[Premier League] Tottenham, fin de saison sous tension

Sans aucun doute, les trois prochains mois vont marquer l’histoire de Tottenham. Un nouveau stade, une possible épopée en Ligue des champions, mais aussi une fin de championnat haletante. Car les Spurs n’ont pas encore assuré leur place dans le top 4. L’avenir est encore flou pour le club du nord de Londres, avec des enjeux capitaux.

Un mois sans victoire en championnat… mais un quart de finale de LDC

Ce samedi au St Mary’s Stadium, Tottenham abandonnait tout espoir de titre en championnat en perdant 2-1 contre Southampton. Depuis quelques semaines, les Spurs n’étaient pas en ballottage favorable en Premier League. La dernière victoire en championnat remonte au 10 février dernier, contre Leicester (3-1). Depuis, les hommes de Mauricio Pochettino n’ont pris qu’un seul point sur douze possibles, à Wembley contre Arsenal (1-1). En championnat, le coach argentin est même suspendu pour deux matches après son altercation avec l’arbitre Mike Dean suite à la défaite contre Burnley (2-1).

En janvier, Tottenham arrivait encore à suivre le rythme effrené des deux mastodontes, Liverpool et Manchester City. Sans Dele Alli (blessé et de retour contre Southampton), Heung-Min Son (Coupe d’Asie) et Harry Kane (lui aussi blessé) tout au long du mois de janvier, les Spurs ont tenu le coup. Étonnement, le retour du buteur providentiel semble avoir enrayé la machine. En cinq matches, Kane a pourtant marqué quatre fois, mais Tottenham n’a gagné qu’une seule fois, lors du match retour contre Dortmund (1-0) en huitièmes de finale de Ligue des champions.

Si le score de la double confrontation contre les Allemands (3-0, 1-0) fut sans appel, c’est notamment grâce aux parades décisives d’Hugo Lloris au match retour. Le capitaine des Bleus a dégoûté les attaquants de Dortmund et permis à Tottenham d’arracher la victoire. Bref, Tottenham traverse une passe délicate. Les coéquipiers d’Harry Kane se retrouvent aujourd’hui troisièmes du championnat, treize points derrière le leader City. Et derrière, Arsenal est revenu à un point, Manchester United à trois et Chelsea à quatre…

« Cela pourrait prendre cinq ou dix ans de travail. »

Éliminés des deux coupes, les joueurs de Pochettino pourraient vivre une nouvelle saison vierge de tout trophée ; la onzième consécutive depuis une victoire en League Cup en 2008, à moins d’un exploit encore improbable en Ligue des champions. Et visiblement, ça ne dérange pas l’entraîneur argentin, qui expliquait en conférence de presse fin janvier : « Nous allons discuter du fait que gagner un trophée est important pour la progression du club. Je ne suis pas d’accord, ça renforce uniquement votre ego. Le plus important, c’est de continuer à figurer constamment dans le top 4 et de jouer la Ligue des champions. »

Alors quoi ? Tottenham se condamne-t-il à rester dans l’ombre ? En réalité, comme tout bon coach du XXIe siècle, Pochettino sait manier la langue de bois. Mais parfois, il est beaucoup plus franc et a montré ses ambitions après une défaite contre Burnley (2-1) fin février : « Si vous voulez être un vrai prétendant (au titre, ndlr), que vous jouiez bien ou pas, c’est un match que vous devez gagner. Vous devez montrer que vous vous battez. (…) Je suis frustré parce que nous n’avons pas montré la même énergie, attitude et ambition que Burnley. Nous devons nous regarder et peut-être nous évaluer de différentes façons (…), cela nous retient et cela pourrait prendre cinq ou dix ans de travail pour changer ça. »

Mais Kane, Alli et Pochettino lui-même attendront-ils aussi longtemps ? La presse britannique envoie le coach argentin à Manchester United dès cet été. Quant au buteur anglais, Zlatan Ibrahimovic lui a conseillé de quitter le club « normal » qu’était Tottenham, pour rejoindre un plus grand club. Le Real est, de longue date, le favori sur le dossier.

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En fait, Tottenham est un club à part dans le top 6. Titré pour la dernière fois en 1961, le palmarès du club est bien faible comparé à ses rivaux actuels, avec seulement deux championnats et huit FA Cup. Par conséquent, son statut est loin de celui des plus grands clubs du monde. Pochettino a déjà réussi à replacer Tottenham comme une place forte du football anglais. Peut-il aller encore plus loin ? Comment franchir la marche qui sépare Tottenham d’un City ou d’un Liverpool ? On compare souvent les Spurs aux Gunners du début de la décennie ; le constat est facile à dresser. Tottenham est en disette de trophées, comme son voisin nord-londonien (aucun trophée entre 2005 et 2014), et ne semble pouvoir viser plus haut qu’une place dans le top 4. Et comme les Gunners, les Spurs doivent composer avec un nouveau stade.

Au revoir Wembley, bienvenue au Nike Stadium ?

La nouvelle arène, voilà peut-être la marche qui sépare Tottenham du niveau d’une grande institution du football anglais. Depuis deux ans, Tottenham a quitté White Hart Lane. L’historique arène a été détruite pour laisser place à une enceinte impressionnante de 62 000 places – quasiment deux fois plus qu’au Lane. Le nouveau stade est un pari sur l’avenir, censé imprimer la nouvelle puissance financière et sportive du club. Sur les premières images, le futur Nike Stadium – selon les rumeurs – est un bijou de modernité.

Pendant ce temps, les Spurs occupent Wembley, sans réellement se l’approprier. Invaincu à domicile pour la dernière saison à White Hart Lane, Tottenham est depuis moins souverain à la maison : deux défaites en 2017-2018, déjà quatre cette saison. Mais initialement prévue pour le 15 septembre dernier, les retards dans les travaux et les problèmes de sécurité ont repoussé l’inauguration du stade. Il devrait être enfin livré pour début avril et le quart de finale de Ligue des champions.

Vers une historique demi-finale de Ligue des Champions ?

Mais même une fois bouclée, la construction du stade va longtemps peser sur Tottenham, notamment sur le marché des transferts. Un stade pèse lourd dans les finances. Les Spurs sont la première équipe de l’histoire de la Premier League sans aucun renfort sur deux mercatos consécutifs, cet été et cet hiver. La marge de manœuvre est donc réduite. Le maintien des ambitions de Tottenham ne sera possible que si la génération dorée des Kane, Alli et Eriksen reste dans le nord de Londres.

Ne pas se qualifier pour la Ligue des champions serait un coup dur dans le projet des Spurs, voire un coup d’arrêt. Il s’agirait d’une réelle perte sportive et financière. Et si longtemps l’hypothèse a paru farfelue devant la faiblesse de ses rivaux, la menace est aujourd’hui plus concrète. D’autant plus que le calendrier de Tottenham n’est pas simple, avec deux déplacements à Liverpool et à Manchester City. Sans oublier les quarts de finale de Ligue des champions que Pochettino ne galvaudera pas. Les Spurs peuvent en effet espérer jouer leur première demi-finale de C1. Mais attention, à jouer sur tous les tableaux, la bande à Kane pourrait perdre des plumes. Il faudra être costaud d’entrée dans leur nouvelle maison (où ils joueront cinq de leurs huit derniers matchs de Premier League). Pour espérer une fin de saison en beauté.

Crédit photo : John MACDOUGALL / AFP

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