maturité dont il fait preuve qui impressionne les observateurs, lorsque, quelques années plus tard, il plonge dans le grand bain des professionnels. Son capitaine, Lars Bender, se souvient des débuts du prodige : « Quand il avait 17 ans, je n’avais jamais vu un joueur aussi mûr que Kai. Je ne sais pas comment j’aurais fait face à tout le battage médiatique quand j’avais son âge. J’ai tellement de respect pour ça. »
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Sur le terrain, Kai Havertz impressionne de par sa polyvalence. Capable de jouer à tous les postes de l’attaque, il ne s’est vu attribuer aucune position fixe. Il lui arrive même de dépanner au milieu de terrain si nécessaire, même si son coach, Peter Bosz, le préfère en milieu offensif axial. Outre-Rhin, on le compare souvent à Mesut Özil et Michael Ballack. À ceci près qu’il présente des qualités athlétiques supérieures au premier (1m88, 82kg) et qu’il est plus porté vers l’avant que le second. C’est d’ailleurs dans un rôle d’avant-centre qu’il a marqué ses cinq derniers buts. Joueur à l’élégante conduite de balle, son pied gauche fait des ravages dans la zone de vérité. Rudi Völler, directeur sportif de Leverkusen, a même déclaré que « Dieu lui a donné tout ce dont un joueur de classe a besoin. » L’intéressé appréciera le compliment venant du champion du monde 1990.
Football et piano
Au-delà de qualités techniques hors norme, le jeune international allemand (sept sélections) fait preuve d’une sérénité déconcertante pour un joueur de son âge. Calme et réfléchi sur les terrains comme en dehors, le jeune empereur semble bénéficier d’un environnement familial propice à son épanouissement sportif. Une mentalité qui transparaît lorsque qu’il déclare pour bundesliga.com que : « Ce n’est pas difficile de garder les pieds sur terre. Mes parents m’ont élevé pour ça. Pourquoi les footballeurs devraient-ils être différents d’une personne lambda ? » Et quand il n’éclabousse pas les pelouses allemandes de tout son talent, Havertz s’adonne à son autre passe-temps favori : le piano. Une manière de saluer un peu plus le flegme du personnage.
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Cette attitude lui permet aussi de surmonter les premières difficultés, auxquelles sont confrontés tous les jeunes talents de la planète football. Peter Bosz, interrogé en mars par le magazine hollandais AD, raconte : « Il a dû digérer beaucoup de choses avant la trêve hivernale. Nous avons perdu le derby à Cologne et trois jours plus tard également à domicile face au Hertha. Soudain, tout le stade l’a sifflé. Il a été dévasté par cela. Il disait : “Pourquoi les gens me détestent ? ” C’est là que vous vous rendez compte qu’il n’a que 20 ans et vous lui expliquez : ils ne te détestent pas, mais c’est comme ça que ça fonctionne. Pendant les vacances d’hiver, nous lui avons montré des images prouvant qu’il n’atteignait pas assez souvent les 16 mètres adverses. Maintenant, il le fait plus souvent. Son nombre de buts et de passes a grimpé en flèche. »
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De telles qualités ne laissent pas insensibles les plus grandes écuries européennes. Le Real Madrid serait sur les rangs, mais aussi Manchester City et Manchester United. Sans oublier le Bayern Munich, destination naturelle – et souvent rêvée – des plus grands talents allemands. À deux ans de la fin de son contrat, Kai Havertz ne ferme la porte ni au géant bavarois, ni aux autres prétendants : « C’est un grand club, mais je ne peux pas dire que je veux uniquement rester en Allemagne. Je ne suis pas comme ça, je suis ouvert à tout », déclarait-il sur ESPN. Quelle que soit la destination choisie, son club espère récupérer au minimum 100 millions d’euros grâce à sa pépite. À l’heure actuelle, aucune décision n’a été prise mais une chose est certaine : l’avenir de Kai Havertz s’annonce doré.
Crédit photo : Icon Sport